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A bâtons rompus avec l'expert en économie Abdelmadjid Elias
Publié dans La Nouvelle République le 30 - 01 - 2013

La Nouvelle République a invité Abdelmajid Elias, économiste patent et reconnu, pour s'être spécialisé dans la mise à niveau sous toutes ses facettes des entreprises, qui pour leur survie, ont grandement besoin de restructuration, subséquemment. Notre hôte tient sa notoriété pour sa contribution en tant qu'expert à l'animation d'une série télévisée bimensuelle en économie.
Abdelmajid Elias va nous faire pénétrer dans les méandres d'une discipline aussi vaste que complexe, nécessitant des visions managériales pertinentes sur l'instant présent, le court, moyen, et long termes, ainsi que la mise en place d'un cadrage législatif approprié à la performance économique, et ce, dans un environnement politique, social, et financier ne mesurant pas souvent l'ampleur des risques pris par les opérateurs économiques autochtones ou étrangers. Nous avons réservé cet entretien aux écueils que rencontre l'expansion du tissu des PME/PMI, autrement, à la mise à niveau pour celles en activité qui auraient l'ambition de devenir exportatrices. Nous avons voulu défricher en peu de phrases la nécessité d'inculquer à nos opérateurs économiques la culture du partenariat, les avantages et les risques liés à l'adoption d'une économie de libre échange, enfin, nous avons souligné l'utilité et l'exigence pour nos managers de se doter d'instruments de veille, ou tout simplement d'intelligence dans le choix des stratégies retenues pour assurer leur croissance. Capable de développer des stratégies innovantes en matière d'industrialisation légère ou de services, surtout en ces périodes de vaches maigres en intelligences économiques, Elias a donc bien voulu ouvrir un hublot pour les lecteurs de La NR pour que nous puissions en savoir davantage sur l'environnement politique et économique de nos PME-PMI. La Nouvelle République : Comment pourrait-on considérer que la PME-PMI est une force motrice de l'économie ? Abdelmadjid Elias : Cela revient à répondre sur les facteurs de réussite de toute PME/PMI dans l'environnement économique algérien. Pour cela, je tiens tout d'abord à citer que pour la réussite de toute émergence, nous sommes dans l'obligation de retenir trois facteurs essentiels constituant la pyramide à savoir l'aspect législatif, le financement, et les règles fiscales en vigueur dans le pays. On peut énumérer également les éléments ci-après: L'existence d'une banque d'investissement spécialisée dans le financement des PME/PMI. L'implication des collectivités locales quant à la mise en place d'une cartographie des investissements locaux. La mise en place d'avantages fiscaux au profit des promoteurs pour éviter l'étranglement de l'entreprise. La mise en place des infrastructures de base nécessaire telles les assiettes foncières, les organismes de formation, puis les structures de veille, et de gestion de l'information économique. Il convient de développer la culture de partenariat, étant donné que l'écrasante majorité des entreprises algériennes ont des statut familial, mais aussi mettre fin aux contraintes freinant l'émergence et l'essor des PME/PMI à savoir les blocages bureaucratiques, les insuffisances en apport de capitaux, les difficultés d'accès aux crédits, ainsi que les concurrences déloyales en provenance des marchés étrangers, il faut y inclure également l'absence d'information concernant les aspects marketing, et commerciaux. Il y a comme contrainte majeure l'inexistence parfois pour ne pas dire souvent de formation en management des promoteurs et gestionnaires. Enfin chez nous depuis l'année 2009 l'imposition par les pouvoirs publics de la règle 49/51 qui freine les investissements directs étrangers via le partenariat. Nous savons que les petites et moyennes industries jouent un rôle fondamental dans les domaines de la sous-traitance, où en est ce créneau en Algérie en termes d'assistance aux grands complexes aujourd'hui opérationnels ? Bien que notre marché soit dépendant presque exclusivement des marchés extérieurs, les sous-traitances dans certaines filières sont insuffisantes pour couvrir les besoins d'un marché sans cesse en expansion et de plus en plus demandeur, notamment dans le domaine mécanique, métallurgique, des services, dans les domaines de la pétrochimie, pharmaceutique, hydraulique ou celui du bâtiment. La sous-traitance permet l'émergence de nouveaux marchés locaux qui permettent une substitution aux importations. Est-ce que les deux programmes Méda I et Méda II ont atteint leurs objectifs ? Cela revient à dire à débattre le sujet de la mise à niveau des PME/PMI algériennes ; donc, le programme de mise à niveau, Méda 1 qui a débuté en 1996 et modifié en 2000 est venu pour réaliser trois objectifs essentiels : premièrement promouvoir la stabilité politique des pays sud méditerranéens, deuxièmement, il fallait faire en sorte qu'un zone de libre échange soit créée ; troisièmement, il fallait assurer la prise en charge humaine et culturelle. Il y a lieu de mettre en avant que l'Union européenne a réservé 45 millions d'euros au profit des pays de la rive sud de la méditerranée que sont l'Algérie, l'Egypte, le Maroc, la Tunisie, le Chypre, Israël, la Jordanie, la Syrie, les territoires occupés de Palestine. Ce programme vise aussi la mise en conformité des PME/PMI avec les normes de l'Union européenne. Le programme Meda 2 a débuté en mai 2008 et qui s'étale jusqu'en 2017 qui est la date de création de la zone de Libre échange. Ce programme vise à mettre en place la formation des cadres œuvrant dans les PME/PMI, puis la formation des entrepreneurs, avec la mise en place des études de faisabilité des projets, l'engineering financier et technique, ainsi que l'aspect informationnel touchant les produits de l'entreprise. Dans ce magma, ces programmes, est-il nécessaire d'en convenir, n'ont atteint leurs objectifs du fait que nous constatons qu'il n'y a eu que 445 entreprises qui ont bénéficié des subventions. On sait aussi que les entreprises créées à ce jour n'assurent pas leur pérennité financière et leur accès aux marchés locaux, surtout et extérieurs. Quelle nouvelle stratégie de l'Etat pour la mise à niveau des PME-PMI ? Les pouvoirs publics ont mis en place une administration spécialisée dans la gestion de ces entreprises, à savoir l'Agence national du développement des investissements (Andi) qui a pour rôle essentiel l'assistance financière et fiscale, puis les facilités administratives quant à la mise en place de ces PME/PMI ainsi que leur gestion. L'Etat a également mis en place l'Aniref (Agence nationale intermédiaire foncière). Cette Agence a pour mission de localiser et de dégager des zones d'activités industrielles, et a pour prescription de faciliter les accès à l'implantation des entreprises nouvellement créées. Pourquoi certaines entreprises ont réussi malgré les contraintes de l'environnement ? Les entreprises qui ont réussi revient au fait que : le facteur expérience dans certains métiers a pu être transmissible de pères en fils du fait que ces entreprises ont eu préalablement un caractère familial qui a favorisé la maitrise du process lié à la production et à la commercialisation depuis l'ère coloniale, puis, les gérants se sont dotés d'une culture managériale et entrepreneuriale. Ces entreprises sont généralement financièrement aisées grâce à une assise financière familiale conséquente. Les gérants ont pu composer avec les variations et les fluctuations de l'environnement économique. Enfin certains promoteurs ont investi en dehors des créneaux de l'Etat, ce qui leur a permis d'acquérir des parts de marché importantes. M. Elias, vous savez qu'il y a eu une décision pour créer 200 000 PME-PMI, pensez-vous que c'est la meilleure approche pour créer une dynamique industrielle, ne serait-il pas plus judicieux de reprendre les modèles asiatiques en matière de maillage de PME-PMI plus connues sous le nom Keirstu, c'est-à-dire créer un regroupement de PMI spécialisées au fur et à mesure des commandes d'une grande entreprise mère ? Cela revient à développer le partenariat stratégique intra-entité économique se basant sur deux leviers à savoir la sous-traitance et l'intégration en matière de production et de services. Préalablement, il faudrait faire un large travail en matière de communication informationnelle, et de vulgarisation en direction des dirigeants des PME/PMI, et ce, afin de dépasser les carences, et les risques inconsidérés. Les concepteurs d'un tel projet passent par la création d'une banque de données qui concentrera les informations économiques, statistiques, sociales, financières et toute autre information jugée utile, pour fertiliser l'environnement économique en général et l'entreprise en particulier permettant ainsi la mise en place des meilleures conditions d'émergence pour la promotion de la PME/PMI. La règle des 49/51% semble indisposer les candidats aux IDE. Le gouvernement réplique qu'il est prêt à assurer l'essentiel des investissements en contrepartie du transfert du savoi-faire, et qu'il est disposé à laisser les directions des conseils d'administration aux firmes étrangères, est-ce que la bonne formule ne serait celle dite des 30/70% ? Je dirais qu'il faut maintenir la règle 49/51 dans certains créneaux dits stratégiques pour des raisons de souveraineté nationale telles que les télécoms, aéronautique, cheminaux, pétroliers, cependant, il va falloir ouvrir le champ de négociation entre opérateurs économiques nationaux et étrangers afin de créer un climat économique fluide. L'organisation des Nations unies pour le développement (Pnud) a indiqué dans son rapport que la valeur des investissements hors hydrocarbures ne dépasse pas 1 milliard 200 millions de dollars annuellement, c'est peu, très peu par rapport aux opportunités d'un marché porteur comme le nôtre, surtout en période de crise économique systémique. Ne pensez-vous pas que cette politique à se passer des IDE favoriserait plutôt la politique de l'import-import ? Il est évident que ce taux est très faible pour ne pas dire négligeable, ceci reflète l'échec des programmes et plans d'investissements mis en place par les pouvoirs publics d'une part, et le faible taux d'entrepreunariat en matière de création de PME/PMI dans ses divers segments d'activités ainsi que l'absence des IDE sur notre marché, d'autre part, ce qui favorisera en toute certitude le marché de l'import-export.

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