Deux accidents de voiture mortels et deux relations mère-fils, dans la Roumanie post-communiste et l'Afrique du Sud post-apartheid, sont au cœur de deux films surprenants, présentés lundi en compétition à la Berlinale. Le premier, «Pozitia Copiluliu» (Child's pose,) a été réalisé par le Roumain Calin Peter Netzer. Le second, «Layla Fourie», est un film de la réalisatrice Sud-Africaine Pia Marais. Prenant appui sur la relation mère-enfant, les deux réalisateurs dressent aussi le portrait, sans concession, de deux sociétés en prise avec la corruption, le mensonge et la discrimination. «Pozitia Copiluliu» met en scène Cornelia (Luminita Gheorghiu) en mère sexagénaire ultra-possessive de la haute société roumaine qui étouffe son grand fils Barbu (Bogdan Dumitrache), totalement sous son emprise. Barbu tue un adolescent d'une famille modeste en roulant trop vite. Sa mère va tout faire pour lui éviter d'aller en prison, usant de ses relations mais aussi de son argent en offrant des pots de vin à qui peut l'aider : policiers et avocat notamment. Le film «minimaliste» a été tourné en majeure partie dans des appartements privés où la caméra ne quitte que rarement Cornelia et son fils, ce qui renforce encore le sentiment de tension et d'étouffement. Le personnage intrusif de Cornelia auquel aucun détail de la vie de son fils n'échappe, est inspiré de sa propre relation pathologique avec sa mère, a dit le réalisateur devant la presse. «C'est l'histoire d'une couche sociale supérieure moyenne dans laquelle, on trouve plus souvent ce genre de problématique. Dans les anciens pays d'Europe de l'Est marqués par la culture latine, les parents sont assez possessifs», a-t-il ajouté. Ce n'est pas le cas de Layla, protagoniste de «Layla Fourie», troisième film de la Sud-Africaine Pia Marais, construit comme un thriller psychologique. La vie est très dure pour cette mère trentenaire célibataire qui élève seule son petit garçon à Johannesburg. Faute de nounou, l'enfant la suit dans tous ses déplacements. Pour quitter ses petits boulots pénibles et très mal payés, elle accepte de suivre une formation pour une société spécialisée dans les détecteurs de mensonges. Mais en se rendant à un entretien d'embauche, elle est impliquée dans un accident mortel en pleine nuit qui va changer le cours de sa vie. Dans les aller- retours de Layla, qui passe beaucoup de temps en voiture sur les routes, on sent monter une très forte tension, suscitée par sa propre peur mais aussi par celle des êtres humains qu'elle rencontre. Témoin de l'accident, son fils va devenir son complice, dont elle craint autant les réactions qu'elle a peur pour lui. De paysages urbains ou suburbains désolés en vaste horizons, la réalisatrice filme l'Afrique du Sud de son enfance qui porte les stigmates de la discrimination et une société en pleine transformation où règnent encore la méfiance, la paranoïa et le racisme.