Le président syrien Bachar al-Assad a une nouvelle fois exclu de quitter le pouvoir, se disant décidé à combattre les rebelles, qui avancent dans la province d'Alep, où Ahmed Moaz al-Khatib a fait dimanche sa première visite en Syrie en tant que chef de l'opposition. Dans une rare interview publiée dimanche, M. Assad s'est déclaré prêt à discuter avec les opposants s'ils déposent les armes, après bientôt deux ans d'un conflit qui a fait plus de 70 000 morts selon l'ONU. Dimanche, les violences ont encore fait au moins 183 morts -- 84 soldats, 75 rebelles et 24 civils -- à travers le pays, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires. «Aucun patriote ne peut penser à vivre en dehors de son pays. Je suis comme tous les patriotes syriens», a-t-il expliqué au «Sunday Times», écartant de nouveau tout départ comme l'exigent l'opposition, les pays occidentaux et plusieurs pays arabes pour permettre une transition politique. Son principal allié régional, l'Iran, a même annoncé samedi sa participation à l'élection présidentielle prévue en 2014. «Le président Assad, comme d'autres, participera à la prochaine élection», a dit le chef de la diplomatie Ali Akbar Salehi devant son homologue syrien Walid Mouallem. L'ONU s'est proposée de «faciliter» un dialogue entre l'opposition et une délégation du régime «crédible et habilitée» à discuter, mais l'opposition rejette toute négociation qui n'aboutirait pas à un départ de M. Assad. M. Assad s'est aussi dit peiné pour les victimes du conflit: «Des milliers de familles ont perdu des êtres chers (...). Personne ne peut sentir leur peine plus que nous». Il a fustigé l'attitude de Londres favorable aux rebelles. «Comment peut-on s'attendre à ce qu'ils (les Britanniques) réduisent la violence alors qu'ils veulent envoyer du matériel militaire aux terroristes et n'essaient pas de faciliter le dialogue entre Syriens». En réaction, le chef de la diplomatie britannique William Hague a accusé M. Assad de «délirer» en refusant d'admettre sa responsabilité dans le «massacre» dans son pays, où l'ONU a déploré des «crimes contre l'Humanité». Dans le nord du pays, les rebelles ont réussi dimanche à prendre la majeure partie de l'académie de police de Khan al-Assal, après une bataille qui a coûté la vie à 120 soldats et 80 rebelles en 8 jours, a annoncé l'OSDH. Une source policière a évoqué un bilan de 40 policiers disparus et 300 rebelles tués. Dans le même temps, M. Khatib s'est rendu à Menbej et Jarablous, deux localités au nord-est d'Alep. Dans une vidéo tournée à Menbej, on le voit souriant, vêtu d'une veste bleue marine et d'une écharpe noire, salué par des passants qui l'embrassent chaleureusement.Sur sa page Facebook, il a annoncé s'être entretenu avec des «responsables des conseils locaux, des militants engagés dans la révolution, des membres des tribunaux islamiques» et il a également «visité un camp de l'Armée syrienne libre» (ASL, rebelles). Parallèlement, l'opposition a organisé dimanche l'élection d'un conseil provincial destiné à gérer les zones contrôlées par la rébellion dans la province d'Alep (nord). Par mesure de sécurité, le scrutin s'est tenu à Gaziantep, en Turquie, où 240 responsables locaux mandatés par les habitants de la province devaient désigner les 29 élus. Les résultats sont attendus lundi. «Le principal objectif du conseil provincial sera de gérer les affaires administratives pour les civils (...), pour que la vie politique puisse reprendre après la chute d'Assad», a expliqué un candidat, Yehia Naanaa, alors que les habitants souffrent de pénuries d'eau, d'électricité, de farine... Dans le nord-ouest, 15 rebelles sont morts lors d'une offensive de l'armée dans le Jebel Turcoman, près de Lattaquié. Et plus à l'est, les insurgés dont des jihadistes du Front Al-Nosra ont pris le contrôle d'une prison à Raqa, libérant des centaines de détenus, selon l'OSDH. Baghdad, qui avait annoncé samedi l'hospitalisation en Irak de quatre soldats syriens blessés dans des combats avec les rebelles près de la frontière, a fait état dimanche de la mort d'un soldat irakien dans ces tirs. Enfin, le Conseil national syrien, principale composante de l'opposition, a accusé Baghdad d'ingérence dans les affaires syriennes.