"Sauvons nos salles de cinéma" est le titre d'un livre présenté lundi à Tizi-Ouzou en marge de la 13ème édition du Festival du film amazigh. Dans cet ouvrage de forme tabloïde, édité en 2013 par le Festival national du film amazigh, le journaliste Noureddine Louhal, auteur du livre, a livré un état des lieux des salles de cinéma d'Alger qu'il a qualifié de "désastreux", relevant que la "plupart des salles, à l'exception de +Sierra Maestra+, +Debussy+ et +Afrique+ qui ont fait l'objet d'une réhabilitation, ont été transformées en des fourre-tout, pour l'exercice d'activités sans aucun lien avec la culture." Il a cité, à cet égard, à titre illustratif, les cas des salles "Elite" de Kouba transformée en "salle d'archives", le "Djurdjura" du boulevard Colonel Amirouche "devenue un débarras de gravats résultant des chantiers de construction d'un particulier", ou encore de la salle "Volontaire" recyclée dans le "prêt-à-porter", ou encore la salle de cinéma "Mondial" de Belouizdad "érigée en négoce de la friperie". Le constat vaut également, a-t-il indiqué, pour d'autres salles comme "Roxy", "La Caméra", "Le Musée" et autres refuges des ombres chinoises qui "ont longtemps égayé le quotidien des algérois, avant de troquer leur vocation, à leur corps défendant, à des activités commerciales, pouvant aisément trouver ailleurs des places plus appropriées pour ce faire." M. Louhal fait remarquer, au passage, que "cet état de décrépitude de ces temples du 7ème art, qui ont fait, jadis, les beaux jours d'Alger, remonte à 1977, à la faveur de l'opacité du statut juridique de ces salles", rappelant que "beaucoup de salles ont été cédées à des particuliers par des APC, et, aujourd'hui, on ne sait plus à qui elles appartiennent", a-t-il déploré. Cet ouvrage, illustré avec des photos témoignant de l'état de dégradation de ce patrimoine culturel, a été préfacé par la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi qui y voit "(…) un cri du cœur qui tombe si bien dans la conjoncture actuelle, faite de volontés multiples pour que les salles de cinéma soient rendues au cinéma et à ses amoureux." Evoquant une citation du grand poète chilien, Pablo Neruda, disant : "Un pays sans cinéma, c'est comme une maison sans miroir", Mme Toumi espère "qu'ensemble, nous ferons que la maison Algérie récupère tous ses miroirs", est-il relevé dans cette préface. En guise de plan de sauvetage de ces biens culturels, l'auteur de "Sauvons nos salles de cinéma", a invité les cinéphiles, où qu'ils soient, à se constituer en association de défense de "ces lieux dépositaires de la mémoire collective afin de les restituer à leur vocation originelle."