Des raids aériens ont été effectués dimanche par l'aviation française près de Gao et Kidal, dans le nord du Mali, où une offensive de l'armée malienne a été lancée contre les groupes armés, alors qu'un sommet de l'Afrique de l'Ouest consacré à la situation dans ce pays a été reporté au 19 janvier. L'armée française, au troisième jour de son intervention au Mali pour appuyer l'armée malienne, a bombardé pour la première fois dans la journée des positions de groupes armés à Gao et Kidal, dans le nord malien. «Ce qui a commencé à être fait aujourd'hui, c'est s'occuper des bases arrières des terroristes», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Quatre avions de chasse Rafale ont bombardé des positions à proximité de Gao et détruit plusieurs cibles, selon un communiqué du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. D'autres avions ont opéré également des frappes aériennes dans la région de Kidal, plus précisément à Aghabo, à 50 km de Kidal, a indiqué une source de sécurité régionale. Aghabo est une base importante du groupe Ansar Dine, où se trouvent notamment des dépôts de munitions et de carburant. D'après le ministre français, «des camps d'entraînement, des infrastructures et des dépôts logistiques constituant les bases arrières des groupes terroristes ont été détruits» lors de cette opération. Des témoins cités par des médias ont affirmé que ces raids visaient des lieux tenus par des groupes armés. Un autre témoin a fait état de fumées qui se dégagent des camps des groupes armés. Un officier de l'armée malienne avait révélé à des médias que «les islamistes ont mis leurs corps dans des camions pour les amener à Gao, en passant par Douentza, suite aux affrontements de Konna». Ces raids aériens ont été menés après les combats ayant opposé vendredi et samedi l'armée malienne, appuyée par des troupes françaises aux groupes rebelles dans le nord du pays. Un haut responsable du groupe armé malien Ansar Dine, Abdel Krim dit Kojak, a été tué dans ces combats, selon une source sécuritaire régionale. Ansar Dine est l'un des groupes armés occupant le nord du Mali depuis juin, avec les terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Ces derniers évènements interviennent alors que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a reporté au 19 janvier son sommet extraordinaire sur le Mali, initialement prévu le 16 du mois en cours. La Cédéao doit former une force d'intervention contre les groupes armés occupant le nord du Mali, conformément à une résolution de l'ONU approuvant la création d'une unité de 3 300 soldats ouest-africains avec un soutien logistique occidental qui doit encore être déployé pour réunifier le pays. Le président de la Cédéao, le chef d'Etat ivoirien Alassane Ouattara, avait autorisé «l'envoi immédiat de troupes sur le terrain» pour épauler l'armée malienne «dans le cadre de la Misma (Force internationale de soutien au Mali)». La France avait demandé vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU l'accélération de la mise en œuvre de la résolution 2085, approuvée le 20 décembre et qui autoriserait notamment le déploiement par étapes de la Misma. Le ministre ivoirien de l'Intégration africaine, Aly Coulibaly, a déclaré la veille à Abidjan que les premiers soldats de la Cédéao «pourraient être aux côtés des troupes maliennes ce dimanche». Plusieurs pays africains ont annoncé leur intention d'envoyer des forces au Mali pour aider l'armée malienne à combattre les groupes armés. Le Burkina Faso, le Niger, le Nigéria et le Sénégal ont affirmé l'envoi chacun d'un contingent d'au moins 500 soldats sur le terrain. En revanche, l'Afrique du Sud a indiqué qu'elle ne prévoyait pas d'envoyer de troupes de combat au Mali, mais s'est contentée de préciser qu'«il y aura une annonce officielle» dès qu'une décision sur l'éventuel envoi de troupes au Mali serait prise. Le président sud-africain Jacob Zuma avait déclaré, en septembre dernier, que son pays pourrait envoyer des troupes au Mali dans le cas où l'ONU donnait son aval à une intervention de forces africaines.