Les enquêtes de «sérosurveillance sentinelle» répétées chaque année permettent d'apprécier «la tendance évolutive de l'épidémie». Six cent trente cas de Sida en Algérie depuis 1985 et 1 591 cas de séropositifs. Il s'agit de cas «confirmés» par le Laboratoire national de référence de l'infection VIH/Sida. En termes de croissance, depuis le recensement du premier cas de sida en Algérie, soit en 1985, les chiffres sont passés, ces dernières années et en moyenne, à 40 nouveaux cas de sida par an et 120 nouveaux cas de séropositifs. Ce dernier constat dressé, hier, par les professeurs Belatèche et Dif, respectivement, directrice de la prévention et président du Comité national de lutte contre les IST/VIH/Sida, lors d'un point de presse tenu au siège du ministère de la Santé, alimente les spéculations. Au risque de relancer les controverses au sujet de la situation épidémiologique en Algérie, les conférenciers ont tenu à affirmer que «l'Algérie demeure à faible prévalence avec un taux estimé à 0,07%». Néanmoins, l'Algérie est en émoi depuis que les flux migratoires, notamment ceux arrivant des pays subsahariens, ont franchi les frontières du territoire algérien. Pour preuve, les zones frontalières de l'Algérie à l'instar de Tamanrasset et Illizi, sont déclarées comme étant «des zones à haut risque». En outre, grâce à un travail d'expertise, les spécialistes ont convenu que «certaines femmes sidéennes ont été infectées par des maris étrangers et/ou émigrés». Par ailleurs, il existe encore «plusieurs cas non déclarés et sous-évalués». Globalement, les enquêtes de «sérosurveillance sentinelle» répétées chaque année, permettent d'apprécier «la tendance évolutive de l'épidémie», indique-t-on auprès des orateurs. Le constat de ses derniers est sans ambiguïté : notamment lorsqu'on considère la situation «préoccupante prévalant à Tamanrasset». D'ailleurs l'accent a été mis particulièrement dans cette région. «Tamanrasset constitue le grand problème de l'Algérie, il y a un risque d'explosion de l'épidémie si des mesures strictes ne sont pas prises», déclare Mme Belatèche. Ne souffrant aucune équivoque, la migration de population et les flux migratoires constituent aux yeux des spécialistes, les déterminants majeurs de la propagation du VIH en Algérie. Cependant, d'autres facteurs de risque sont à prendre en compte. Il s'agit de la méconnaissance du problème de l'infection, les partenaires sexuels multiples, la prostitution, la difficulté de l'accès aux préservatifs (non disponibles et de coût élevé) et surtout à quelques pratiques médicales dangereuses. En termes de prévention, un plan opérationnel multisectoriel et communautaire a été élaboré. Quatre domaines d'intervention sont en effet identifiés. Cela concerne a priori l'amélioration de l'accès à la prévention des risques IST/VIH/Sida, le renforcement de la prise en charge globale des personnes infectées par le VIH. En vue de réduire aussi les risques de contamination, les pouvoirs publics comptent créer 5 régions sanitaires et la mise en place de 6 centres de référence : Alger, Oran, Sétif, Annaba, Constantine et Tamanrasset qui dispose gratuitement de trithérapie. Au terme d'une convention qui sera signée avec Global Fond (organisation mondiale de lutte contre le sida et la tuberculose), l'Algérie bénéficiera, en deux ans, de 6 millions de dollars pour renforcer ses capacités de prévention et de lutte contre le sida. Sept millions de préservatifs seront importés conformément aux dispositions de la même convention.