Souvenons-nous... le 11 juin 1988, au stade de Wembley à Londres, était organisé un méga-concert retransmis dans le monde entier en hommage aux 70 ans de Nelson Mandela, prisonnier des geôles abjectes de l'apartheid en Afrique du Sud depuis 1963. Dires Straits, Eric Clapton, Simples Minds, George Michael, les Bee Gees, et tant d'autres noms illustres de la musique de cette époque s'étaient réunis pour réclamer la libération du chef du bras armé de l'ANC, devant 600 millions de spectateurs. Ce célèbre concert est désormais connu sous le nom de Mandela Day. Deux ans plus tard, Mandela était libéré. Pensez-vous que Nelson Mandela détient le record de détention avec ses 27 années en prison ? Détrompez-vous, un autre militant vient de passer le cap des 28 ans : Georges Ibrahim Abdallah, combattant communiste libanais, né à Kobayath – Akkar, dans le Nord du Liban, le 2 avril 1951. Il n'est pas détenu dans les geôles abjectes de l'apartheid, mais... dans celles de France ! Nul besoin de faire un micro-trottoir en Europe pour savoir qui connaît George Ibrahim Abdallah, le citoyen lambda européen n'en a jamais ou très peu entendu parler. Plus de 28 années d'incarcération sur base de motifs plus que nébuleux et une véritable intox. Ne cherchez pas d'action urgente du côté d'Amnesty International ou d'Human Rights Watch, le plus ancien prisonnier d'opinion de France et de Navarre ne figure pas dans leurs listes. Quant à la gauche bobo vautrée dans son salon, elle a d'autres préoccupations. Où sont les démocrassies arabes issus du printemps arabe ou de l'hiver islamiste, où sont ces régimes arabes islamistes sponsorisés par le Qatar et l'Arabie Saoudite, serviteurs zélés de l'impérialisme américain, où sont les militants quatre saisons qui font commerce avec le sang des Syriens comme ils l'ont fait avec le sang des Algériens ? Où sont les foules arabes ? Et pourtant ce militant s'est battu pour l'honneur des peuples arabes bafoués. Où sont les médias arabes avec à leur tête Al Jazeera surnommée en Algérie «Al Khanzeera» (La Truie) à cause de son intox permanente et sa traitrise ? Enfin, où sont les autres médias arabes qui ont oublié d'évoquer un symbole de la lutte anti impérialiste ? C'est vrai qu'il est difficile pour une presse gavée et inféodée au pouvoir de l'argent et au pétrodollar, et qui passe son temps à couvrir des non-événements dans les salons des hôtels 5 étoiles, d'assumer un minimum d'information et de professionnalisme. Honte à tous ceux qui ont commis le crime impardonnable d'avoir oublié le combat de Georges Ibrahim Abdallah, qui croupit depuis plus d'un quart de siècle dans les geôles du pays de Voltaire. Il aura fallu la mobilisation de quelques Justes à travers le monde et l'engagement permanent de Jacques Vergès, l'infatigable et grand militant de la Vérité qui le représente. Celui-ci se bat avec la même vigueur que lorsqu'il défendait les révolutionnaires du FLN mais le ministère public fait appel contre toutes les décisions de libération de la justice sous prétexte que «les convictions anti-impérialistes et anti israéliennes de Georges Abdallah sont restées intactes». Où sont donc passées tous les politiques et le gratin du show biz pour organiser une manifestation à Wembley en faveur de cet homme, déclaré par ses gardiens comme prisonnier modèle, libérable depuis 2003 mais faisant l'objet d'un acharnement judiciaire pour raisons politiques de la part d'une France impérialiste soumise aux dictats américain et sioniste ? Trop de questions qui restent sans réponses tellement les enjeux dépassent les calculs d'épicier des salonnards de tous bords. Pourtant, la lutte de Georges Ibrahim Abdallah ne diffère en rien de celle de tous les résistants, celle de Bobby Sands, des militants historiques du FLN algérien, ni d'ailleurs du combat de tous les révolutionnaires qui se sont sacrifiés pour les peuples face à leurs oppresseurs. L'un des fleurons du FPLP de Georges Habache et du martyr Abou Ali Mustapha, Georges Abdallah a adhéré à la cause palestinienne et n'a pas perdu une once de ses convictions, malgré l'obstination du gouvernement français à vouloir le mettre à genoux. Deux jours avant la décision finale de la Cour d'appel qui rendra son verdictaujord'hui, jeudi, quelques vrais militants manifestaient ce 8 janvier à Bruxelles ainsi que dans d'autres villes dans le monde pour exiger sa mise en liberté. Alors Simple Minds, à quand un «Abdallah Day» ?