Depuis le début de l'hiver, le plan «froid» est en vigueur à Bordj Bou-Arréridj pour tenter d'anticiper et de pallier les conséquences, parfois dramatiques, des caprices de la météo sur les personnes sans abri et les familles nécessiteuses. Mobilisant plusieurs services de l'Etat et le secteur associatif, il intervient à trois niveaux : l'hébergement, l'aide alimentaire et l'accès aux soins. Le Samu social s'active depuis le début de l'hiver pour venir en aide aux sans domicile fixe et aux familles nécessiteuses. Des maraudes sont organisées dans la ville pour aller à leur rencontre, les inviter à venir dans le centre d'accueil pour avoir une douche et un repas chaud, se faire ausculter par des médecins ou pour leur distribuer des couvertures et des vêtements. En plus du Samu social, d'autres associations anonymes et des bénévoles s'organisent cette saison pour récolter des dons et des vêtements auprès de particuliers. Des rondes effectuées par des équipes composées d'agents de la police et des forces auxiliaires recueillent les sans-abri et les dirigent vers des centres d'accueil sociaux. Durant la nuit du lundi à mardi derniers, le Samu social a mis à l'abri 4 personnes dont une jeune fille de 26 ans. Une cinquième personne, un malade mental, a refusé d'être hébergée mais l'équipe a réussi à lui offrir une couverture et un repas chaud, ainsi qu'une assistance médiale et psychologique. «L'hébergement d'urgence est une priorité pour le gouvernement. Aucune demande ne doit restée insatisfaite en matière d'hébergement, qui reste une solution transitoire», précise M. Dehimi Abdelkader, le chargé de communication au niveau de la DAS de Bordj Bou-Arréridj. Néanmoins, le Samu social se charge également de rechercher et prendre contact avec les familles des SDF pour qu'ils les réintègrent. Un travail long et difficile. «Toutes les personnes peuvent devenir SDF. Ici comme ailleurs, ce n'est pas un choix. Elles se retrouvent généralement à la rue à cause de problèmes familiaux comme des divorces ou des violences au sein du noyau familial. Il y aussi certaines personnes qui ont été en prison et qui n'arrivent pas à se réinsérer dans la société ou qui sont rejetées par la famille par honte», explique une assistante sociale. «Ce que nous avons remarqué ces dernières années, c'est que la famille démissionne de ses responsabilités. Les SDF n'ont pas rejeté la société, c'est la société qui les rejette», insiste-t-elle. A Bordj Bou-Arréridj, ils ne seraient pas plus d'une centaine de personnes, hommes, femmes et enfants à vivre dans les rues des grandes agglomérations, selon les estimations de quelques associations qui activent sur le terrain. Des mères célibataires, des filles victimes de violence, des garçons en échec scolaire, des fugueurs, des personnes dans le besoin et surtout beaucoup de malades mentaux. Difficile pour ces associations de donner un chiffre précis, car le nombre de SDF évolue tout au long de l'année. Cela dépend du climat et de la saison. L'été par exemple, il y a plus de personnes à la rue que l'hiver. Par ailleurs, certains SDF peuvent quitter la région pour aller vers une autre ville du pays. Les lieux de squat changent et dépendent aussi de la saison. Durant l'été, les SDF vont dormir à la belle étoile dans les jardins publics, les trottoirs... Mais l'hiver, les SDF sont obligés de se trouver un toit et se dirigent souvent vers les villas ou bâtiments abandonnés. «A Bordj Bou-Arréridj, les SDF s'installent dans le centre-ville, la gare routière ou les quartiers comme ceux du 12 hectares, 217 logements qui connaissent beaucoup d'activités et concentrent des restaurants, leur permettant ainsi de trouver à manger», dira Farid, un des bénévoles. Plus effrayant, selon lui, près de la moitié des gens qui se retrouvent dans la rue sont des mineurs, garçons comme filles. Ces derniers ont fui le foyer familial suite à des violences, remariage de l'un de leur parent ou suite à un échec scolaire. Notons que depuis le début de l'hiver, aucun SDF n'est décédé de froid dans les rues de Bordj Bou-Arréridj, d'après le responsable de la DAS.