«Le silence des autorités de ce pays, à commencer par le Sénat, serait-il de la complicité et/ ou de la culpabilité ? Serait-ce une preuve supplémentaire de cette volonté, plusieurs fois affichée, du pouvoir central de mettre aux pas toute velléité d'opposition, surtout si elle émane de la Kabylie ?» s'est interrogé, hier, le sénateur RCD Mohamed Ikharbane, poursuivi, pour rappel, pour diffamation par un citoyen d'Aghribs (Azzefoun), nord de Tizi Ouzou, dans l'affaire dite du projet de construction d'une mosquée, l'été 2009, par une association religieuse dans la localité d'Aghribs. Un projet pour lequel la population locale a opposé un refus catégorique car les membres de ladite association religieuse, taxés de salafistes, sont connus pour leur extrémisme religieux. «Près de trois années après, le tribunal de Azazga me saisit, par l'intermédiaire d'un huissier de justice, pour me présenter devant lui, au motif que j'aurais diffamé un membre de cette association religieuse», dit-il au cours d'une conférence animée par les membres du comité de village d'Aghribs pour «dénoncer des individus qui s'attaquaient, sans vergogne, aux bonnes mœurs des villageois». «Ayant cru à une simple ignorance de mon statut de parlementaire, je me suis présenté le jour indiqué à l'audience, au tribunal d'Azazga. J'ai, naturellement, décliné mon statut de parlementaire à Madame la juge et à Monsieur le procureur, leur rappelant l'immunité que m'accordent les lois algériennes. Cela n'a servi à rien, puisque Madame la juge, avec l'assentiment de Monsieur le procureur, sans hésitation, m'intima l'ordre de me représenter à l'audience du jeudi 10/01/2013, pour comparaître, une nouvelle fois.» Pour le sénateur Ikharbane, «le tribunal d'Azazga ne fait qu'exprimer clairement le parti pris en faveur d'un individu dont l'objectif est d'imposer une idéologie précise, au détriment de la cohésion et de la quiétude des citoyens». L'orateur s'est dit convaincu que cette juridiction, sans doute instruite, s'en prend volontairement aux cadres du RCD qui ne cessent obstinément de se battre contre une justice aux ordres et le pouvoir central dont elle dépend . Il en veut pour preuve la convocation à comparaître de M. Yermeche Rabah, maire RCD d'Aghribs, qui constitue aux yeux du sénateur RCD une méprise de plus ou de trop ? Sinon, dit-il, «comment expliquer ce viol de la Constitution et du code pénal algérien, honteusement assumé par ce parquet ?» Il a invité la presse à couvrir, jeudi 10/01/2013, à 9h, au tribunal d'Azazga, ce procès unique dans les annales et participer ainsi à rompre le silence relatif aux dépassements multiples de la justice aux ordres, dénoncés même par le Syndicat national des magistrats.