Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani
En dehors de toute considération idéologique et politique, le complexe sidérurgique d'El Hadjar (à 10 km de Annaba) est l'une des plus grandes réalisations industrielles de l'Algérie indépendante et reste le moteur de l'économie de toute une région. Depuis l'inauguration du premier haut-fourneau, le 19 juin 1969, par le défunt président Houari Boumediène, l'usine a connu un développement tel qu'elle est devenue un exemple à suivre dans l'industrialisation. Plus tard sont venues s'ajouter d'autres unités : la zone des matières premières et fonte ainsi que la tuberie avec soudure étaient les premiers ateliers de production du complexe sidérurgique d'El Hadjar qui ont démarré cette année-là pour être suivis en 1972 par l'aciérie à oxygène N°1 et le laminoir à chaud, puis le laminoir à froid en 1974, l'aciérie électrique en 1975 , la tuberie sans soudure (TSS) et le laminoir à fil en 1978, enfin la cokerie, le haut-fourneau N° 2 et l'aciérie à oxygène N° 2. Le laminoir rond à béton a été réalisé, quant à lui,en 1980. Le complexe sidérurgique devenu au fil des ans premier facteur de développement de toute la région a été à l'origine de la création de l'Institut de métallurgie d'Annaba (IMA), premier noyau de l'Université naissante de Badji-Mokhtar dont le nombre d'étudiants avoisine aujourd'hui 49 000. Les premiers ingénieurs en métallurgie, formés à l'IMA sont affectés aux ateliers stratégiques du complexe sidérurgique d'El Hadjar. L'entreprise Ferrovial qui fabrique des wagons est, elle aussi, une invention du complexe sidérurgique d'El Hadjar puisqu' approvisionnée par le produit venant des hauts-fourneaux d'El Hadjar et de ses laminoirs à chaud et à froid ainsi que sa tuberie. Cette grande réalisation qui a suscité l'admiration de pays étrangers, a été visitée par de grands hommes, à l'exemple du Général Giap qui lui avait consacré toute une journée.Comme toute industrie lourde, des difficultés apparurent, liées à l'importation d'équipements, à la disponibilité d'une main-d'œuvre qualifiée, à une gestion qui n'est pas toujours adéquate et où le rendement et la rentabilité ne sont pas toujours des objectifs prioritaires mais en dépit de tout cela, le complexe sidérurgique continuait de tourner et de produire et la Société nationale de sidérurgie (SNS) en tenait les rênes jusqu'en 1981, date à laquelle il est repris par l'entreprise Sider. Il employait alors 18 000 personnes. La technologie utilisée exigeait une main-d'œuvre qualifiée qui n'était pas disponible au niveau local et régional et il avait fallu former à l'époque 1 500 travailleurs, ce qui avait engendré un surcoût de 5 milliards de dinars. L'imputation de ce montant dans la formation des ouvriers représentait un investissement à long terme qui avait évité au complexe de recourir à une main-d'œuvre étrangère qui aurait grevé encore plus la trésorerie de l'usine. La restructuration et la privatisation des entreprises étant passées par là, le complexe dut être cédé au groupe indien Lakshmi Niwas Mittal (LNM). Le contrat décennal signé en 2001 entre cette entité économique et l'Etat algérien avait pour objectif de confier la gestion du complexe sidérurgique à ce groupe qui devait prendre en charge son développement et sa modernisation de sorte qu'il atteigne un seuil de production à même de rentabiliser les capacités installées qui sont de l'ordre de 2 millions de tonnes/an. Une fois réalisées, le contrat prévoyait une augmentation de la production qui se stabiliserait autour de 4 millions de tonnes/an. En 2004, cette société change de dénomination après la fusion de LNM holding et Ispat International pour donner naissance à Mittal Steel Annaba, laquelle deviendra, en 2007, ArcelorMittal Annaba, suite à une autre fusion entre Mittal Steel et Arcelor(France). Cette fusion du groupe indien avec le géant mondial de l'acier Arcelor a donné naissance à Arcelor Mittal qui a pris en main le complexe sidérurgique. Depuis 2009, le complexe sidérurgique est soumis à des tensions tantôt entre employeur et partenaire social pour des revendications socioprofessionnelles, tantôt entre syndicalistes pour le contrôle de l'instance syndicale. Cela a eu des conséquences pernicieuses pour la santé de l'entreprise mais cela reste conjoncturel et le complexe sortira de ce mauvais pas ; le groupe Sider (détenteur de 30 % du capital) et Arcelor Mittal comptent tous deux réaliser le plan d'investissement prévu ( 500 millions d'Euros) pour doter le complexe des équipements nécessaires à sa survie et à sa compétitivité sur le plan international.