Le nombre de salles de cinéma ne cesse de diminuer d'année en année en Algérie. Sur une trentaine de salles ouvertes au public en 2009 à Alger, seulement sept sont encore en activité dont un quatuor d'infrastructures régies par l'Office de Riadh El Feth (Oref), deux régentées par les municipalités d'Alger-Centre et de Sidi M'hamed et une par l'Office national de la culture et de l'information (Onci), a relevé, avant-hier lundi, à Tizi Ouzou, l'écrivain-journaliste, Nourredine Louhal. Il s'exprimait lors d'une conférence-débat, animée en marge de la 13e édition du Festival culturel national annuel du film amazigh qui se tient depuis samedi dernier à Tizi Ouzou, autour d'un de ces ouvrages, «Sauvons nos salles de cinéma», récemment publié par le FCNAFA. Ce livre, préfacé par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, se veut, a-t-il indiqué, ce cri de détresse, plus qu'une interpellation, à même d'amener les pouvoirs publics à penser à faire revivre, ces espaces de loisirs et d'évasion par excellence qui jadis, affichaient complet à chaque projection. D'où la nécessité pour ne pas dire l'urgence, de dégager des enveloppes financières nécessaires à même de redynamiser ces espaces abandonnés et/ou transformés pour la plupart. Cet opus se veut également, pour reprendre le commissaire du FCNAFA, El Hachemi Assad, «cette bouteille jetée dans l'oued de l'inculture et impropre à la consommation». «Osons le sursaut d'aller jusqu'au bout de notre périple pour alarmer l'autorité sur l'invraisemblable calvaire qu'endurent nos salles de cinéma», s'est écrié le conférencier. Dans sa préface, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, s'est dite «émue» par l'auteur par ce que «à travers les pages de ce livre qui suivent, transpire l'amour de l'auteur pour le cinéma, certes, mais aussi et surtout, l'amour de «Nedjma» à laquelle, il veut rendre son faste et son brio, non à coups de tonnes de béton armé et de kilomètres de hideux murs rideaux, mais à force de convictions que l'Algérien n'est pas un tube digestif, que l'Algérie est d'abord une culture. Citant un grand poète chilien qui a dit qu'un «pays sans cinéma c'est comme une maison sans miroir». Avec pas moins de 424 salles de cinéma à l'indépendance du pays, l'Algérie s'est retrouvée, au bout de 15 années seulement, soit en 1977, période que l'intervenant a qualifiée de «revers cuisant», avec 304 édifices, a-t-il indiqué. «Au bout de la léthargie qui a caractérisé cette période (1962-1977), l'inventaire des salles de cinéma fut revu à la baisse» pour, a-t-il soutenu, «avoir flemmardé sur le chapitre d'une maintenance omise d'un revers de la main à chaque exercice budgétaire». D'où, a-t-il poursuivi, un cumul de revers enregistré au jour le jour depuis l'an 1977 et qui a fini par noircir un bouquet de 52 salles de cinéma. Un nombre qui sera revu à la baisse encore une fois à la montée de l'intégrisme début des années 1990, communément appelées années de braise, à la faveur de l'ouverture politique survenue au lendemain des douloureux événements d'octobre 1988. «Sauvons nos salles de cinéma» est, pour ainsi dire, venu à point nommé pour prêter main-forte à l'autorité qui n'en cache pas sa volonté politique d'œuvrer à la reconquête de ces espaces laissés longtemps en désuétude. D'ailleurs, l'idée est généreuse de vouloir rattraper, par ricochet, le temps afin de réconcilier le cinéphile d'hier et d'aujourd'hui avec la fréquentation de nos salles dites obscures», a-t-il dit.