Il y a de cela quarante années, que Amrous Tayeb nous a quitté en plein match de football, celui qui avait apposé le Mouloudia club algérois (MCA) à l'union sportive musulmane d'Annaba (USMAn), qui aurait cru en ce temps en regardant un banal match de championnat national, vivre en direct une mort d'homme ? Assurément personne, mais c'est ce qui s'est passé en décembre 1969. Une rencontre de football qui a été à l'origine de la mort d'un jeune garçon dont le seul tort était celui de pratiquer le football. Il adorait jouer au ballon parce qu'il aimait cette discipline et il ne pouvait faire autrement étant donné qu'il était très doué techniquement et qu'il possédait de grandes qualités athlétiques et aussi une puissance de vitesse en amélioration constante mais surtout par le fait qu'il était issu d'une famille de footballeurs. A la maison, on ne parlait que du ballon rond. Il avait à peine 16 ans, lorsqu'il fut incorporé en équipe seniors lors d'une rencontre RC Arba – JSBM. Amrous Tayeb a été international cadet et junior, il a fait partie de la sélection en France (Roubaix). La fin tragique de ce grand joueur de football, surviendra le 16 décembre 1969 alors qu'il n'avait que 18 ans et juste 5 mois dans le football de haut niveau puisque Tayeb Amrous faisait partie de l'effectif du Mouloudia club d'Alger qui recevait l'USM Annaba, une rencontre de football qui s'était déroulée en plein mois de Ramadhan, un match télévisé mais la chose la plus surprenante qui restera grave dans la mémoire de ceux qui ont vu cette partie du match, c'est l'inexplication de la situation incompréhensible de la rencontre au centre du terrain de deux hommes, deux joueurs qui se disputent une balle aérienne anodine. Pure coïncidence, les deux adversaires étaient porteur du numéro 9, deux avants centres qui sont montés très haut pour dégager une balle de la tête mais la chute sera fatale à l'un d'eux. La faucheuse guettait au coin puisque Tayeb a reçu un coup de tête involontaire qui lui fit perdre connaissance en plein ciel. La mort l'emportera à la fleur de l'âge, l'un des joueurs les plus doués qu'avait enfanté le football algérien. Il était très jeune, trop jeune pour mourir. Quelle mort subite ! La mort en direct d'un stade ! C'est tellement inimaginable. Qui était Amrous Tayeb ? C'était un jeune très adulé par les mordus du football dans les années post-indépendance (1960). Il était considéré comme le remplaçant du grand stratège du football algérien Hacène Lalmas, il eut le mérite de recevoir les louanges de la part du roi du football en l'occurrence, Edson Arantes Do Nascimento, plus connu par Pelé. Amrous Tayeb avait fait son apprentissage footballistique dans une ville appelée Bordj-Ménaïel et dont il était le cadet de la lignée des Amrous, tous des footballeurs, Amar, Omar Ahmed (JSBM), Hocine (JSK), Sadek (MCA) puis Tayeb le 6e sans oublier Essaïd le cousin. Tayeb Amrous avait choisi d'aller au bout de sa passion. L'a-t-on empêché ? Pas du tout, la génération actuelle ne connaisse rien de ce charmant garçon et pour lutter contre l'oubli, la simple évocation de Tayeb Amrous devrait nous réveiller afin de dresser un portrait à titre posthume de ce joueur martyr de la balle ronde, mort sur un terrain de football au même titre que l'international Hocine Benmiloudi, terrassé par une crise cardiaque ou encore Guesba de Mostaganem, et tant d'autres. A ce sujet, les responsables du sport devraient animer des conférences pour présenter ces joueurs. Que Amrous Tayeb repose en paix mais de grâce faisons en sorte ensemble que notre mémoire collective ne soit pas ingrate en vers un joueur qui fut l'enfant chéri de Bordj-Ménaïel puis du Mouloudia d'Alger et de toute l'Algérie profonde. Il était prédit à un grand avenir, c'est le moins que l'on puisse dire mais la vie réserve bien des surprises combien de fois n'avons-nous pas entendu des artistes ou autres sommités déclarer mourir sur scène, la scène qui avait fait leur renommée, d'autres rêvaient secrètement de mourir dans leur lit, d'autres personnes encore ne se soucient guère de la manière qui leur fera quitter ce bas monde mais lui, Tayeb Amrous de mort il n'en rêvait point. Comment pourrait-il penser à la mort alors qu'il n'avait pas encore atteint ses 20 printemps âge «plus rose». Comme tous les enfants, son aventure avec le football a commencé sur les terrains vagues à profusion, aujourd'hui encore dans sa bonne ville natale de Bordj-Ménaïel où la famille Amrous est célèbre pour avoir marqué l'histoire du football local et national. Ce qui caractérisait Tayeb par rapport aux autres footballeurs algériens, c'est qu'il n'avait jamais voulu laisser ses études. Son instruction était la chose la plus importante à ses yeux, c'est d'ailleurs l'une des raisons principales qui fait que l'entraîneur ménaïli Ahmed Laggoune mette au parfum les dirigeants du MCA dès 1967. Les Algérois flairent le bon coup mais c'était sans compter avec la JS Kabylie qui le voulait aussi. Les dirigeants kabyles lui proposèrent de signer une licence chez eux, en contrepartie d'une intégration dans l'un des lycées de la capitale kabyle. Les promesses de la JSK tardaient à se matérialiser lorsque les Mouloudéens reviennent à la charge pour obtenir le consentement du prodige contre un banc de classe à l'actuel lycée El Mokrani de Ben-Aknoun. Ses débuts chez les Vert et Rouge, il les fera en 1969 sur le banc des remplaçants lors du derby RC Kouba – MC Alger. Il sera fait appel à lui alors que le Mouloudia était mené 2 à 0, son entrée ne tarda pas à tout bouleverser puisqu'il réussira à planter deux buts au RCK en ajoutant un troisième sur un plateau d'argent pour Bachta puis tout va très vite. Il deviendra la coqueluche de «Saint Eugène», les éloges viennent de partout et de tous les gens du football. Il avait émerveillé le public lors d'un match amical disputé en France contre Bastia, les corses sont balayés 6 buts à 3, les matchs se suivent et Tayeb n'en rate pas un pour confirmer son immense talent de chasseur de buts. Ses prestations lui ouvrirent grandes les portes de la sélection nationale avec les hommages de Hacène Lalmas qui déclarait à l'époque que «L'Algérie détenait en Tayeb Amrous, l'avant-centre le plus doué de son temps». Tout se déroulait comme un conte de fée jusqu'en décembre 1969 en plein mois de ramadhan, le 16 du mois plus exactement où le MCA recevait l'équipe de l'USM Annaba. Le MCA menait 2 buts à 1 jusqu'à une vingtaine de minutes de la fin du sifflet final. Par un curieux hasard, les deux avants centres Amrous et Haoues se retrouvent au milieu du terrain pour disputer une balle aérienne et le duel tourne très vite au drame pour Tayeb qui se retrouva à terre inanimé. Il venait de recevoir un coup de tête brutal et involontaire. C'était le silence total qui enveloppa le stade de Saint-Eugène. Amrous Tayeb fut évacué d'urgence vers l'hôpital Mustapha Pacha où il restera une dizaine de jours dans le coma luttant pour sa survie. Il ne se réveillera jamais et la fin tragique de cet angélique joueur de football surviendra par un 16 décembre de l'année 1969. Il ne fait aucun doute, que la tragique histoire de cet enfant de la balle ronde qu'était Tayeb Amrous, restera comme l'une des plus tristes et des plus belles à la fois dans l'histoire du football algérien.