A 20 kilomètres de Taman-rasset, se trouve le premier village d'Outoul, Outoul-Est. 5 km plus loin, en quittant la route nationale, se trouve Outoul-Ouest, appelé aussi Outoul El-Fougani. Ses habi-tants sont originaires de l'Atakor (région de l'Assekrem). Ce sont la modernité et les difficultés des conditions de vie qui les ont poussés à se rapprocher de la capitale du Hoggar, Tamanrasset. Issus de la tribu des Kel Deg Aghali, les habitants d'Outoul El-Fougani sont tous d'une grande famille divisée en sept noms : Tahenkat, Bilkou, Masseghli, Oumeyssi, Ikaoui, Hamadine et Khennoufi. C'est à l'indépendance qu'ils ont quitté l'Atakor pour se rapprocher de la capitale du Hoggar. Mais, déjà, avant l'indépendance, un membre de la famille Khennoufi était venu à Outoul en éclaireur. Par la suite, les autres suivront et occuperont la région. Ils découvrirent ainsi l'agriculture eux qui n'étaient que des pasteurs nomades. Bien entendu, ils n'abandonnèrent pas toutefois l'élevage. Les débuts étaient très difficiles. Ce n'est qu'avec l'arrivée des militaires qui édifièrent cinq casernes dans la région que les choses commencèrent à s'arranger. Le courant passa très vite entre ces derniers et les habitants d'Outoul El-Fougani. D‘ailleurs, certains d'entre eux seront carrément militaires, PCA, et beaucoup d'autres seront saisonniers dans les casernes. Actuellement, l'agriculture est diversifiée, et c'est au marché de Tamanrasset que les fellahs vendent leurs produits. Leur meilleur souvenir remonte à 2008. Cette année-là, Outoul avait obtenu le meilleur rendement de toute la wilaya de Tamanrasset, ce qui les encouragea à travailler encore plus. En ce qui concerne l'élevage, les dromadaires sont confiés à un berger qui les emmène en plein désert. Au retour, ils sont vendus ou consommés. La population locale s'occupe par contre des chèvres et des moutons destinés à la consommation et à la production de lait, et une petite quantité de volailles destinée à la consommation et à la production d'œufs. Entre les deux villages, passe l'oued Outoul qui a donné son nom à la région. C'est la période de crues que redoutent les habitants d'Outoul El-Fougani car ils se retrouvent carrément coupés du monde. Il est vrai qu'on parle depuis des années d'un projet visant à désenclaver la région mais, à ce jour, rien n'a été fait. En ce qui concerne les coutumes, c'est l'habit traditionnel qui est dominant à Outoul, et cela, que ce soit pour les femmes ou les hommes. Quant à la musique, elle est pratiquée de façon traditionnelle (Tindé, Imzad,Tazemmart et les rituels touaregs) et moderne (guitare et percussions), mais pour des raisons inexpliquées, la pratique de la musique, contrairement aux Touaregs, est occasionnelle, spécialement durant les fêtes. Au début de la journée, tandis que les hommes se rendent à leur travail, ce sont les femmes qui font les travaux ménagers, l'élevage et l'agriculture. Ce n'est qu'à leur retour que les hommes prennent le relais pour travailler la terre. Ce qui nous a étonnés à Outoul, c'est l'indépendance. En effet, dès l'âge de 16 ans, pour celui qui ne continue pas ses études, et pour celui qui compte les terminer plus tard, il commence à préparer son mariage en construisant sa propre maison. En effet, à Outoul El-Fougani, c'est une obliga- tion : pour se marier, il faut avoir sa propre maison et être indépendant vis-à-vis des parents. Vous ne trouverez jamais un couple vivant chez les parents ! A travers cette indépendance, c'est tout le village qui est autonome. En effet, les habitants d'Outoul El-Fougani n'ont pas attendu l'Etat pour s'organiser. Ils vivent avec leurs propres moyens. Même en ce qui concerne le transport vers Tamanrasset, ce sont les propriétaires des véhicules tout terrain qui s'en occupent. Quant à la présence de l'Etat, elle n'est visible que par l'électricité, l'école primaire et le dispensaire. Il faut ajouter aussi les châteaux d'eau mais sans réseau d'AEP. Récemment, la piste de cinq kilomètres reliant les deux villages à partir de la route nationale, où se trouve le village Ouest, a été goudronnée jusqu'à l'entrée du village Est. Enfin, ce n'est qu'en 2011 qu'une trentaine de logements sociaux ont été distribués aux habitants d'Outoul El-Fougani.