«Il y a des moments où mon c?ur cesse presque de battre, ralenti par un grand désir.» Il s?agit d?un extrait de la correspondance privée rédigée de la main de Nelson Mandela lorsqu'il était incarcéré à la prison de Robben Island, à Cape Town. Le document, publié par le Sunday Times pour la première fois, révèle des détails émouvants sur son temps de détention. Il est question de deux carnets confisqués au militant anti-apartheid, pendant son incarcération dans les geôles du gouvernement blanc. Les deux carnets de notes à couvertures noires qui lui avaient été confisqués au début des années 1970 recèlent 70 lettres adressées à des amis et à sa famille. Ces documents lui ont été restitués il y a deux mois par un officier de police à la retraite, Donald Card, dont la fonction était de censurer le courrier des prisonniers et de décrypter d'éventuels messages codés. Mandela exprime aussi son chagrin lorsque sa mère et son fils aîné décèdent en l'espace d'une année, en 1968 et 1969, et qu'il n'ait pas été autorisé à assister à leurs funérailles. Dans une lettre, il fait part à une militante qui vient de perdre un proche de son regret de ne pouvoir assister aux obsèques. «Ma demande d'assister à l'enterrement a essuyé un refus, de la même manière qu'il y a dix mois, lorsque ma mère est morte. Dans les deux cas, on m'a refusé d'aller m'incliner pour la dernière fois sur ceux qui me tenaient le plus à c?ur.» «Mais mes collègues ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour adoucir le coup», écrit-il. Mandela est resté embastillé à Robben Island pendant 18 ans avant d'être transféré en 1982 et a purgé au total 27 années de prison.