Plusieurs journaux égyptiens ont exprimé avec véhémence, lundi 3 décembre, leur rejet du projet de Constitution, qui divise le pays et doit être soumis à référendum le 15 décembre, en titrant simultanément «Non à la dictature». Un dessin montrant un journal sous des traits humains, menotté dans une cellule, était à la «une» de plusieurs journaux indépendants, dont Al-Watan et Al-Masry Al-Youm, avec en légende : «Une Constitution qui supprime des droits et menotte la liberté. Non à la dictature.» Comme ils l'avaient annoncé la semaine dernière, ces journaux ont confirmé qu'ils ne paraîtraient pas aujourd'hui mardi pour protester contre le manque de garanties pour la liberté de la presse dans le projet de Constitution. Il s'agit des dernières protestations en date contre le président islamiste Mohamed Morsi, qui a considérablement élargi ses pouvoirs et accéléré l'adoption d'un projet de Constitution, au cœur d'un bras de fer entre pouvoirs exécutif et judiciaire. Par décret, le président a en particulier mis ses décision et la commission constituante, critiquée en raison de la large domination des islamistes, à l'abri de tout recours en justice. Cette commission a adopté à la hâte la semaine dernière un projet de Constitution auquel il est reproché de ne pas protéger certains droits fondamentaux, dont la liberté d'expression, et d'ouvrir la porte à une application plus stricte de la loi islamique. Dimanche, le Club des juges d'Egypte a appelé les magistrats du pays à ne pas superviser le référendum du 15 décembre, faisant monter d'un cran la tension. Le bras de fer entre M. Morsi et la magistrature, largement héritée de l'ère Moubarak, a creusé les divisions en Egypte et déclenché la plus importante crise politique depuis l'arrivée au pouvoir, en juin, du premier président civil et islamiste.