Le secteur de la formation professionnelle tend ces dernières années de mettre en avant des formations liées à des métiers qui ont tendance à disparaître telle la tannerie, la dinanderie et la cordonnerie... Ces métiers qui nécessitent de l'amour, de la passion et souvent beaucoup de patience sont malheureusement en voie de disparition notamment avec la modernisation qui donne accès à toutes les facilités de la vie quotidienne. Depuis plusieurs décennies, on assiste graduellement à la disparition de certains métiers qui, jadis, occupaient une place prépondérante dans l'économie du pays. Ces artisans qui gagnaient, autrefois, aisément leur vie sans dépendre d'aucune tierce personne, sont aujourd'hui, en train de subsister en s'adaptant à une nouvelle façon de vivre. Certains d'entre eux refusent d'abandonner leurs métiers hérités de père en fils. Ils s'adonnent désormais à la réparation et à l'ajustement. Aâmi Saïd, un quinquagénaire, est cordonnier depuis vingt-cinq ans à la rue Tanger. Le commerce n'est plus ce qu'il était, mais il ne sait pas faire autre chose. Il est donc obligé de continuer à pratiquer son métier. Dans son espace de travail de cinq mètres carrés, il remplace les semelles et donne une seconde vie aux souliers de sa fidèle clientèle. Souvent dans la poussière et les odeurs de colle ou de solvants, aâmi Saïd effectue ses travaux de réparation minutieusement et avec une grande patience. Des boîtes remplies de sandales et de bottes de toutes formes et tailles reposent à terre ou placées dans des étagères. Ce quinquagénaire qui s'est adapté à cet environnement se retrouve dans ce désordre. «Je ne gagne pas assez pour subvenir à mes besoins les plus élémentaires», confie-t-il. «Je dois continuer à travailler», explique-t-il, «car je suis assez vieux pour changer de voie professionnelle maintenant». «Depuis quelques années, j'ai moins de clientèle. Aujourd'hui, de moins en moins de gens réparent leurs chaussures. Il est moins cher d'en acheter une nouvelle paire», précise aâmi Saïd tout occupé à réparer une paire de bottes. Attentif, soigneux et rapide, aâmi Saïd utilise sa créativité et son habileté pour redonner vie à cette paire de chaussures usées. A à un moment donné, un homme rentre dans la boutique pour déposer ses chaussures, lui demandant à placer des talonnettes. «Je fais encore réparer mes chaussures, car j'ai beaucoup de mal à en trouver et qui vont à mes pieds et lorsque j'en trouve j'y mets un certain prix, donc j'en prends soin», souligne t-il. Pour Fatiha, une jeune fille rencontrée sur les lieux, les cordonniers sont sollicités seulement lorsque les chaussures à réparer sont de bonne qualité. «Mais le problème, c'est que les chaussures qui se vendent actuellement sont bon marché et s'usent rapidement», précise-t-elle en ajoutant qu'on préfère ainsi, acheter de nouvelles paires que d'effectuer des réparations parfois coûteuses. Malgré cette nouvelle tendance, aâmi Saïd continue à exercer son métier aisément, avec passion, sans accorder la moindre attention à l'exiguité des lieux. Evoluant, dans son atelier, comme un poisson dans l'eau, cet artisan continue à être sollicité, fort heureusement, par beaucoup de personnes. La plupart d'entre elles lui confient la réparation de leurs chaussures auxquelles elles y tiennent.