Ça y est, François Hollande a eu sa guerre malienne à l'instar de Sarkozy en Libye. Une entrée en scène qui marquera à coup sûr ce début d'année 2013. Comme dit un adage bien de chez nous : El Hadj Moussa, Moussa El Hadj, quelle différence ? A cela, les nouveaux locataires de l'Elysée vont bien sûr nous répondre à travers les voix omniprésentes de Laurent Fabius, fervent défenseur des interventions humanitaires à coups de bombes ; sa frustration syrienne doit encore le démanger. Ce dernier explique la position de son mentor du PS : «Le chef d'Etat est chef des armées, il a répondu positivement à la demande du gouvernement malien et de la communauté internationale et sa décision s'inscrit dans un cadre légaliste international. Il faut casser la percée des terroristes». Jusqu'à preuve du contraire, ni le Conseil de sécurité ni cette prétendue communauté internationale, n'ont donné le feu vert pour l'assaut. Encore faut-il casser la percée terroriste en Syrie où ces derniers bénéficient du soutien inconditionnel des forces françaises sur le terrain. Alors Fabius ? On perd son nord ? Et Ayrault, alors ? Bien entendu, il ne faut pas trop s'attendre qu'il soit sur le banc des remplaçants. Aligné sur la position de son compère, il s'est montré plus «paternaliste» car son premier souci c'est de «stopper le terrorisme menaçant le Mali, l'Afrique, la France, l'Europe». Une rhétorique qu'on avait déjà entendue après le coup fourré du 11 septembre. Le syndrome Bush semble marquer à jamais certains esprits sous emprise hypno-pédique. Dans cette arène, les médias-loro sont toujours à l'appel. Leur argumentation par l'absurde se résume à cette sempiternelle sentence : «Le président Hollande veut seulement aider le Mali et lutter contre le terrorisme». Quel amateurisme ! Sans nous étaler sur les bêtises avancées ici et là par la crasse sionisée qui est toujours rongée par le bellicisme, voyons maintenant l'avis réaliste d'un autre routier de la politique française, en l'occurrence Dominique de Villepin : «Nous nous battrons à l'aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d'AQMI sont autant de guerres différentes». Une bataille dans le vide, commentera-t-il, faute d'appui régional solide. La Communauté des Etats de l'Afrique occidentale reste en arrière de la main et l'Algérie a marqué ses réticences. Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? Non, la guerre ce n'est pas la France. Il est temps d'en finir avec une décennie de guerres perdues. Il y a dix ans presque jour pour jour, nous étions réunis à l'ONU pour intensifier la lutte contre le terrorisme. Deux mois plus tard commençait l'intervention en Irak. Un processus politique est seul capable d'amener la paix au Mali. Voilà un point de vue réaliste. Il faut une dynamique nationale pour reconstruire l'Etat malien. Misons sur l'union nationale, les pressions sur la junte militaire et un processus de garanties démocratiques et de l'Etat de droit à travers des politiques de coopération fortes. Il faut aussi une dynamique régionale en mobilisant l'acteur central qu'est l'Algérie et la CEDEAO en faveur d'un plan de stabilisation du Sahel. Mais Hollande de l'entend pas de cette oreille : il veut sa guerre ! (A suivre)