Le géant de la sidérurgie mondiale est dans la tourmente. Les grandes usines d'ArcelorMittal dans le monde souffrent, en effet, de pertes de production, alors qu'en l'espace de 30 années, la sidérurgie wallonne a perdu tous ses hauts fourneaux et 80% de ses emplois. Sept sites ont fermé dans la région liégeoise entraînant la perte de 1 300 emplois. Avec cette fermeture des installations de transformation, le marché européen est touché alors qu'on attendait mieux après la fusion de trois Groupes sidérurgiques dont l'entreprise française Usinor, en 2001. Arcelor se défend tant bien que mal, sans pouvoir empêcher la fusion des deux Groupes qui forment ArcelorMittal en 2006, dirigée par le PDG indien Lakshmi Mittal. Présent dans plus de 60 pays, le Groupe né de la fusion a investi 2 milliards d'euros en France et emploie 20 000 personnes répartis sur 150 sites dans l'Hexagone pour un chiffre d'affaires de 4,6 milliards d'euros en 2011, soit l'équivalent de 6% de l'activité totale du Groupe. A noter qu'un emploi dans la sidérurgie en génère trois autres. Chaque année, le Groupe indien produit environ 13 millions de tonnes d'acier, c'est-à-dire l'essentiel de la production française d'acier brut qui s'élevait à 15,7 millions de tonnes en 2011. De l'automobile à la construction en passant par l'électroménager et l'emballage, ArcelorMittal travaille avec divers secteurs industriels et compte en France plusieurs centaines de clients. «On fournit tous les constructeurs automobilistes français, allemands et anglais», détaille Walter Broccoli, secrétaire général FO ArcelorMittal Florange. Le Groupe travaille également avec des usines de fabrication de boîtes de conserve et de canettes, révèle-t-il. De nombreux ouvriers du complexe sidérurgique d'El-Hadjar révèlent à La Nouvelle République que le partenariat avec ArcelorMittal était une mauvaise fusion, qui a généré un énorme déficit pour l'Etat algérien, 70% du capital revient au partenaire euro-indien alors que les 30% restants sont une propriété publique. Les travailleurs avaient connu une série de grèves incessantes, poussés par le syndicat de l'entreprise, sans de grands gains. Ces dernières années, indiquent des cadres de la société, ont vu une réelle chute de la production en matière d'acier en Algérie, alors qu'avant l'instauration du système de partenariat avec les étrangers, le pays était classé comme leader africain. Aujourd'hui, l'Algérie est dépassée remarquablement par le Maroc qui produit près de 3 millions de tonnes d'acier par an. A ce sujet, il faut relever que le complexe avait à un moment donné enregistré, sauf une fois, une production estimée à 1,2 million de tonnes. Les multiples grèves, entre autres, avaient entraîné une baisse drastique du rendement : 700 000 tonnes d'acier par an ! De 18 000 , les travailleurs du complexe sont passés 5 600. Selon des observateurs, les engagements pris en matière de production n'ont jamais atteint les seuils projetés dans le plan de la reprise du complexe. Notons que durant les années 80, le complexe sidérurgique d'El-Hadjar, fleuron de l'industrie algérienne, en dépit de ses installations neuves et de ses 22 500 travailleurs n'avait jamais pu atteindre sa vitesse de production : seulement 750 000 tonnes d'acier sortaient annuellement de ses ateliers ; cette situation imposait chaque fois à l'Etat d'éponger un manque à gagner énorme en renflouant les caisses de Sider, à l'époque, à coup de milliards de dinars. Telle fut la raison pour laquelle Sider, au courant de l'année 1997, avait conçu un plan de redressement interne pour le sauvetage du complexe et de la sidérurgie en général. Dix mille travailleurs furent sacrifiés par la holding Sidmet qui avait mis en œuvre un plan de «morcellement» de Sider en 24 filiales sous prétexte que le complexe était un géant ingérable. Ce plan démesuré avait conduit Sider, en quelques années, vers des pertes énormes, lui occasionnant des dettes à hauteur de 60 milliards de dinars. En 1998, le gouvernement d'Ahmed Ouyahia décida d'injecter une enveloppe de 250 milliards de dinars dans le but de remettre sur pied la plus grande filiale du groupe Sider, Alfasid ; cet argent avait permis à des milliers de travailleurs de garder leurs emplois, mais le complexe n'arrivait toujours pas à dépasser le seuil médiocre des 750 000 tonnes d'acier par an. Cela a enfoncé Sider qui contractait d'énomes dettes auprès de Sonelgaz, Sonatrach, Ferphos et le Trésor public. Sur le plan commercial, la situation n'était pas plus reluisante : plus de 80% des produits sidérurgiques destinés à la vente étaient délibérément déclassés ou seulement destinés au marché local q détenu par les barons du rond à béton. Finalement, il ne restait que l'option d'un partenariat. Ce qui fut décidé au courant de l'année 2000. L'Etat lance un appel d'offres international pour lequel deux partenaires avaient soumissionné : Duterco, Italie, et Ispat du Groupe LNM». Une structure avait été mise en place, où on retrouvait M. Temmar, ministre de la Participation, la Banque d'Algérie, la holding Sidmet et Sider, afin d'effectuer un pilotage du business-plan des deux candidats. Celui du premier partenaire prévoyait une compression d'effectifs, une participation au capital de Sider de l'ordre de 20 millions de dollars et une prise en charge par l'Etat des salaires de la moitié du personnel de l'entreprise. Ispat préconisait la préservation des emplois existants, un investissement de 173 millions de dollars et la création de nouveaux postes d'emploi. L'accord de partenariat entre le gouvernement et le Groupe LNM fut signé le 18 octobre 2001. Avec 10 000 travailleurs et des installations vétustes, au terme de sa première année d'existence, ISPAT Annaba avait réussi à faire grimper la production de 750 000 à 1 200 000 tonnes d'acier. En 2006-2007, le Groupe ayant commis une faute dans un choix stratégiques en termes de production, l'usine avait alors abandonné la filière de l'acier électrique qui était, souligne-t-on, plus coûteuse, mais en 2009, la tendance s'est renversée, un fait qui avait occasionné des pertes pour l'entreprise. Dans cette optique, il faut savoir qu'en 1997, la production mondiale de l'acier avoisinait les 800 millions de tonnes. La Chine reste le premier producteur mondial d'acier avec plus de 475 millions de tonnes par an. La hausse des cours du minerai de fer en 2008 avait entraîné l'augmentation des prix de l'acier sur le marché mondial et une baisse des profits des grands groupes sidérurgistes, Arcelor Mittal notamment, qui s'était approvisionné en minerai des mines de fer d'El-Ouenza, dans la wilaya de Tébessa. Depuis quelques années, malgré toutes les facilités accordées à ce groupe ,la production n'a point décollé, alors que les capacités théoriques de l'usine sont de deux millions de tonnes. L'Algérie continue d'importer annuellement près de 1,7 million de tonnes de produits sidérurgiques pour une facture avoisinant le un milliard de dollars. En 2008, l'Algérie avait importé pour 1,7 milliard de dollars de produits en fer et en acier, une hausse de près de 38% par rapport aux années précédentes.