En réaction à sa conférence de presse au sujet de l'assassinat de Chokri Belaid, la famille du défunt a décidé de retirer sa procuration à l'avocat et président de la commission de défense du Parti des démocrates progressistes en Tunisie. La famille du défunt soupçonne Me Faouzi Ben Merad de vouloir détourner l'enquête de sa bonne piste. La décision est intervenue quelques minutes seulement après que Me Ben Merad a déclaré, lors d'une conférence de presse télévisée, que trois individus venant selon lui d'Algérie, à partir de Kasserine, seraient à l'origine de l'assassinat du président du Parti des démocrates progressistes unifiés. Dans son intervention télévisée, l'avocat en question était brouillon et imprécis dans ses déclarations. Selon Ben Merad, les trois présumés assassins se sont introduit en Tunisie à partir d'Algérie, une journée avant le meurtre de Chokri Belaid. «Les auteurs de ce crime avaient quitté la Tunisie le même jour après avoir exécuté Chokri Belaid», a indiqué l'avocat. Invité à donner plus de précisions, Me Ben Merad a déclaré : «Je n'accuse pas l'Algérie, je précise que les trois individus sont venus d'Algérie mais la décision de l'assassinat a été prise et programmée par des Tunisiens et en Tunisie.» L'avocat en question a tenu encore à expliquer que même si les auteurs du crime sont venus d'Algérie, cela ne veut pas dire qu'ils sont forcément des Algériens ou des Tunisiens. Quelques minutes seulement après la fin de la conférence de presse, la famille de Chokri Belaid a réagi en indiquant avoir pris la décision de retirer immédiatement la confiance à cet avocat, le soupçonnant de vouloir détourner l'enquête de sa bonne piste. Les déclarations de Me Ben Merad interviennent au moment où la famille du défunt et des milliers de Tunisiens accusent directement les fanatiques islamistes d'être derrière l'assassinat ignoble de Chokri Belaid. Selon l'avocat et quelques personnes, trois individus venus de notre de l'Algérie seraient à l'origine du meurtre du chef du parti de l'extrême gauche Tunisien. Qui veut mouiller l'Algérie pour brouiller les pistes des véritables meurtriers ? La commission nationale des avocats a exprimé son mécontentement face à ces révélations qui, selon eux, n'auraient pas dues être dévoilées vu que l'enquête n'est pas encore terminée. Du côté officiel, l'ex-ministre de l'Intérieur, Ali Laarayedh, a indiqué qu'une avancée a été constatée dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd. Il a tenu à préciser que plusieurs arrestations ont été effectuées par les forces de sécurité, mais qu'il n'était pas possible de parler de l'identité des assassins ou des commanditaires. Selon ses déclarations, les autorités judiciaires en charge de ce dossier fourniront très bientôt de plus amples informations à l'opinion publique sur les avancées de l'affaire. L'avocat n'a pas donné des précisions sur leurs identités des prétendues personnes venues d'Algérie. Pour l'instant, nous ne savons pas encore sur quelle base de données Faouzi Ben Merad s'est permis ces déclarations ? En second lieu, l'accusateur n'a pas indiqué l'essentiel, à savoir qui selon lui pourraient être ces individus ? Voulait-il accuser des personnes proches de Ben Ali qui se sont réfugiées en Algérie ? Voulait-il accuser des islamistes algériens ? Si tel est le cas, qu'attend ce Monsieur pour divulguer les «preuves» pour permettre aux autorités algériennes de procéder à leur arrestation. Mis à part ces deux pistes, nous ne voyons pas qui d'autre avait un intérêt à tuer Chokri Belaid. Depuis le début des troubles en Tunisie, contrairement à certains pays arabes ou occidentaux, l'Algérie est restée neutre. «C'est une affaire intérieure à la Tunisie et c'est au peuple tunisien d'en décider», ont indiqué à plusieurs reprises de hauts responsables algériens. Il est de même pour ce qui s'est passé en Libye, Egypte, Yémen ou Mali, où l'Algérie ne s'est jamais ingérée dans leurs conflits. A l'heure actuelle, et au moment où les mêmes pays arabes et occidentaux se sont ingérés financièrement et matériellement dans le conflit syrien, l'Algérie crie haut et fort qu'elle ne pourrait s'ingérer dans les affaires intérieures d'un pays souverain. Donc, les parties qui veulent mouiller l'Algérie dans cette affaire ont tort, les Algériens n'ont aucun intérêt à le faire. L'Algérie n'a pas encore réagi officiellement à ces accusations, elle devrait certainement le faire au moment opportun.