Inquiétant. Le nombre de victimes des accidents de la route est en évolution permanente depuis dix ans. En effet, rien que pour les axes routiers dépendants des secteurs de compétence de la Gendarmerie nationale, 34 623 personnes ont trouvé la mort et 422 862 autres ont été blessées dans 242 450 accidents survenus durant l'année 2003 à 2012. Intervenant à une conférence de presse tenue hier à l'institut de criminologie et de criminalistique de la gendarmerie à Bouchaoui (INCC/GN), le chef de la division de la sécurité routière, le colonel Salah Mellak, a expliqué cette évolution inquiétante du phénomène des accidents par un ensemble de facteurs liés principalement aux comportements humains et à l'évolution du parc automobile au cours de la dernière décennie. Le facteur humain, à l'origine de plus de 90% des sinistres se traduit, souligne l'intervenant, par, entre autres, le phénomène des excès de vitesse, des dépassements et des manœuvres dangereux ainsi que la négligence de certains transporteurs de la nécessité de mobiliser un second chauffeur pour remplacer un conducteur fatigué dans les longs trajets. Une situation constatée notamment pour les trajets de longues distances au nord et vers le sud du pays où le nombre d'accidents a connu une hausse inhabituelle ces dernières années touchant essentiellement les bus de transport de voyageurs et dont les enquêtes ont révélé que la cause était un chauffeur fatigué ou carrément endormi au volant après des heures de trajet. Le colonel Mellak a, en effet, plaidé pour l'obligation des entreprises de transport d'engager un binôme de conducteurs pour les longs trajets. A titre indicatif, 7 818 accidents ont été causés l'année dernière par des taxis et des bus de transport de voyageurs. Dans un exposé sur la sécurité routière au titre de la même année, le capitaine Tarek Amamra de la même division a fait état d'un total de 27 499 accidents causant la mort 3 737 personnes et des blessures à 48 875 autres, soit une moyenne journalière de 75 accidents, dix morts et 133 blessés et une moyenne annuelle de 3 500 personnes handicapées suite à des accidents. L'officier de la gendarmerie a noté, également, que sur les 41 838 conducteurs impliqués dans ces sinistres 61,31% ayant des permis de conduire de moins de cinq ans, 40,48% ayant des permis de moins de deux ans, 18,32% avec des permis de cinq à dix ans et 6,41% conducteurs depuis plus de dix ans, et ce, tout en soulignant que la population âgée de moins de 30 ans est la plus impliquée dans les accidents. Pour ce qui est des wilayas les plus touchées par ce phénomène, le lieutenant-colonel Abdelhamid Kerroud, responsable de la communication au commandement de la gendarmerie, a fait remarquer que la capitale a pris la place de Sétif cette année enregistrant 1 456 accidents, suivie de Sétif avec 1 298 accidents, Batna (1 109 accidents) et Oran avec 1 079 accidents. Il note de même une hausse du nombre d'accidents et de victimes au sud du pays où le phénomène était vraiment rare, citant Adrar avec quatre accidents faisant 20 morts et 23 blessés, Ouargla avec un accident causant six morts et cinq blessés et Béchar avec cinq morts et 24 blessés. Ces sinistres concernent essentiellement des véhicules de transport de voyageurs. Par ailleurs, l'autoroute est-ouest a connu 1 464 accidents au niveau de 15 wilayas causant un total de 204 morts et 2 703 blessés. Les services en charge de la sécurité routière ont effectué au cours de l'année écoulée, 38 586 actions de sensibilisation et de prévention dont 31 000 en destination des conducteurs sur les axes routiers et 5 000 en milieu scolaire en attendant de mener des campagnes en milieu universitaire à partir de cette année. Même si la prévention est de mise, la répression demeure une nécessité dans certaines situations d'atteinte à la sécurité routière. Dans ce sillage, les gendarmes ont relevé près de 416 000 délits et 138 000 contravention, établi plus d'un million d'amendes forfaitaires et retiré plus de 311000 permis de conduire en attendant l'application du permis à points prévue incessamment. Le contrôle et la surveillance en permanence de 85% du réseau routier national ont également, conduit les gendarmes à l'identification de près de cinq millions de personnes dont 8 116 étaient recherchées. Sur 2,3 millions de véhicules contrôlés, 1 160 faisaient l'objet de recherches.