La tournée du président Barack Obama au Proche-Orient lui permettra de commencer à polir le bilan de politique étrangère de ses deux mandats, qui malgré de grandes aspirations et de réelles réussites, reste à la merci de dossiers brûlants. «histoire présidentielle américaine montre que le temps s'accélère pour les dirigeants au cours de leur second mandat. M. Obama, qui a entamé le sien, il y a deux mois, devra agir rapidement s'il veut lancer de nouvelles initiatives de politique étrangère avant d'avoir à lâcher les rênes du pouvoir début 2017. M. Obama n'a pas fait mystère de sa volonté de rester dans l'Histoire comme le président qui aura mis fin aux guerres d'Irak et d'Afghanistan, rétabli l'image des Etats-Unis, tourné davantage son pays vers l'Asie-Pacifique, démantelé Al-Qaïda et jeté les bases d'une lutte contre la prolifération nucléaire. Le président, lors de sa campagne de réélection de 2012, ne manquait jamais de mentionner le succès du raid contre Oussama Ben Laden auquel il avait donné son feu vert l'année précédente. Mais d'autres chausse-trapes sont apparus, dont la guerre civile en Syrie, les menaces nucléaires nord-coréennes, le refroidissement des relations avec la Russie et les nouvelles tensions avec la Chine sur la cybersécurité. En l'absence de toute perspective immédiate de relance du processus de paix israélo-palestinien, M. Obama devrait se concentrer lors de sa visite en Israël, la semaine prochaine, sur le dossier iranien, où il veut contrer les ambitions nucléaires de Téhéran tout en dissuadant les Israéliens de lancer une frappe préventive. «L'Iran sera un dossier de politique étrangère crucial pour le président lors de son second mandat. Nous nous sommes engagés à empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire», explique Ben Rhodes, conseiller de sécurité nationale adjoint de M. Obama. Toutefois, le dirigeant, qui a tenté de se dégager de l'héritage de son prédécesseur George W. Bush en Irak et en Afghanistan, «ne va pas faire à dessein du Moyen-Orient, le centre de ses préoccupations lors de son second mandat», avance Haïm Malka, du groupe de réflexion CSIS de Washington. Depuis Richard Nixon, les présidents américains ont aussi été jugés sur leur capacité à gérer les relations épineuses avec la Chine. Les contentieux commerciaux, les concurrences territoriales avec des alliés de Washington et les accusations contre Pékin d'avoir tenté d'infiltrer des réseaux informatiques privés et gouvernementaux américains risquent de compliquer les relations entre M. Obama et son tout nouvel homologue Xi Jinping. L'Asie reste toutefois la région du monde où la politique de M. Obama semble avoir commencé à porter ses fruits, argumente l'ancien Premier ministre australien Kevin Rudd, selon qui même les Chinois reconnaissent son aspect positif. Avec la Russie en revanche, les relations qui s'étaient améliorées en 2009 et 2010, la «remise à zéro» vantée par la diplomatie américaine, ont à nouveau tourné à l'aigre après le retour de Vladimir Poutine au Kremlin. A l'heure d'écrire le bilan de M. Obama, la légalité et l'éthique des attaques de drones contre des extrémistes présumés risquent d'être débattues, de même que sa répugnance à s'engager directement sur des théâtres d'opération comme en Libye et au Mali, une «direction depuis l'arrière-garde» moquée par les républicains. Quant à l'Afghanistan, la fin prévue de la mission de combat des forces américaines en 2014, si elle honore une promesse électorale de M. Obama, devrait être jugée à l'aune du destin d'un régime, voire d'un pays dont la viabilité sans aide militaire extérieure est en doute.