L'Egypte va-t-elle à la faillite ? Le plus grand pays arabe est-il proche de l'effondrement économique et financier ? Ajournée de mois en mois, une négociation importante avec le Fonds monétaire international (FMI), a repris cette semaine au Caire. Mais, au bord du Nil, l'humeur est pessimiste. Il y a le front politique d'abord. Venu du parti des Frères musulmans islamistes , le président Mohamed Morsi, s'il n'a cessé d'étendre le champ de ses prérogatives, a aussi multiplié maladresses et atteintes aux libertés politiques. A la tête de l'Etat depuis le 30 juin 2012, l'ingénieur Morsi n'a jamais trouvé un style de gouvernement susceptible de rassurer et ramener la confiance dans le pays. Tantôt il hésite, revenant sur des mesures annoncées à la hâte, tantôt il procède avec brutalité. Méfiant à l'adresse de toutes les autres formations politiques, il a donné le sentiment de privilégier sa mouvance sur l'ouverture. Ce raïs a déçu : on l'attendait grand seigneur, le voilà redevenu militant. Tout aussi grave, il confirme ce qu'on disait des Frères musulmans avant leur arrivée au pouvoir par les urnes : ils n'ont pas le moindre programme économique et social. Or le pays va très mal. Sur fond de turbulences politiques aussi déstabilisantes qu'un vent de sable, le front économique est inquiétant. Tous les indicateurs sont au rouge. Le tourisme et les investissements directs étrangers sont en chute libre. Le diesel manque, entraînant coupures de courant et chômage technique en ville comme à la campagne. Les finances publiques se dégradent. Les réserves de devises ont chuté en deux ans, passant de 36 à 13 milliards de dollars. Cela représenterait trois mois d'importation de blé et de carburant : comment fera-t-on cet été, sachant que l'Egypte est le premier importateur de blé au monde ? La livre égyptienne est en baisse, et les produits alimentaires en hausse.