Les dirigeants du monde arabo-musulman ont lancé mercredi un appel à une solution négociée pour mettre fin à la guerre en Syrie, à l'ouverture du sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) qui s'étale sur deux jours au Caire. Dans un discours inaugural, le président Mohamed Morsi, dont le pays vient de prendre la présidence de cette institution de 57 pays-membres, a exhorté le "régime au pouvoir" à Damas à apprendre les leçons de l'Histoire et à ne pas faire passer son propre intérêt au-dessus de l'intérêt national. Le chef de l'Etat issu des Frères musulmans a également appelé tous les membres de l'OCI à soutenir les efforts entrepris par l'opposition syrienne pour s'unir et organiser la transition politique. Son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad, dont le pays soutient fortement le pouvoir en place à Damas, a déclaré à des journalistes égyptiens qu'il ne pouvait y avoir de solution militaire au conflit syrien, qui a fait plus de 60.000 morts depuis mars 2011. "Heureusement en Syrie aujourd'hui, (...) l'opposition et le gouvernement se dirigent vers l'établissement d'un dialogue", a-t-il dit dans une interview au quotidien Al Ahram. Moaz Al Khatib, le président de la Coalition nationale syrienne (CNS), instance dirigeante de l'opposition au président Bachar al Assad, a proposé dimanche de rencontrer le vice-président syrien Farouk Al Chara pour des négociations de paix en échange de la libération de milliers de détenus politiques. Damas n'a donné pour l'heure aucune réponse. L'initiative d'Al Khatib, annoncée après des rencontres du chef de l'opposition syrienne ce week-end à Munich avec les chefs de la diplomatie russe et iranienne, divise au sein de la Coalition. Les dirigeants égyptien, turc et iranien se sont rencontrés en marge du sommet pour soutenir cette initiative de dialogue, a déclaré un porte-parole de la présidence égyptienne. L'Arabie saoudite, soutien éminent de la rébellion et membre avec les trois autres pays du "quartet" islamique formé par Morsi en août dernier pour tenter de trouver une solution au conflit, n'a pas assisté à cette rencontre. A la tribune de l'OCI, le prince héritier saoudien Salman a dénoncé "les crimes affreux" du régime syrien contre son peuple et appelé le Conseil de sécurité de l'Onu, jusque-là bloqué par les Russes et les Chinois, à "agir pour finaliser la transition du pouvoir". Dans leur projet de déclaration finale, que Reuters s'est procuré mardi, les pays membres de l'OCI soulignent que le gouvernement syrien est le premier responsable des violences dans le pays et l'exhortent à ouvrir des discussions sur la transition, sans mentionner le nom d'Assad. L'Iran a tiqué sur la formulation, disent cependant des diplomates, et les critiques contre Damas pourraient être adoucies dans le communiqué final. Le texte de l'OCI appelle parallèlement l'opposition syrienne à accélérer la formation d'un gouvernement de transition et "à se tenir prête à assumer la responsabilité politique pleine et entière jusqu'au terme du processus de changement politique voulu". L'OCI, qui a suspendu la participation de la Syrie en août dernier, "enjoint au régime syrien de faire preuve de sagesse et appelle à un dialogue sérieux entre la coalition nationale de la révolution syrienne, les forces d'opposition et les représentants du gouvernement syrien engagés dans une transformation politique en Syrie et qui n'ont pas été directement impliqués dans la répression, sous quelque forme que ce soit". Sur le terrain, après plusieurs jours d'accalmie, de violents combats ont éclaté mercredi dans plusieurs quartiers de Damas et un attentat suicide a fait selon l'opposition des dizaines de victimes à Palmyre, dans le centre du pays.