La semaine dernière (première partie) nous avons revisité l'épopée des révoltes estudiantines et populaires de Mai-68 qui ont eu tellement d'impact, en Occident notamment, sur les dernières années du XXe siècle décadent – les quarante années de la lente déchéance de l'impérialisme néocolonial occidental. Cette semaine, nous examinons les événements du crash boursier, financier et monétaire qui a débuté en 2008 par l'effondrement de la pyramide de Ponzi des «supprimes hypothécaires spéculatifs», montée par les banquiers étatsuniens de concert avec des banquiers européens et canadiens et la succession des révoltes arabes, étudiantes, ouvrières occidentales et orientales qui s'en suivit. Mai 2008 – La classe ouvrière américaine (étatsunienne et canadienne) Si la classe ouvrière américaine n'a pas encore laissé éclater sa rage renfrognée, c'est qu'elle subit une répression fasciste terrible de la part de dizaines de corps policiers ostracisés, de divers services d'espionnage et de sécurité, de l'armée régulière et de l'armée de réserve, d'agences privées mafieuses et terroristes qui depuis des années s'autorisent au commerce des assassinats ciblés préventifs aux Etats-Unis et partout ailleurs sur la planète. Si une ONG humanitaire telle Human Rights Watch (HRW) souhaitait faire œuvre utile, elle devrait investiguer et étaler au grand jour les crimes et assassinats commis par tous ces nervis aux Etats-Unis plutôt que de servir de 5e colonne aux troupes étasuniennes en Orient et en Afrique. La classe ouvrière américaine a dû flair et elle sait d'instinct que le jour de l'insurrection, il lui faudra frapper très fort, rapidement et très violemment et elle attend ce moment propice. Ce jour-là, HRW aura beaucoup à déplorer à propos des «crimes» révolutionnaires des révoltés de Chicago de Manhattan, de Détroit, de Los Angeles, de Montréal et de Toronto. En attendant, des lois antisyndicales (Michigan) lui retirent même ses acquis d'association et d'accréditation. La force de travail est toujours trop onéreuse pour les milliardaires industriels et financiers. Les sénateurs étatsuniens et les députés canadiens le savent bien et ils sont aux abois pendant que la super puissance économique chinoise (bientôt première puissance économique mondiale) rôde dans l'antichambre de l'empereur à l'affût d'une proie à capturer, cette Chine impérialiste qui réinvente l'esclavage salarié. Récemment, la Chine proposait d'ouvrir une mine au Canada et d'y importer des milliers de prolétaires chinois à surexploiter afin de spolier le minerai canadien en négligeant d'exploiter les prolétaires canadiens, comme elle le fait en Afrique depuis des années. La conjoncture présente n'a rien à voir avec les perspectives triomphalistes occidentales de Mai-68. Mai-2008 marque bien la fin des accords de collaboration de classes et la mort de la soi-disant «trêve» et du contrat social, signé entre l'aristocratie syndicale occidentale, la pléthore des employés de l'Etat tétanisés, la petite bourgeoisie surendettée-saquée-paupérisée et les représentants des Conseils des ministres des Etats policiers des banquiers, sur le dos des pauvres et des ouvriers aliénés d'Occident et des multiples peuples néo-colonisés opprimés et surexploités d'Orient et d'Afrique, dont les fils, et même les enfants-soldats, sont contraints de s'engager dans les services de sécurité privés terroristes (voir les activités de l'OTAN en Afghanistan, en Irak, au Yémen, au Soudan, en République du Congo et en Syrie notamment). Evolution du combat entre 1968 et 2008 Si en mai 68, Cohn Bendit et Krivine surent mener à leur gré les ébats de la gente estudiantine de médecine, de droit, d'administration et de science po, aujourd'hui, les leaders étudiants dansent sur la corde raide et les troupes étudiantes, fils de prolétaires dans les collèges, filles d'ouvriers dans les facultés, ont rejeté l'entente de compromis signée par leurs estafettes devant l'éphémère ministre de l'Education du Québec. Au Chili, même refus des étudiants de désarmer devant la répression du gouvernement de la «gauche» chilienne. En Tunisie et en Egypte les jeunes révoltés détroussés une première fois de leur «Révolution dévoyée» ne décolèrent pas et maintiennent leur combat contre les nouveaux pharaons sortis du giron des puissances impérialistes, et n'en déplaise aux «bobos», leur bataille acharnée n'est pas pour le droit à la «démocratie des riches» mais pour le droit de vivre dignement, travailler, de se marier et de fonder un foyer. En Libye rien n'a été dit, rien n'est fini. En Grèce, en Espagne, en Italie les ouvriers paupérisés refusent de rembourser les dettes des banquiers, des armateurs, des financiers et résistent le gourdin à la main. En Syrie, la machine de guerre meurtrière de l'OTAN et de la Turquie sont mises en échec. En France et en Belgique, gauchistes, révisionnistes et opportunistes de tout poil ont d'immenses difficultés à endiguer la colère ouvrière vers les culs de sacs électoralistes. En Afrique du Sud, les admirables damnés de la terre poursuivent la guerre de classe contre la collusion de leurs boss syndicaux. Depuis Mai-68, bien des choses ont changé aux pays des insurgés. Les révisionnistes, les altermondialistes, les opportunistes, les gauchistes, les réformistes sociaux-démocrates et les nationalistes chauvins n'ont plus d'audience auprès de la jeunesse et de la gente étudiante, génération qu'ils disaient jusqu'à récemment apathique et apolitique. Totalement ignorants de la science matérialiste, tous ces pédants de la nouvelle gauche intellectuelle, incapables d'appréhender les changements économiques et sociaux subrepticement implantés dans nos sociétés éclatées, sont demeurés hébétés devant ces étudiant(e)s et ces jeunes désœuvrés qui ont vidé violemment les écoles et les facultés, qui ont occupé les places publiques, la bourse, et bloqué les ponts à toute circulation. Ces jeunes se battent pour sauver leur vie et non pas pour imaginer de fugaces paradis enfumés et autres fumisteries. Depuis Mai-2008, les soulèvements en Orient (immenses grèves en Chine, guerre des partisans en Inde et au Népal) et les grèves étudiantes en Occident résistent aux hausses des droits de scolarité et à l'expulsion des enfants d'ouvriers des universités, au chômage endémique et à la paupérisation (dégradation du pouvoir d'achat) effrénée. Ne pas oublier que, où que ce soit dans le monde, ces droits de scolarité sont une portion des frais de reproduction de la force de travail que l'Etat capitaliste veut dorénavant mettre directement à la charge des fils et des filles d'ouvriers surendettés (dont une forte majorité travaille le plus souvent à plein temps). Il en est ainsi pour tous les autres services publics. Ces hausses des droits de scolarité signifient l'expulsion de milliers d'étudiants originaires de la classe ouvrière et de la petite bourgeoisie paupérisée qui sont désormais persona non grata dans les universités aux ressources raréfiées, aux débouchés limités et dont la mission est plus que jamais de soutenir directement l'effort de compétitivité-productivité des monopoles impérialistes « nationaux» en guerre pour leur survie dans ce monde impérialiste où les hyènes impérialistes concurrencent les loups capitalistes. Quelle fumisterie que de tenter de désorienter les révoltes étudiantes dans les marais de l'opportunisme contre la «marchandisation» de l'éducation au milieu de cette société capitaliste marchande financiarisée. Comme si l'université bourgeoise avait un jour été ou serait bientôt au service du peuple tout en demeurant sous la dictature des milliardaires. Depuis deux ans les Etats récalcitrants font face non pas au raffut-étudiant petit-bourgeois mais au soulèvement de jeunes travailleurs, étudiants endettés, désœuvrés, sans perspective d'emplois ou de carrières, accomplissant des petits-boulots de misère. L'ascenseur social est en panne en même temps que l'appareil sur-productif capitaliste. Malheureusement, au Caire, à Athènes, à Londres, à Madrid, à Tunis, à Santiago, à Shanghai, à Johannesburg et à Montréal, aucune organisation révolutionnaire conséquente n'offre un leadership sérieux, crédible et expérimenté, alors ces révoltes piétinent, s'essoufflent et à la fin sont récupérées dans les isoloirs et les bureaux de scrutin par les agents de la bourgeoisie infiltrés dans le mouvement populaire, étudiant et ouvrier. En quête de plus-value relative A titre d'exemple, au Québec, pendant la grève étudiante, le gouvernement libéral a trouvé un milliard de crédits pour soutenir la recherche appliquée destinée à développer de nouveaux instruments et de nouveaux procédés de productivité afin de permettre aux impérialistes québécois de concurrencer leurs acolytes chinois, indiens, japonais et coréens. En effet, les monopoles impérialistes occidentaux en déclin ne peuvent concurrencer les oligopoles asiatiques sur le terrain de la production de la plus-value absolue (valeur des marchandises moins les salaires, bénéfices marginaux et déductions à la source). Il ne leur reste qu'à espérer les concurrencer sur le terrain de la plus-value relative (valeur ajoutée par la productivité engendrée par la surproduction conséquente de l'informatisation, automation, robotisation). Malheureusement, pour les capitalistes occidentaux sur le déclin, la Chine, la Corée du Sud et l'Inde déploient également de fortes dépenses en recherche-développement. C'est ici que se situe l'effort de tous les gouvernements occidentaux sur le déclin qui souhaitent inciter les entreprises monopolistes installées sur leur territoire national à hausser leur productivité et leur profitabilité (Contrat de productivité et déduction fiscale pour la compétitivité) pour le bénéficie de leurs actionnaires nationaux et internationaux assoiffés de plus-value et de surprofits, et cela pour tenter d'assurer la reproduction étendue de leur système capitaliste en décrépitude. (A suivre)