Maîtriser une langue est un atout et une thérapie. Quiconque sait parler et écrire, a plus de chances de réussir dans ce monde de brutalité. Et possédant cet outil précieux de communication, il se sent sécurisé. Depuis la nuit des temps, ceux qui ont réussi leur vie sont toujours les maître de la parole et de l'écriture. La pratique de la langue au quotidien, permet cet échange constant des idées avec les autres. Et cet enrichissement assure l'évolution en bien et la libération de toutes les contraintes. Que d'hommes et de femmes dans l'histoire de l'humanité sont devenus célèbres par leurs beaux discours et souvent sans qu'ils aient eu à faire des études universitaires ! Les belles phrases viennent d'elles mêmes en ayant des idées claires. «Tout ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément», a dit un penseur ancien. Et dans un tel contexte, on ne peut pas ne pas évoquer Esope pour sa pensée célèbre : «La parole est ce qu'il a de meilleur et de pire». A chacun de commenter ! Apprendre la langue pour l'équilibre mental et physique Lorsqu'on sait parler, on le ressent comme libération. A chaque interlocuteur, la répartie qu'il mérite. Le niveau est tel qu'on arrive aisément à rendre à chacun la monnaie de sa pièce. Etre à l'aise dans sa langue de communication quotidienne, c'est vivre en détendu. Ce qui signifie qu'on n'a pas seulement la maîtrise de l'outil d'expression mais aussi et surtout les qualités intellectuelles nécessaires pour être capable d'improviser, d'adapter ses idées à une situation donnée, de donner la réponse qu'il faut à une question posée et au moment opportun. Mais pour arriver à un tel niveau de maîtrise de la langue, il faut des conditions : avoir été éduqué dans un milieu familial favorable à l'apprentissage, par les bonnes manières et des principes universels de moralité, puis par les moyens d'expression qui permettent à l'enfant de dire ce qu'il ressent intérieurement ou ce qu'il pense de telle personne ou de telle chose, de désigner un objet. Cette formation précoce, en milieu familial dépend en grande partie de la compétence de la mère et du père. La maman a la lourde charge d'installer chez l'enfant, la langue maternelle. Quant au père, il est d'une présence indispensable pour l'éducation et la rigueur dans le comportement. Reste ensuite, le travail à l'école qui dépend en grande partie de la compétence des maîtres. Enseigner, ce n'est pas réunir autour de soi, un groupe d'élèves pour leur transmettre des connaissances inscrites dans un programme, c'est surtout savoir transmettre pour pouvoir assurer une bonne mémorisation du savoir transmis, aider chacun à devenir autonome par un enseignement efficace qui l'enrichit tout en développant des qualités intellectuelles comme la concentration, l'intelligence, la mémoire, le raisonnement, l'imagination, la réflexion, objectifs à long terme de toute classe vivante et active. Malheureusement, cela n'a pas été le cas, en raison des défaillances graves. L'écrasante majorité des enfants qui n'ont pas appris à parler se retrouve en situation handicapante. Ceci est valable pour les diplômés de l'université qui n'arrivent pas à communiquer alors que c'est un besoin vital. S'extérioriser est une nécessité pour ceux qui ont dans leur intériorité, une lourde charge émotive. Ils ont besoin de faire part de leurs idées, de participer à des échanges langagiers, de se sentir présents parmi d'autres en manifestant leur personnalité. Face à cette incapacité de devenir des participants à une discussion, ils réagissent par la violence. Le sentiment de complexe d'infériorité par rapport aux autres, les poussent à devenir grossiers dans leur langage s'ils sont acculés à une obligation de réagir vite. L'esprit exécrable qui se développe par l'incapacité à réagir humainement et intelligemment, comme tous ceux qui ont appris à bien parler, les poussent à la violence, voire l'agressivité. Comment apprendre une langue ? Il faut beaucoup de conditions. Cela doit commencer dès la plus tendre enfance avec des enseignants compétents qui sachent inculquer de bonnes habitudes. Dans les pays avancés, il faut être licencié en psychologie pour enseigner en première année du primaire. Les universités algériennes font sortir chaque année des centaines sinon des milliers de licenciés en «Ilm nefs» (psychologie) candidats au chômage. On pourrait les utiliser comme professeurs des écoles pour assurer le meilleur enseignement possible. Le maître d'école primaire a la charge d'assurer une bonne base d'venir à chaque petit enfant à qui on apprend à bien parler, à raisonner juste, à aimer le livre sans lequel l'apprenant devient incapable de mémoriser et de se concentrer en se disciplinant tout en disciplinant son imagination. La plupart de nos jeunes n'ont jamais lu un livre. Ce qui laisse supposer leur incapacité à soutenir une discussion à bâtons rompus dans une langue et avec un niveau de culture indescriptible. Le maître d'école psychologue ou celui qui a acquis des connaissances certaines en psychopédagogie doit considérer chaque élève, comme un participant actif. Son enseignement doit être fondé constamment sur le tryptique : question-réponse-réaction. Tout cela se résume par savoir intéresser et faire parler, aider chaque enfant à faire son autocorrection, travailler sur des supports pédagogiques motivants, concrets, ludiques, ne jamais perdre de vue les objectifs à long terme de tout enseignement : le développement de l'intelligence, de la mémoire, du raisonnement, de l'attention, de la réflexion qui sont les fondements de la culture. Ne dit-on pas que la culture est tout ce qui reste lorsqu'on a tout oublié ? ce sont toutes ces qualités intellectuelles énumérées ci-dessus qui restent. De la première année du primaire jusqu'à la dernière année de la scolarité, les matières enseignées et qui contribuent à l'acquisition de la langue ne sont que des prétextes au service de l'apprentissage. Pour qu'un enseignement de la grammaire de la langue, de la morphologie, de la géographie, de l'histoire, des mathématiques, des sciences naturelles, soit efficace, il faut qu'il soit assuré dans un langage clair. Le professeur de mathématiques ou de physique ou de comptabilité ne doivent pas accuser le professeur de la langue d'être à l'origine de l'échec des élèves aux examens sous le prétexte qu'ils n'ont pas su faire acquérir cette langue dans sa forme écrite et orale. Un grand pédagogue a dit et il a eu raison de le dire parce que l'expérience nous en a apporté la preuve, qu'un instituteur, un professeur d'histoire, de géographie, doivent être avant tout des professeurs de langue. S'il y a échec, chacun a une part de responsabilité. Depuis la première année, chaque maître a le devoir de ne jamais perdre de vue les principes sans lesquels, on risque de ne pas arriver avec un bon niveau à destination : émulation, progressivité, simulation. Nous avons pour objectif de parler de l'apprentissage de la langue, c'est pourquoi nous devons rappeler que la lecture est une activité essentielle à installer depuis l'enfance et qui doit se poursuivre toute la vie pour relever le niveau de langue et le niveau de culture.