Le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, a confirmé, dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, le projet de transfert des eaux souterraines du Sud vers les Hauts-Plateaux, quelque 600 millions de m3 an. Il entre dans ce qu'il a appelé la mise en place d'une nouvelle stratégie pour assurer une répartition équitable de l'eau en Algérie qui est, a-t-il tenu à rappeler dès le début de l'entretien, un pays semi-aride où la ressource hydrique est inégalement répartie. La réalisation de ce projet est prévue en 8 phases entre 2010 jusqu'à 2040. La première opération pilote concernera le transfert des eaux souterraines à partir de Laghouat sur Djelfa, ensuite une branche ira sur Tiaret et une autre sur M'sila, a-t-il précisé. Ce projet est à la portée des entreprises algériennes, publiques et privées. Il a schématisé la démarche algérienne en mobilisation de la ressource (barrage ou forage), puis transfert avec un autre maillon qui est l'amélioration de la gestion pour offrir un service public de qualité. Pour cela, il y a des paramètres, dit-il, sur lesquels il faut agir : la mise à niveau des réseaux, la mise à niveau des personnels, la fixation d'objectifs et la mobilisation des moyens. Il rappelle que le Plan national de l'eau (PNE) offre la visibilité concernant la politique algérienne dans ce domaine. Ce plan prévoit de porter la quantité d'eau potable produite actuellement de 3 milliards de m3 à 4,113 milliards de m3 à l'horizon 2014. Actuellement, fait-il savoir, les 69 barrages du pays sont remplis à hauteur de 68%, alors que la moyenne des barrages se trouvant à l'ouest a atteint 70%, c'est-à-dire supérieure à celle du Centre. La mobilisation des ressources en eau concerne les eaux conventionnelles (superficielles et souterraines, c'est-à-dire les barrages et les forages) et non conventionnelles (dessalement de l'eau de mer et épuration des eaux usées). Le montant des investissements pour les projets en cours et futurs sera égal ou supérieur à celui consenti durant les dix dernières années, soit 40 milliards de dollars, fait-il savoir. Selon le ministre, le taux de remplissage des barrages est à hauteur de 68% en moyenne nationale. L'eau usée épurée est destinée à l'irrigation, elle est mise à la disposition des agriculteurs gratuitement. C'est le souci d'économie d'eau et l'exigence de protection de l'environnement qui dictent cette démarche. L'eau épurée est une eau propre, rassure-t-il, qui répond parfaitement aux critères de l'Organisation mondiale de la santé. A ce propos, il fait remarquer que 65% de l'eau produite en Algérie va à l'agriculture. Il estime qu'il faut faire la promotion de l'eau usée épurée destinée à l'agriculture. Le ministre a exclu le recours à l'augmentation des tarifs, l'accès à l'eau est un principe sacré, dit-il. Le ministre a évoqué le principe de l'hydrosolidarité qui consiste à interconnecter les barrages pour alimenter en quantités suffisantes les régions pauvres en ressources hydriques. Il cite l'exemple de Sétif, dans les Hauts-Plateaux, qui ne reçoit que 400 mm de pluie par an. Les deux barrages en réalisation dans cette wilaya seront alimentés par des barrages situés à Béjaïa et à Jijel à raison de 300 millions de m3/an. Enfin, à propos de l'exploitation du gaz de schiste, le ministre a indiqué que les chiffres avancés par le secteur de l'énergie et les experts parlent de l'utilisation d'un milliard de m3 d'eau sur 40 ans.