Annoncée en grande pompe depuis plusieurs mois, le voyage qu'effectue le président français, aujourd'hui, en Algérie, peut être le prélude à une normalisation effective et durable des relations entre les deux pays, si, demain, la partie française ne revenait pas, comme au temps de son prédécesseur, à ses vieux reflexes néo-colonialistes, en se figeant sur des attitudes inflexibles, et en évitant obstinément toute discussion sur le passé colonial, comme c'est toujours le cas. Pour l'instant, François Hollande et son gouvernement sont, ici, essentiellement à la recherche de nouveaux marchés pour relancer une économie en difficulté. lls savent que pour y accéder, il leur faudrait entretenir la confiance et, surtout, tenir compte des intérêts communs. Ce qui n'est pas encore, à vrai dire, très clarifié, dès lors que les patrons français qui vont faire le voyage avec le président Hollande ne donnent aucun gage sur leurs intentions d'investir dans les secteurs de production, comme c'est le souhait de la partie algérienne, préférant glaner des contrats publics, où il y a moins de «risques» pour eux. Mais vu la situation économique française d'aujourd'hui, il est fort à parier que les sociétés françaises ne vont pas, cette fois-ci, rechigner : l'Algérie demeure un gros marché, avec des potentialités et une bonne santé financière, qu'il ne faudrait pas laisser aux investisseurs d'autres pays. De son côté, l'Algérie cherche à fructifier sa situation financière pour atteindre une meilleure performance de son outil de production et parachever les ouvrages en chantier, mais en ne se laissant pas prisonnière d'un seul partenaire. Tout cela doit être, en principe, (re)discuté avec les partenaires français. Par ailleurs, on ne peut appréhender de nouvelles perspectives des relations avec Paris, sans prendre en compte le contexte régional et international, où la France continue à jouer un rôle de déstabilisation de plus en plus affiché, hier en Libye, aujourd'hui en Syrie et au Mali. Il y a bien entendu à craindre que la France use de son influence et de sa «capacité de nuisance» pour parvenir à ses objectifs, économiques et géostratégiques, dans notre pays. Parce que, on sait que les Français, par des méthodes sournoises, à travers des «coups d'éventail» diplomatiques ou médiatiques dont ils ont l'art, peuvent, à tout moment, se retourner contre l'Algérie. Comment alors peut-on s'épargner les pressions occidentales, et dans ce cas de figure françaises, tout en sauvegardant sa souveraineté et en faisant abstraction des convoitises insoupçonnées de nos partenaires qui nous viennent en «bons amis», soucieux d'entretenir les meilleures relations possibles ? Tel est le pari auquel l'Algérie semble confronté dans la conjoncture actuelle.