Alors que les besoins en agrégats se font de plus en plus ressentir depuis notamment l'interdiction de l'extraction du sable au niveau de l'oued Sebaou, dont la nappe phréatique est plus que jamais exposée à la pollution, pour protéger les ressources hydriques,et l'environnement, les exploitants de carrières d'agrégats dans la wilaya de Tizi Ouzou font face à de multiples difficultés, principalement celles liées à des oppositions citoyennes, pour la plupart, injustifiées. Ce type d'exploitation, pour lequel l'Etat a consenti d'énormes efforts, génère, selon un exploitant, de l'emploi qui, à de rares exceptions, n'exige aucune qualification ou autre diplôme, hormis, bien entendu, les conducteurs de camions, d'engins et autres machines industrielles. Sur trente carrières d'agrégats tous types confondus recensées à l'échelle de la wilaya de Tizi Ouzou, devant satisfaire 50 % des besoins de la wilaya en termes d'agrégats, soit 3.410.000 tonnes par année (t/an), quatorze seulement sont en activité, selon un point de situation de la Direction des mines et de l'industrie (DMI) de Tizi Ouzou présenté à M. Yousfi, ministre de l'Energie et des Mines lors d'une visite de travail et d'inspection à Tizi Ouzou à la fin de 2012. Certaines sont à l'arrêt, à l'exemple de la carrière d'Iflissen (Tigzirt), au nord-est de Tizi Ouzou, deux sont à l'abandon, celles du marbre de Tizi Bouaman (Ait Khellili, Mekla), à l'est, et de calcaire dans la localité d'Aït Toudert à Ouacif, au sud-est de Tizi Ouzou. D'autres font face à des oppositions citoyennes. Sur ces quatorze carrières en activité, cinq produisent du sable et des agrégats à partir du calcaire et du calcaire marbré avec une capacité installée de 1.438.000 t/an. Les neuf autres carrières exploitent d'autres produits ou agrégats dont deux destinées à la production de granulats pour carrelage avec une capacité installée de 31.800 t/an, trois pour la production de briques avec une capacité de 340.000 t/an, une de marbre pour la production de poudre (aliment de volaille) et de granulats pour carrelage avec une capacité installée de 30.000 t/an, une de tuf comme ajout pour brique et céramique avec une capacité installée de 3.780 t/an et, enfin, deux de feldspath pour céramique avec une capacité installée totale de 775.000 t/an. Au mois de décembre 2011, douze carrières étaient en projet, dont quatre de calcaire destinées pour la production d'agrégats et de sable avec une capacité à installer de 1.560.000 t/an, trois d'argile pour céramique et briques de 450.000 t/an —une est confrontée à des oppositions citoyennes, une est située sur l'assiette du nouveau stade et la troisième était en cours d'installation —, deux de pegmatite pour céramique avec 40.000 t/an, une de grès siliceux pour la production de verre avec 260.000 t/an, une de grès pour la production de sable avec 400.000 t/an et, enfin, une de calcaire destinée pour la production d'agrégats et de sable. Une production d'agrégats à partir du concassage de la roche et de calcaire insignifiante La capacité totale de production d'agrégats dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui devrait être de l'ordre de 3.410.000 t/an, soit 50% des besoins exprimés en sable, notamment pour le secteur du bâtiment, est, selon le bilan d'activité de la wilaya de l'exercice 2011, loin, très loin de la réalité. La production est, pour ainsi dire, insignifiante. Si, durant l'exercice 2011, la DMI a mis en avant le manque de moyens recensés au niveau des carrières, notamment l'extraction exclusivement mécanique mais aussi la rareté des explosifs servis au compte-gouttes, pour justifier la faible production en sable qui n'est que de 5.300,13 m3 et en agrégats avec seulement 9.522,46 m3, en 2012, la production d'agrégats n'a pas dépassé 10% des capacités de ces carrières, selon la DMI de Tizi Ouzou alors qu'à l'horizon 2015, la production attendue est de 17 millions de tonnes par an. «Malgré le respect des normes environnementales par les exploitants et la présence permanente des structures de l'Etat pour l'exercice du contrôle et la surveillance technique de l'activité minière, les exploitants de carrières d'agrégats se heurtent à des oppositions citoyennes», déplore-t-on à la DMI de Tizi Ouzou. Des oppositions qui influent négativement sur les capacités de rendement desdites carrières dont l'exploitation a été encouragée pour freiner l'extraction effrénée de sable des oueds depuis notamment août 2005 (loi 05-12 relative à l'eau qui interdit l'extraction des matériaux alluvionnaires) et le décret ministériel (loi de septembre 2009) relatif à la réglementation du permis d'extraction du sable des oueds. Une loi à l'origine de la fermeture, en 2009, à Tizi Ouzou de huit sablières avant que le ministère des Ressources en eau ne se ravise quelque temps après sur cette loi interdisant l'utilisation du sable d'Oued dans le bâtiment et autres secteurs d'activité, promulguée en 2005 et mise en application le 31 août 2009. «Les investissements dans les carrières d'agrégats n'ont pas induit les effets escomptés en matière de disponibilité d'agrégats en quantité suffisante, du moins jusque-là», avait indiqué, en 2009 à Tizi Ouzou, M. Abdelmalek Sellal, alors ministre des Ressources en eau. Les pouvoirs publics, dans l'optique de ne pas pénaliser et les entreprises du bâtiment et le citoyen, ont décidé d'une «solution transitoire et consensuelle» dégagée, a-t-il précisé, par une commission interministérielle et consistant en «l'identification au niveau des oueds des zones à autoriser et celles à interdire à l'exploitation, donc à l'extraction du sable, dans des périmètres autorisés par voie de concession».