Dans une tribune dans le Journal du Dimanche, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, appelle à tirer «les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye». Paris. De notre correspondante L'unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la ‘‘guerre contre le terrorisme'' m'inquiètent. Ce n'est pas la France. Jamais ces guerres n'ont bâti un Etat solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les Etats faillis, la loi d'airain des milices armées.» «Jamais ces guerres n'ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux.» «Jamais ces guerres n'ont permis la paix régionale. Au contraire, l'intervention occidentale permet à chacun de se défausser de ses responsabilités», écrit l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin dans une tribune dans le Journal du Dimanche. «Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d'une seule et même guerre qui fait tache d'huile, de l'Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d'armes de contrebande. Il faut en finir. Au Mali, aucune des conditions de la réussite n'est réunie.» Et de prévenir : «Nous nous battrons à l'aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d'AQMI sont autant de guerres différentes.» «Nous nous battrons seuls, faute de partenaire malien solide. Eviction du Président en mars et du Premier ministre en décembre, effondrement d'une armée malienne divisée, défaillance générale de l'Etat, sur qui nous appuierons-nous ?» «Nous nous battrons dans le vide, faute d'appui régional solide. La Communauté des Etats de l'Afrique occidentale reste en arrière de la main et l'Algérie a marqué ses réticences.» Et Dominique de Villepin de préconiser qu'«un processus politique est seul capable d'amener la paix au Mali». Pour ce faire, «il faut une dynamique nationale pour reconstruire l'Etat malien. Misons sur l'union nationale, les pressions sur la junte militaire et un processus de garanties démocratiques et de l'Etat de droit à travers des politiques de coopération fortes». «Il faut aussi une dynamique régionale, en mobilisant l'acteur central qu'est l'Algérie et la Cédéao en faveur d'un plan de stabilisation du Sahel.» «Il faut enfin une dynamique politique pour négocier en isolant les islamistes en ralliant les Touareg à une solution raisonnable.»