Le président tunisien Moncef Marzouki a nommé le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, au poste de chef du gouvernement. Sa candidature avait été proposée par le parti islamiste majoritaire Ennahda. Le choix de l'ex-ministre de l'Intérieur au poste de Premier ministre a été débattu jeudi soir par le mouvement islamiste d'Ennahda au pouvoir après la démission de Hamadi Jebali. Ce dernier qui a suggéré la constitution d'un gouvernement neutre composé essentiellement de technocrates a vu sa proposition refusée par son parti, chose qui l'a contraint à rendre le tablier. Hammadi Jebali qui a été consulté une seconde fois par son parti en vue de diriger un gouvernement de coalition a rejeté l'offre faisant ainsi ses adieux aux Tunisiens. La nomination de l'ex-ministre de l'Intérieur au poste de chef du gouvernement n'a pas fait l'unanimité chez la majorité des partis politiques en Tunisie. Ces derniers ont suggéré la désignation d'un gouvernement apolitique pour diriger le pays jusqu'à la tenue des élections. Cette initiative issue des partis politiques de gauche après l'assassinat de Chokri Belaïd été refusée surtout par le parti au pouvoir d'Ennahda. «Nous avons été désignés par les urnes et ce sont ces mêmes urnes qui choisiront de notre départ ou non du pouvoir», a déclaré l'émir d'Ennahda, Rached Al Ghanouchi. Le nouveau chef du gouvernement désigné a été largement contesté même lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Ingénieur de la marine marchande, originaire de Médenine (sud), il avait été secrétaire général du Mouvement islamiste d'Ennahdha avant d'écoper de 15 ans d'emprisonnement dont 10 en isolement au temps de Ben Ali. Une fois entré au gouvernement à la suite des élections du 23 octobre 2011, l'homme a semblé un moment dépassé par les événements et avait du mal à tenir son ministère. La lourde répression de la manifestation du 9 avril 2011, l'attaque de l'ambassade américaine, le 14 septembre suivant, puis les tirs de la police sur les manifestants de Siliana, à la fin de novembre, et l'assassinat de Chokri Belaïd, le 6 février de cette année, sont autant d'affaires douloureuses qui entachent sa gestion d'un portefeuille sensible. Certains imputent les dysfonctionnements à l'existence d'une officine interne gérant des milices, d'autres estiment que le tandem formé par les ministères de la Justice et de l'Intérieur n'a pas fonctionné. En tous les cas, la nouvelle mission de Ali Laarayedh est délicate. Il doit affronter une crise de confiance sans précédent et son arrivée à la tête du gouvernement risque d'être plus courte que son prédécesseur.