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Israël, encore, toujours et jusqu'à la nausée
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 01 - 2013

Après avoir poursuivi durant plusieurs semaines son artisanat meurtrier quotidien à Ghaza et maintenu hermétiquement bouclée depuis six ans la plus gigantesque prison du monde à ciel ouvert, l'Etat hébreu se pose en pauvre victime de roquettes que les emmurés envoient sur son territoire, histoire de se prouver à eux-mêmes que les mesures coercitives dont ils sont accablés jour et nuit par le colonisateur ne les ont pas encore transformés en zombies rampants et prêts à lécher les mains et les pieds du dompteur qui les guette du haut de son mirador, le fouet levé bien haut.
Du coup, selon un scénario bien rôdé, afin de regonfler ses muscles, sa cote de popularité à l'approche d'élections difficiles pour l'équipe au pouvoir et afin de prendre de vitesse le rival ressuscité — Olmert, le fameux général en chef de l'opération «Plomb durci» -— rival politique qui se pointait sur la ligne de départ, le bourreau se métamorphose en un clin d'œil en victime pleurnicharde. Bardée de missiles plus venimeux les uns que les autres, d'avions de chasse ultra modernes, de bombardiers, de drones espionneurs et bombineurs, l'agresseur augmente à fond le son des haut-parleurs chargés de diffuser ses gémissements. «Israël est attaqué, une nouvelle shoah se prépare», hurlent à tue-tête les messages complaisamment diffusés par les médias des pays occidentaux. Tombées dans l'oreille attentive et empressée de l'oncle d'Amérique, ces lamentations déchirantes sont immédiatement reprises et répercutés de plaines en collines sous la forme de déclarations d'amour adressées à l'occupant tourmenteur et de condamnations indignées à l'égard de la victime assiégée qui — ouh ! la perverse — refuse obstinément de se laisser dompter et d'offrir sa chemise et son cœur au voleur de sa terre. «Israël a le droit de se défendre, de se défendre, ...fendre ...dre ...dre...dre», répète à l'envi l'écho d'outre-Atlantique. «Israël a le droit de se défendre et de défendre ses citoyens...», répète un perroquet teuton. Après avoir persécuté les juifs, voilà donc les Germains devenus les piteux bourreaux des Palestiniens. Perseverera diabolicum. «Hamas est le seul responsable, ...sable, ...ble...ble...ble», bredouille à son tour la voix de son maître étatsunien, un dénommé Hague, responsable des haillons de feu de la politique internationale de l'île grande bretonne. Le quatrième larron du quartette otano-occidental qui porte un nom d'empereur romain, un certain «socialiste» nommé Fabius, s'empresse au char anglo-saxon, mais un peu honteusement tout de même et en appelle tartuffiquement à «la retenue», tout en ânonnant le mot d'ordre convenu : «Israël a le droit de se défendre» et bla bla bla. Quant à l'inénarrable Catherine Ashton, en bonne Anglaise, elle se place dans l'ombre et le sillon de Hague. Tout est de la faute des Palestiniens. Et toc. Bien fait pour eux. Et c'est ainsi que Jahvé est grand et qu'un permis de tuer est, une fois de plus, délivré aux dirigeants de la colonie de peuplement qui s'est installée en Palestine. Naturellement, nous sommes là dans la description ad usum delphini de la partie émergée de l'iceberg. La realpolitik, c'est-à-dire la vraie politique, se déroule sous la ligne de flottaison de l'iceberg. Comment en est-on arrivés là ? Etudier le sionisme aujourd'hui n'est donc pas un sujet annexe ou mineur. Même s'il ne concerne directement et en apparence qu'une minuscule écharpe de terre lovée dans le bassin Est de la Méditerranée, il est le rocher de Charybde sur lequel se brisent tous les espoirs d'une paix réelle et durable dans toute la région et même dans le monde entier, car cette idéologie messianico-coloniale porte en son sein le venin d'une xénophobie telle qu'elle conduit à un nettoyage ethnique de la population autochtone et son messianisme l'entraîne à devenir le dernier Etat colonisateur et prédateur de la planète. Ces évidences commencent à s'imposer. Mais ce que beaucoup d'hommes et de femmes de bonne volonté ne comprennent peut-être pas, ce sont les motifs pour lesquels un pays aussi puissant que les Etats-Unis continue de soutenir contre vents et marées un confetti qui bafoue cyniquement les principes qui servent de fondations à son idéologie démocratique. Comment se fait-il que la nation qui galope sur la planète entière afin d'imposer, par la force la plus brutale, la conception qu'elle se fait de la «liberté», des «droits de l'homme» et du «bien», se compromette à ce point avec un petit Etat-voyou qui contrevient à toutes les lois internationales et qui s'en vante ? Comment se fait-il que l'empire américain, qui s'arroge le droit et le pouvoir d'appliquer à la terre entière son idéologie politique et sa législation commerciale interne — ce qui, dans son esprit, est une seule et même chose, puisque tous ses actes sont réputés frappés du sceau de la perfection — comment se fait-il que cet empire du «bien», dis-je, accepte de filer doux et de se ridiculiser aux yeux du monde entier face aux exigences d'une poignée de sionistes ? «La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source», écrivait Edward Mandell House. Ce personnage de l'ombre connu sous le nom de «Colonel House», bien qu'il n'ait jamais participé à la moindre guerre, avait parfaitement conscience d'avoir été le manipulateur en chef des décisions attribuées ultérieurement au Président Woodrow Wilson et, à ce titre, avait d'excellentes raisons de recommander aux commentateurs politiques de toujours tenter de remonter à la source d'une idée ou d'une décision, tout en précisant que rien n'était plus difficile, car l'initiateur réel d'une décision est rarement celui à qui on en impute la paternité sur le devant de la scène. Là encore, cette éminence grise et homme de main des puissances financières qui ont permis la réalisation du plus grand hold-up financier depuis que le monde est monde — la création quasiment maffieuse de la FED la veille de Noël 1913 — était bien placé pour savoir combien il est facile de «prêcher le faux» et de l'imposer, comme le rappelle le grand romancier allemand Goethe : «La vérité doit être martelée avec constance, parce que le faux continue d'être prêché, non seulement par quelques-uns, mais par une foule de gens. Dans la presse et dans les dictionnaires, dans les écoles et dans les Universités, partout le faux est au pouvoir, parfaitement à l'aise et heureux de savoir qu'il a la majorité pour lui.» Car c'est précisément outre-Atlantique qu'il faut chercher la source jaillissante qui devint le puissant fleuve sioniste. C'est grâce à une manne financière, quasiment sans limites que cette idéologie messianico-colonialiste a trouvé la force de concrétiser son rêve. Des hommes comme le rabbin Stephen S. Wise, premier président du congrès juif américain, puis mondial ou le «Colonel House» évoqué ci-dessus et éminence grise farouchement pro-sioniste du président Woodrow Wilson, ont joué un rôle déterminant dans la concrétisation de ce fantasme à partir du début du XXe siècle, puis durant les préparatifs des deux Guerres mondiales. D'ailleurs, dans son gros ouvrage intitulé Les Juifs, le monde et l'argent, Jacques Attali se glorifie de la puissance que les institutions bancaires ont donnée et continuent de donner à ses co-religionnaires. Certes, le rêve sioniste d'inspiration proprement biblique a germé dans les plaines de Russie, d'Ukraine et de Pologne et y a été préparé de longue main. Cependant, c'est grâce à la fabuleuse manne financière de groupes puissamment organisés et agissants dans les coulisses des pouvoirs politiques et qui sont parvenus à tordre, dès l'origine, la politique de l'Angleterre et des Etats-Unis dans le sens des intérêts sionistes, que cette idéologie a pu se concrétiser. Les intérêts de l'idéologie sioniste et ceux de l'empire américain naissant ont donc, dans les débuts, semblé coïncider parfaitement. Les puissants groupes financiers, économiques et médiatiques qui venaient de se constituer outre-Atlantique et dont les richissimes propriétaires sont désormais désignés sous le nom de «barons voleurs», étaient, pour un très grand nombre d'entre eux, entre les mains de mouvements favorables à l'idéologie sioniste quand ils n'en étaient pas des membres agissants. Ils ont accompagné et favorisé la montée en force du nouvel empire qui allait, comme tous les empires qui l'avaient précédés, s'emparer progressivement des rênes du pouvoir mondial, faire main basse sur les richesses de la planète et devenir ouvertement et le plus naturellement du monde, le protecteur et le financier de l'idéologie sioniste, source principale du chaos mondial depuis le début du XXe siècle. C'est pourquoi j'ai commencé par analyser la naissance et l'évolution de l'arme de destruction massive grâce à laquelle l'empire d'outre-Atlantique a créé, dès les premières années du XXe siècle, les conditions financières, puis militaires qui lui ont permis de domestiquer le reste du monde, le dieu dollar. Mais cette idole n'est pas demeurée toute nue. Très rapidement ses concepteurs, puis les prêtres de son culte ont compris qu'il convenait de la cacher sous de somptueuses dentelles démocratiques, de riches bijoux moralisateurs et mille fanfreluches éblouissantes qu'ils ont baptisées LIBERTE. Puis, ils ont dit à leur dieu devenu chatoyant et séduisant : «Et maintenant marche devant nous.» Alors le dieu dollar — soutenu par le mythe de la liberté portant dans sa besace le libéralisme économique mondialiste, donc apatride — s'est élancé à la conquête du monde et les vertus de la «morale» et de la «démocratie mondialisée», apprêtées dans les arrière-cuisines des banques d'outre-Atlantique et de la City de Londres, ont déferlé alors sur la planète. Après que la démocratie bancaire et militaire eut vaincu l'ennemi marxiste, qui s'était cru l'horizon théorique et économique indépassable de la planète, la mondialisation au service d'un capitalisme global et débridé est devenue, à son tour, l'horizon théorique indépassable des politiciens de tout poil et des économistes au petit pied. Mais le monde ne s'était pas tout de suite aperçu que le dieu Démocratie boîtait. Il cachait en effet sous la grande aile de son libéralisme moralisateur la pesante idéologie colonialiste d'un sionisme aux dents longues et à la bourse abondamment garnie. Or, plus le temps passait, plus le sionisme prospérait et devenait arrogant. Il a fini par se transformer en un lourd boulet pour son protecteur américain et pour tous ses alliés européens, car le comportement inhumain des gouvernements sionistes
successifs à l'égard de la population autochtone a fini par ridiculiser le mythe démocratique et rendre haïssables tous les Etats qui s'en réclament. Comme par hasard, ils sont tous de fervents soutiens de l'Etat sioniste colonisateur. Ce sont eux qu'on voit aujourd'hui plaindre le bourreau et accabler ses victimes. La réussite du colonialisme politico-religieux sioniste est incompréhensible, si l'on ne voit pas qu'il est l'enfant et la projection au Moyen-Orient du colonialisme économique souterrain des puissances financières anglo-saxonnes sur la planète entière, une sorte de pseudopode géographiquement délocalisé de l'Occident colonisateur, une tête de pont placée dès l'origine sous la protection de la City et de Wall Street — et notamment du très efficace banquier étatsunien Bernard Baruch ainsi que de la Maison Rothschild anglaise et de ses filiales américaines. On a vu que c'est par une lettre personnelle, adressée à son domicile privé «Addressed to his London home at 148 Piccadilly» que le fervent sioniste Lord Balfour a annoncé à Lord Lionel Walter Rothschild la décision de la couronne anglaise d'offrir un «foyer national» au sionisme. Car le sionisme n'est pas politiquement né en 1946 à la suite des persécutions dont les Juifs furent victimes en Europe. Ses thuriféraires tentent aujourd'hui d'imposer ce mensonge et de mettre désormais l'accent exclusivement sur les conséquences des crimes commis à l'encontre de la population juive dans les Etats soumis par les armées nazies lors de la Seconde Guerre mondiale et dont la commémoration est devenue l'objet d'un nouveau culte et d'un nouveau rituel. (A suivre)


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