La police a ouvert le feu sur des islamistes qui attaquaient un commissariat à Hergla dans l'est de la Tunisie, jeudi, tuant une personne, indique une source au sein des services de sécurité. Plusieurs centaines de militants salafistes se sont rassemblés devant le commissariat de police pour protester contre l'arrestation de plusieurs de leurs camarades qui avaient agressé des vendeurs d'alcool, ont dit la police et des témoins. «La police a tiré sur les salafistes qui attaquaient le commissariat et essayaient de l'incendier, tuant une personne et en blessant plusieurs autres», a déclaré cette source. Des sites salafistes ont publié la photo d'un jeune homme dont ils affirment qu'il a été tué d'une balle dans la poitrine. Hergla est une cité côtière située sur le golfe d'Hammamet, à une centaine de kilomètres au sud de Tunis et près de la cité touristique de Sousse. Au cours des derniers mois, les salafistes ont multiplié les agressions contre les marchands de vin dans plusieurs villes du pays. Les laïcs estiment que ces islamistes ont constitué une police religieuse et qu'ils menacent l'Etat. Mercredi, ils ont incendié une école et agressé son directeur qui avait refusé l'accès de l'établissement à une adolescente voilée. Ils ont également empêché la tenue de concerts et de spectacles dans plusieurs localités l'an dernier affirmant que ces représentations violaient les principes de l'islam. Ils sont soupçonnés par la police d'être les commanditaires de l'assassinat du leader de l'opposition Chokri Belaïd en février qui avait entraîné les troubles les plus graves qu'ait connus le pays depuis la chute de Ben Ali. La Tunisie récupère 28 millions de dollars détournés par Ben Ali Le président tunisien, Moncef Marzouki, s'est vu remettre jeudi un chèque de 28,818 millions de dollars (22 millions d'euros) d'avoirs détournés au Liban par la famille du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir en janvier 2011. Ces fonds ont été remis par le procureur général du Qatar, Ali Ben Fetaïs Al-Marri, chargé par l'ONU de coordonner les enquêtes sur les avoirs détournés par les dirigeants renversés par le printemps arabe, selon un communiqué de la présidence. Les autorités tunisiennes avaient annoncé auparavant que ces fonds avaient été saisis sur un compte en banque au Liban au nom de Leïla Trabelsi, l'épouse du président Ben Ali dont la famille avait placé l'économie tunisienne sous coupe réglée. Moncef Marzouki a indiqué dans une récente interview que le clan Ben Ali-Trabelsi et d'autres dignitaires du régime déchu avaient détourné, en vingt-trois ans de règne, entre 15 et 50 milliards de dollars. La récupération des fonds saisis au Liban est la première opération du genre, plus de deux ans après la révolution tunisienne. Les élus de l'Assemblée constituante critiquent souvent l'inaction de la diplomatie pour l'identification et la récupération des fonds détournés à l'étranger, alors que les autorités affirment que certains pays d'Europe et du Golfe 'ne coopèrent pas de façon satisfaisante' avec la Tunisie.