Couleurs harmonieuses ou contrastées, profusion inouïe de formes et de motifs, et une fantaisie dans la composition des tableaux menée avec la plus grande minutie, ainsi se présente l'exposition «Métamorphoses» du peintre Amor Idriss Dokman inaugurée jeudi à Alger. L'artiste expose jusqu'au 30 mai au palais de la culture Moufdi Zakaria une cinquantaine d'œuvres, non titrées et numérotées aléatoirement, où il utilise une multitude de cravates, découpées ou posées telles quelles sur le tableau, pour emplir ses toiles de couleurs et de formes exubérantes. Ces cravates «glanés dans un marché de gros à El-Harrach (Alger)», explique Dokman, plus originales les unes que les autres, lui permettent de «fabuler» à partir des motifs qui les composent, selon l'inspiration du moment et les thèmes que l'artiste souhaite développer. Réalisés à partir d'une technique acrylique sur tissu cousus à même la toile, ces tableaux où dominent les couleurs chaudes comme le jaune ou l'orange, s'inspirent également de thèmes liés au patrimoine culturel algérien, particulièrement de la Kabylie. Ainsi, le visiteur pourra admirer les couleurs chatoyantes des robes kabyles (entre vert, rose et mauve) ou encore les lignes en croix diagonale que l'on peut retrouver sur certaines poteries de la même région. Par ailleurs, les toiles de Dokman sont marquées par l'utilisation des références animales (ours, oiseaux, papillons, etc.) et florales qui composent certaines cravates et que l'artiste multiplie sur l'espace du tableau. Autre particularité, l'utilisation des formes géométriques dans la construction du tableau, des carrés reproduits en série aux ronds qui accentuent les courbures des lignes, en passant par celles des cravates nouées qu'il pose en parallèle ou croise, selon le tableau. Amor Idriss Dokman joue par ailleurs sur le contraste des couleurs dans certaines toiles en provoquant des mariages inattendus, comme le vert et le rose ou encore le grenat et le bleu. Faire vivre les toiles par le regard du visiteur Fantaisistes en apparence, les toiles de l'artistes découlent d'une «réflexion», ainsi qu'il l'explique, sans pour autant donner d'indications ou de précisions, préférant «laisser le visiteur interprété par lui même et faire vivre la toile à travers son propre regard». Seule œuvre figurative de l'exposition, la toile numéro quarante deux, représente un phénix blanc jaillissant d'un fond violet. Un motif dont l'artiste a bien voulu livrer l'interprétation en liant la toile à «son espoir de paix et de renaissance» qu'il espère pour l'Algérie. Né en 1964 à Alger, Amor Idris Dokman est titulaire d'un diplôme de technicien supérieur de la santé en plus de celui d'éducateur spécialisé en formation artistique. Ancien élève de l'Ecole supérieur des Beaux-arts d'Alger, il compte à son actif, un grand nombre d'expositions individuelles en Algérie et en France. Il a été, en outre, deux fois commissaire général du Salon d'automne (2008 et 2009), une exposition collective qui réunit chaque année des artistes de différentes régions d'Algérie au Palais de la culture à Alger.