Les cas d'enlèvement d'enfants suivis d'atteintes sexuelles et d'assassinats enregistrés et surmédiatisés ces derniers mois ont plongé la société dans une vraie psychose alimentée par les rumeurs sur l'existence de réseaux spécialisés dans le kidnapping et le trafic d'organes. Toute disparition d'un mineur du foyer familial est immédiatement associée à l'enlèvement alors que la majorité des cas traités par les services de sécurité se sont avérés des fugues à l'origine de problèmes familiaux ou d'échec scolaire. Il est à noter que les atteintes aux enfants dont l'enlèvement est une forme de criminalité qui a toujours existé dans des cas isolés, le colonel Mohamed Tahar Bennaâmane qui est directeur de la sécurité publique à la gendarmerie nationale, a indiqué qu'au cours des deux premiers mois de l'année, 25 enfants ont été déclarés disparus dans différentes régions du pays. 13 cas se sont avérés des fugues, deux cas de détournements de mineurs, sept de tentatives d'enlèvements et trois enlèvements réels. Pour ces derniers, un cas a été suivi d'assassinat à Ghardaïa et deux autres cas enregistrés à Alger et Annaba sont en phase de résolution. Intervenant hier à une conférence de presse tenue au commandement de la gendarmerie, le colonel Bennaâmane a assuré que toute forme d'atteintes aux mineurs est préoccupante d'où la nécessité d'une mobilisation totale de la société pour la protection de ces enfants mais sans être piégée par la rumeur qui alimente la psychose et sème le désordre et tout en évitant la confusion entre une forme de disparition et une autre. D‘ailleurs, le bilan d'activité de la gendarmerie indique que les enlèvements demeurent insignifiants face à d'autres violences que subissent les personnes mineures chaque jour, desquelles il faut parler davantage et auxquelles il faut faire face. A titre indicatif, au cours de l'année écoulée, 2 444 mineurs ont été victimes de différentes formes de criminalité, soit 6,27% du nombre global des victimes (38 980). Plus précis, le directeur de la sécurité publique a indiqué que les plus grandes proportions des mineurs sont victimes de coups et blessures volontaires (32,08%), suivies d'attentats à la pudeur (20,70%). A noter, également que la répartition géographique des mineurs victimes de ces atteintes est hétérogène à travers le territoire national avec un taux plus élevé à Oran, Alger, Sétif, Chlef et Mila pour la même année. Au cours des deux premiers mois de l'année en cours, 355 autres personnes âgées de moins de 18 ans ont été victimes de différentes formes de criminalité dont 27,89% de coups et blessures volontaires et 17,75%d'attentats à la pudeur. 2 778 mineurs impliqués dans des affaires de criminalité Représentant 39% de la population, les personnes âgées de moins de 18 ans sont présentement un peu partout et figurent dans la plupart des statistiques. Pour ce qui est de la criminalité et de la délinquance en général, les mineurs occupent une place parmi les victimes mais aussi parmi les auteurs. Sur les 77 050 personnes interpellées par les services de la gendarmerie au cours de l'année 2012 pour différentes formes de criminalité, 2 778 étaient des mineurs, soit un taux de 3,61%. La plus grande partie de cette population juvénile est impliquée dans des affaires de vol (380 cas), suivies des affaires de coups et blessures volontaires (674 cas), puis de 167 mineurs impliqués dans des affaires d'atteintes à la pudeur, 128 dans des affaires de destruction et dégradation de biens, 118 dans l'usage de stupéfiants et 42 dans des associations de malfaiteurs. En dépit que ces chiffres représentent une baisse de la criminalité des mineurs par rapport à l'année précédente, la situation demeure inquiétante et nécessite une mobilisation rapide et efficace de toutes les parties que ce soit la famille, l'école, le mouvement associatif ou les pouvoirs publics afin de prendre cette situation en main et assurer une meilleure prise en charge à cette frange sensible de la société, peu importe qu'elle soit victime ou auteur de délinquance car ce qui est plus important est l'avenir de tout un pays.