Répression, prévention et sensibilisation ne suffisent plus pour freiner la machine de la mort sur nos axes routiers. Le «massacre» nécessite désormais d'autres solutions, encore introuvables. Les accidents de la route font en moyenne dix morts et 123 blessés par jour, rien qu'en zones extramuros. Le commandement de la Gendarmerie nationale a tiré encore une fois, hier, la sonnette d'alarme contre ces sinistres devenus l'une des prinipales causes de décès, de handicap, de blessures graves et de chocs psychologiques. Inquiétant de savoir que l'année 2011 a été des plus meurtrières, enregistrant 25 023 accidents causant la mort de 3 831 personnes et des blessures à 44 936 autres, soit une hausse de 5 621 accidents, 837 morts et 10 674 blessés par rapport à l'année précédente. Intervenant lors d'un point de presse tenu à l'Institut de criminologie et de criminalistique de la gendarmerie à Bouchaoui, le colonel Chennouga, chef de la division de la sécurité routière au commandement, a indiqué que la situation est inquiétante à plus d'un titre ces dernières années, notant que ses services sur le terrain ont constaté, au cours de la décennie 2001-2011, plus de 37 000 morts, soit l'équivalent de «cinq communes», dans des accidents pour un parc automobile passant de 2,8 millions véhicules en 2000 à près de 6,2 millions en 2011. L'analyse du phénomène faite par les services de cette institution en charge de la sécurité de 80% du réseau routier national, souligne que 90% des accidents sont causés par le comportement humain entre conducteurs et piétons, 6,44% par l'état des véhicules en circulation et 3,90% causés par l'état des routes, les intempérie et l'environnement en général. En effet, au cours de l'année écoulée, 6 053 accidents ont eu lieu suite à des défauts de maîtrise des véhicules, 5 432 engendrés par des excès de vitesse, 2 549 sinistres causés par des dépassements dangereux et 4 020 autres dus au non-respect de la distance de sécurité, du principe de priorité, et des panneaux de signalisation. L'analyse du bilan annuel de la gendarmerie, qui indique que 72% des accidents concernent des véhicules de tourisme, fait également état de 7 394 accidents de véhicules de transport de voyageurs et de marchandises pour lesquels il a été enregistré plus de 1 500 morts et près de 15 000 blessés l'année dernière. Ce genre de transport censé être assuré par des conducteurs qualifiés semble recruter de plus en plus des chauffards, des aventuriers et des dormeurs au volant. Pour ce qui est de la tranche d'âge des conducteurs et des permis de conduire mis en cause dans le même bilan, interviennent surtout une population âgée de 18 à 34 ans et des permis datant de deux à dix ans. 1 255 sinistres sur l'autoroute Est-Ouest Par ailleurs, le bilan annuel de la gendarmerie fait état de 1 255 accidents survenus sur l'autoroute Est-ouest conçue normalement pour désengorger les routes nationales, faciliter le déplacement des personnes et réduire le nombre des accidents. Cette autoroute applaudie par l'ensemble des conducteurs n'a pas pu, hélas, agir sur leur civisme. Les uns et les autres profitent surtout pour appuyer sur l'accélérateur au détriment de la sécurité de tous. Rien que pour les douze mois derniers, 1 255 accidents ont été constatés par les gendarmes du fait des chauffards et des piétons qui délaissent les passerelles sans oublier ces commerçants sur les bords de la route danger. S'associe à cela l'état lamentable de certains tronçons dégradés au vu et au su de tous sans qu'aucune autorité ne réagisse, à l'exemple du tronçon traversant la wilaya de Blida où les crevasses piègent les plus vigilants, causant des accidents graves et des dégâts importants aux véhicules. A rappeler que le nombre d'accidents sur l'autoroute a été de 813 durant l'année 2010. Pour ce qui est de l'activité des gendarmes en charge de la sécurité routière, le colonel Chennouga fait état de 323 484 délits et 90 752 contraventions relevées durant l'année écoulée ainsi que l'établissement de 545 764 amendes forfaitaires dont 193 683 ont été accompagnées de retraits de permis de conduire. Cela demeure la sanction la plus dure pour les conducteurs en attendant le passage au permis à points dont le texte de loi a été établi et son application étant prévue en novembre prochain. Pour ce faire, explique le chef du centre de l'information et de la coordination routière à l'Institut de criminologie et de criminalistique, le lieutenant-colonel Bellouti, il faudra passer par deux étapes importantes. L'une relative à la mise en place d'un fichier national des cartes grises et des permis de conduire, et l'autre relative à la modification de la disposition relative au retrait de permis dans le code de la route. Les modalités d'application du permis à points ne sont pas encore connues, selon la même source. Reste à savoir si l'application de cette mesure agira sur le taux de mortalité sur les routes ou sera encore une décision faillible devant l'incivisme constaté.