Sa famille politique applaudit, ses opposants lui ont, en revanche, réservé un chapelet de critiques des plus virulentes dès son retour au pays. François Hollande, ayant achevé dans l'après-midi de jeudi dernier sa visite d'Etat en Algérie, où il a été accueilli avec faste et beaucoup d'extase, n'a laissé indifférent aucun des politiques de l'Hexagone, de même que les éditorialistes de quotidiens. «Frissons à gauche, critiques à droites», ce titre d'un article paru hier au journal Le Parisien est significatif au sujet des réactions qu'a suscitées la visite de Hollande. Ces réactions se sont focalisées sur le discours prononcé par le président français devant les parlementaires algériens, plus précisément sur la reconnaissance des souffrances que la France a infligées à l'Algérie durant les 132 années de colonisation qu'il ne manquera pas d'ailleurs de qualifier de «système injuste et brutal». Ce qui constitue «une véritable étape historique qui vient d'être franchie» croit savoir Razzy Hamamdi, député du PS dont le premier secrétaire Harlem Désir a tenu à préciser, dans un communiqué, que la reconnaissance de Hollande ne tient pas compte d'une repentance, mais «de lucidité sur l'histoire commune» entre l'Algérie et la France. Jean-Michel Baylet, patron du parti radical de gauche abonde dans le même sens. «François Hollande a dessiné les contours d'un chemin de réconciliation et d'avenir pour la France et l'Algérie fondé sur la connaissance d'une histoire partagée en rappelant l'importance qu'il porte à la jeunesse pour lever l'espérance d'un véritable partenariat euro-méditerranéen», écrit-il. Citée par le site internet de l'Express, la Franco-Algérienne Nora Berra, conseillère municipale lyonnaise, affirme qu'un «nouvel élan» dans les relations algéro-françaises exige «de trouver les mots justes pour panser les plaies du passé». Cependant, François Hollande et ses propos concernant les atrocités de la colonisation ont été sévèrement critiqués par les militants de la droite et de l'extrême droite. Selon le député de l'UMP, Eric Ciotti, le président français «a cédé une fois encore à la repentance, oubliant de prendre l'histoire dans sa globalité, ce qui a donné un discours hémiplégique sur l'histoire des relations franco-algériennes». Thierry Meriani, un autre député de la même formation se demande, quant à lui, pourquoi le chef de l'Etat s'obstine à n'analyser qu'un seul versant de l'histoire», insinuant à travers son questionnement que la colonisation française en Algérie aurait également infligé des souffrances aux… Français (sic). Lionel Luca, député de l'UMP cité par Le Parisien dira que «la reconnaissance c'est la version light de la repentance pour mieux tromper l'opinion». Toutefois, et comme cela était prévisible, les réactions les plus virulentes aux propos de Hollande étaient celles de l'extrême droite. En ce sens, Jean Marie Le Pen, président du Front national ne mâche pas ses mots. «Hollande a insulté la France et son passé, et singulièrement celui de cent ans de République française», a-t-il protesté au micro de RTL, ajoutant que le président français «a non seulement condamné l'Algérie française mais également fait la promotion de la France algérienne. Hollande persiste et signe Invité hier sur le plateau d'Europe 1, le chef d'Etat français n'hésitera pas de rétorquer à ses détracteurs en affirmant que «le moment est venu d'ouvrir une nouvelle étape entre la France et l'Algérie». «Nous sommes sortis des 50 ans de difficultés entre la France et l'Algérie. C'était le moment d'ouvrir une nouvelle page, je l'ai fait. C'est maintenant le temps d'avancer. J'ai fait mon devoir. Il fallait que des mots soient prononcés et que des actes soient effectués. Il fallait être clair dans ses paroles. En Algérie, il était important d'apporter une condamnation. Ce n'était pas une repentance» a, en effet, déclaré le président français. Dans La Presse de la Manche, Jean Levallois, éditorialiste, a d'ailleurs conforté ces propos présidentiels en affirmant que «le temps de la vérité est venu, celui des relations apaisées. Patrice Chabanet se demande, quant à lui, dans Le Journal de la Haute-Marne «comment ce qui a été possible entre l'Allemagne et la France ne l'est-il toujours pas entre l'Algérie et la France, un demi-siècle après la guerre d'Indépendance?» Pour sa part, Dominique Quinio, éditorialiste du quotidien La Croix, écrit qu'il ne faut, certes, pas «pas faire l'impasse sur ce que représenta la colonisation, sur les erreurs et les crimes commis par la France, mais l'Algérie ne peut s'exonérer d'un même regard lucide «sur sa propre histoire». C'est à ce prix que pourra se nouer la relation exemplaire dont rêve une majorité d'Algériens.