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Révision constitutionnelle de 2013 en Algérie
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 04 - 2013

, Pour la première fois un responsable parle de crise entre l'Etat et les citoyens : c'est le Premier ministre algérien. Du fait de l'importance du texte, qui engage l'avenir du pays, tout pouvoir crédible doit rester attaché à la volonté populaire. L'objet de cette contribution est de poser la problématique de cette révision face à la crise de confiance entre l'Etat et le citoyen, tout en n'oubliant pas le manque de crédibilité des institutions qui isolerait encore plus l'Algérie de la scène internationale.
1.-Une Assemblée non représentative : rappel chiffré des résultats du 10 mai 2012 Pour les résultats officiels des élections législatives du 10 mai 2012, avalisés par le Conseil constitutionnel le 24 mai 2012, le nombre d'électeurs inscrits a été de 21.645.841. Le nombre de votants de 9.339.026 -donnant une participation officielle de 43,14 % avec un nombre de bulletins nuls de 1.704.047. Qu'en est-il par rapport à quatre ratios en référence au nombre de votants pour chaque parti ? Le ratio nombre de sièges par rapport au total des 462 sièges ; le ratio suffrages recueillis sur nombre d'inscrits ; le ratio par rapport aux votants ; le ratio suffrages sur suffrages exprimés. Pour le FLN, le nombre de suffrages recueillis a été de 1.324.363 voix pour 208 sièges alors qu'en mai 2007 il avait obtenu 1 315. 686 voix pour 136 sièges. Le ratio suffrages recueillis sur le nombre d'inscrits a été de 6,11% ; le ratio par rapport aux votants de 14,18% ; le ratio suffrages sur suffrages exprimés de 17,34% et le ratio par rapport aux votants de 14,18%. Quant au RND, le nombre de suffrages recueillis a été de 524.057 voix pour un nombre de sièges de 68 et pour mai 2007, 591 310 voix pour 61 sièges. Pour le RND, pour mai 2012, le ratio par rapport au total sièges est de 14,71%, le ratio suffrages recueillis sur nombre d'inscrits de 2,42%, le ratio par rapport aux votants de 5,61%- et le ratio suffrages sur suffrages exprimés de 6,86%. Pour la liste de l'Alliance Algérie verte, le nombre de suffrages recueillis a été de 475.049 voix pour un nombre de sièges obtenus de 50. Alors qu'en mai 2007, le MSP seul a eu 552.104 voix pour 33 sièges. Pour cette alliance composée de trois partis islamistes, le ratio par rapport au total sièges est de 10,82% ; le ratio suffrages recueillis sur nombre d'inscrits de 2,19%, le ratio par rapport aux votants de 5,08% et le ratio suffrages sur suffrages exprimés 6,22%. Pour les autres partis limitrophes le Front des forces socialistes dont le nombre de suffrages recueillis a été de 188.275 voix pour un nombre de sièges obtenus de 27. Le ratio par rapport au total sièges est de 5,84%, le ratio suffrages recueillis sur nombre d'inscrits de 0,86%, le ratio par rapport aux votants de 2,01% et le ratio suffrages sur suffrages exprimés de 2,46%. Le Parti des travailleurs a eu 26 sièges, le nombre de suffrages recueillis a été de 283.585 voix. Par rapport aux sièges le ratio est de 5,62 % ; le ratio suffrages recueillis sur nombre d'inscrits de 1,31%, le ratio par rapport aux votants de 3,03% et le ratio suffrages sur suffrages exprimés 3,71%. Si l'on calcule le nombre de voix d'abstention (12.307.800) plus bulletins nuls, (1.704.047), plus les partis n'ayant obtenu aucun siège (1.366.656), nous aurons un total de voix de 15.378.503 voix. Donc 71,04% de la population algérienne n'est pas représentée par rapport au fichier électoral officiel. Mais fait intéressant l'Office national des statistiques (ONS), le 22 mai 2012 le nombre d'Algériens en janvier 2012 est de 37,1 millions. Le nombre d'adultes en Algérie étant de 23 373 000, l'on déduit que les inscrits sur le fichier électoral annoncé par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui sont de 21 645 841 donne 1 727 159 adultes algériens non inscrits sur les listes électorales. Ainsi, le FLN qui a eu 6,11% de voix accaparant pour 21.645.841 inscrits ne représenterait plus que de 1.324.363 divisé par 23.373.000, soit 5,66% des inscrits potentiels, le RND 2,21% et l'Alliance verte 2,03%, le FFS 0,79% et le PT 1,21%. Ainsi, ces personnes non inscrites, prenant l'hypothèse à vérifier d'une action consciente, ajouté au total abstentions plus les bulletins nuls nous avons 17.105.6627, soit 79,02% qui n'ont fait aucun choix. Pour l'ensemble des partis, FLN, RND, Alliance verte, FFS, PT ayant eu au total 379 sièges, 82,03% mais par rapport aux données de l'ONS seulement 9,87% de voix par rapport aux inscrits potentiels. 2.- Les raisons de la démobilisation populaire : l'Algérien préoccupé de son devenir L'important est de tirer les leçons, afin de débloquer la situation économique et sociale caractérisée par le statu quo et l'immobilisme, en fait la panne de la réforme globale, le gouvernement dépensant sans compter, distribuant des revenus sans contreparties productives, généralisant les subventions mal gérées et mal ciblées, pouvant conduire le pays à terme à une hyperinflation, faute de cohérence et de visibilité dans la démarche. Cela implique que l'on définisse d'une manière claire et datée le futur rôle de l'Etat dans le développement, durant cette période difficile de transition, concilier les impératifs d'efficacité et le devoir de l'équité à travers l'Etat régulateur. L'économie algérienne est fortement bureaucratisée avec la dominance des relations informelles, n'étant actuellement ni une économie étatisée, ni une véritable économie de marché étant dans l'interminable transition depuis plusieurs décennies expliquant les difficultés de la régulation tant politique, sociale qu'économique. La population algérienne face à une inflation importante est préoccupée par la détérioration de son pouvoir d'achat et que face au syndrome hollandais, les Algériens sont inquiets pour leur avenir, les pouvoirs publics donnant de fausses données sur le taux de chômage et d'inflation, qui discréditent encore plus certains ministres déconnectés de la réalité. L'Algérie actuellement est en plein syndrome hollandais. Le syndrome hollandais est apparu en 1970 et fait référence aux difficultés rencontrées par l'économie hollandaise suite à l'exploitation, dans les années soixante, des réserves de gaz naturel du gisement de Slochteren. L'augmentation des exportations produit un excédent commercial et importer des biens/services devient alors plus avantageux que de les produire localement, ce qui peut produire une réduction de la production nationale et donc une plus forte dépendance aux importations, un accroissement du chômage et la généralisation de la corruption (gain facile et corruption). Cela peut concerner également d'autres ressources naturelles comme cela a été le cas de l'Espagne avec la découverte de l'or en Amérique latine qui, aussitôt épuisé, a conduit l'Espagne à une récession de plus de deux siècles. Le budget de l'Etat est ainsi essentiellement alimenté par une fiscalité pétrolière comme l'économie algérienne. Cela explique que malgré le pré- programme 1999/2003 (7 milliards de dollars US), le programme 2004/2009, dont le montant selon la déclaration du chef du gouvernement algérien de l'époque, en date du 12 novembre 2007, à 200 milliards de dollars US, et le nouveau programme 2010/2014 de 286 milliards de dollars dont 130 sont des restes à réaliser du programme 2004/2009 les résultats sont mitigés et à ce jour aucun bilan n'a été dressé par les pouvoirs publics se contentant à travers la télévision algérienne qui n'a aucun impact de relater les réalisations physiques à dominance d'infrastructures (70% de ces dépenses) sans se préoccuper des coûts et des impacts réels. Devant le bilan mitigé des réformes établi d'ailleurs tant par les organismes officiels qu'internationaux, il s'avère qu'il y a urgence du redressement socioéconomique de l'Algérie. En effet, face à une population de plus de 37 millions d'habitants en janvier 2012, (allant vers les 50 millions dans quelques années) et une population active dépassant les millions en 2012, avec une demande additionnelle d'emplois annuelle de 350.000/400.000 par an qui s'ajoute au stock sous-évalué avec des emplois temporaires fictifs improductifs, des emplois informels marchands dominants plus de 40% et des sureffectifs dans les entreprises publiques et administrations, la vocation de Sonatrach n'étant pas de créer des emplois, des réserves de change ( richesse virtuelle) qui dépassent en avril 2013 les 200 milliards de dollars US,(86% étant placés à l'étranger à un taux dérisoire tenant compte de l'inflation mondiale), un stock de la dette extérieure inférieur à 4 milliards de dollars US, et un stock de la dette intérieure à 1 milliard de dollars, nous assistons à une croissance du PIB mitigée non proportionnelle aux dépenses monétaires (3% entre 2004/2013 alors qu'il aurait dû être de 10/15%), montrant la mauvaise gestion, la corruption généralisée et la mauvaise allocation des ressources financières. Les taux de croissance, de chômage et d'inflation officiels sont des taux artificiels que voile la rente des hydrocarbures où nous assistons à une redistribution passive de revenus pour une paix sociale éphémère. Nous assistons donc à une nette détérioration du pouvoir d'achat de la majorité de la population où 70% vivent avec un revenu inférieur à 200 euros consacrant plus de 70% de ce modeste revenu aux produits de première nécessité qui connaissent une inflation galopante. Cette situation de l'Algérie de 2013, avec une nette concentration du revenu au profit de couches rentières au détriment des producteurs de valeur ajoutée directement (la sphère économique) ou indirectement (l'Education, la Santé), malgré des transferts sociaux (10 % du PIB) mal ciblés et mal gérés, trouve son essence dans le fait que les deux piliers du développement du XXIe siècle, face aux enjeux de la mondialisation, à savoir la bonne gouvernance (mauvaise gestion généralisée et corruption socialisée) et la valorisation du savoir sont subordonnées aux intérêts rentiers. Cela explique la démobilisation de la population algérienne face à ce paradoxe de l'aisance financière et d'une relative régression économique et sociale : un Etat riche mais une population de plus en plus pauvre. Les tensions sociales actuelles montrent clairement que continuer dans l'actuelle politique socioéconomique conduit l'Algérie droit au mur, d'autant plus que l'épuisement des hydrocarbures traditionnels (pétrole et gaz conventionnel) est pour bientôt horizon 2025 au moment où la population tendra vers 50 millions d'habitants. (A suivre)

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