« A un moment ou à un autre, il faudra utiliser la force au Mali », déclare Laurent Fabius, 72 heures avant de se rendre en visite officielle à Alger qui « préconise le dialogue » entre les acteurs politiques maliens et Bamako. Précision du successeur d'Alain Juppé au Quai d'Orsay, « la France ne peut être en première ligne », mais en soutien à cette force qui serait menée par des Africains pour « rétablir la légalité constitutionnelle » Sud, d'abord, et aller ensuite au Nord pour « déloger » les séides d'Al-Qaïda au Maghreb islamique et leurs alliés d'Ansar Dine et du Mouvement pour l'unicité ainsi que le jihad en Afrique de l'Ouest. Jean-Yves Le Drian, son collège de la Défense, ne pense pas autrement. « Je ne suis pas favorable à ce que nous soyons en première ligne sur ce sujet. Il faut que les Africains assurent une présence militaire », dit-il. Aussitôt dit, aussitôt entendu. « La bonne solution serait de mettre en place une force de l'Union Africaine avec un appui de l'ONU comme en Somalie et avec l'aide logistique de l'Otan », déclare Déby Itno, le président tchadien qui estime qu'il faut « négocier » cette sortie de crise avec le MNLA. Certains pays membres de la Cédéao s'empressent d'annoncer leur « contribution » en... soldats à cette force de 3.300 hommes qui sera déployée dès le feu vert du Conseil de sécurité. Fabius, qui estime que le « Mali, c'est une affaire extrêmement grave, car c'est la première fois que des terroristes se greffent sur des villes importantes et sont peut-être en situation de se greffer sur un Etat » promet d'« accélérer » l'adoption de cette résolution. Cheick Modibo Diarra, le Premier ministre malien, donne l'alerte à ses troupes. « Nous sommes prêts à commencer le dialogue avec nos frères maliens qui se trouvent sur le terrain aux côtés ou opposés aux gens d'Aqmi », dit-il à Dakar et Niamey souhaite que « ce dialogue puisse commencer très rapidement » pour pouvoir « combattre le terrorisme qui, non seulement, a atteint le Mali, mais menace toute la sous-région ». Compte-t-il sur le Mouvement national de libération de l'Azawad dont les derniers éléments ont été chassés mercredi dernier de leur bastion par les islamistes pour « regagner l'intégrité territoriale du Mali » ? Sur les 500 soldats cantonnés depuis début mai près de Niamey, après avoir fui le combat à Kidal ? Modibo Diarra ne le dit pas. A Paris, le Président de la Transition, Pr Dioncounda Traoré, refuse de signer quoi que ce soit. Encore moins un accord pour l'envoi de leurs troupes de la Cédéao. A Bamako, où un comité de réflexion pour le retour de l'administration à Gao, Tombouctou et Kidal est mis en place, Modibo Diarra ne fait pas cas de la Cédéao. Il parle de la mobilisation des voisins de son pays et de la communauté internationale pour « regagner l'intégrité territoriale du Mali » et rendre justice aux victimes de viols et de meurtres perpétrés par les groupes armés depuis janvier.