Deux femmes cinéastes, l'Algérienne Fatma-Zohra Zamoum et la Française Elisabeth Leuvrey, ont été distinguées lundi soir à Paris, par l'Association France-Algérie (AFA) qui leur a décerné le Prix cinématographique Bouamari-Vautier, la première pour son long métrage Kedach ethabni (Combien tu m'aimes) et la seconde pour son court-métrage La traversée. Créé en 2010 par l'AFA, ce prix cinématographique décerné pour la première fois en 2011, porte le nom de deux réalisateurs Mohamed Bouamari, (décédé en 2006), figure emblématique du cinéma algérien, auteur de plusieurs longs métrages dont "Le Charbonnier" (1972) pour lequel il a obtenu plusieurs prix internationaux, et René Vautier, connu pour ses nombreux documentaires tournés au maquis durant la Guerre de libération nationale dont "Avoir vingt ans dans les Aurès". En baptisant ce prix cinématographique du noms de deux réalisateurs, l'AFA a voulu d'abord rendre hommage à ces deux cinéastes engagés, fervents défenseurs du 7e art, mais aussi récompenser les talents de jeunes réalisateurs algériens et français, à travers la diversité de leurs approches sur l'évolution de leurs sociétés respectives . Ce prix a également pour but de contribuer au renforcement des liens amicaux entre la France et l'Algérie, "à travers un regard cinématographique jeune et innovant, dans une période charnière marquée par cinquante ans de l'indépendance nationale», selon les initiateurs de cette distinction. “La Traversée" d'Elisabeth Leuvrey (2006), initialement d'une durée de 55 mn et ensuite de 1h30, après avoir été enrichi, recueille les témoignages d'immigrés au cours de leurs multiples traversées entre la France et l'Algérie. Interrogée par l'APS sur ce qui l'a amenée à réaliser un documentaire sur une traversée à bord d'un ferry, Elisabeth Leuvrey confie que "ce n'est pas le fruit du hasard" si elle a embarqué sur ce bateau. "+La traversée+ est une étape d'une longue route sur laquelle je me suis engagée, il y a plusieurs années, en entreprenant de retourner en Algérie qui est ma terre natale, pour y mener un travail documentaire sur la question de la mémoire, de l'identité et de la transmission" a-t-elle confié, après avoir indiqué que la sortie en salle de ce documentaire est prévue pour le 17 avril prochain. Dans son film (1h38mn), réalisé en 2012, Fatma-Zohra Zamoum traite des thèmes de l'amour, de la tradition et de la modernité à travers trois générations d'une famille algéroise. Lors de la cérémonie de remise de ce prix cinématographique, organisée au siège du Sénat, en présence de nombreux invités de marque, d'Algérie et de France, le président du Sénat Jean-Pierre Bel a salué cette initiative "qui contribue à l'amitié entre la France et l'Algérie, relancée par la visite du président François Hollande en Algérie" et souhaité que le rapprochement entre les deux pays "puisse continuer, y compris à travers la culture". Le sénateur Jean-Pierre Chevènement, président de l'AFA, a pour sa part souligné que "l'histoire fait son œuvre "et que " l'intérêt mutuel des deux pays les rapproche". "L'Algérie, a-t-il ajouté, est un grand pays dans l'avenir duquel nous avons confiance. Nous croyons que l'Algérie qui est un grand pays de la Méditerranée mais aussi un grand pays d'Afrique, porte avec elle et pour l'humanité, quelque chose de raisonnable, de solide pour permettre à l'Afrique, qui est un immense continent, de prendre forme". "Nous irons de l'avant avec l'Algérie avec toute une série de projets», a-t-il assuré, avant d'ajouter, que "le prix que l'AFA remet aujourd'hui, pour la deuxième fois, sert aussi à mieux se comprendre et mieux se connaître". Lors de la première édition de remise du Prix Bouamari-Vautier en 2011, c'est la comédie musicale algérienne "Essaha" de Dahmane Ouzid qui a été distinguée par l'AFA. D'une durée de 1h55, " Essaha" (La place), réalisé en 2010, est le premier long métrage de Dahmane Ouzid.