Les responsables de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique décident de paralyser le 15 janvier prochain plusieurs secteurs névralgiques du pays. Douze syndicats autonomes affiliés à la coordination et représentant les secteurs de la Santé, de l'Enseignement supérieur, de l'Education, des vétérinaires, des psychologues et de l'administration de la Fonction publique rédigeront dimanche prochain chacun de son côté un préavis de grève qu'ils déposeront le lendemain au niveau de leur ministère de tutelle. Une démarche rappelant que les représentants des fonctionnaires sont respectueux des lois de la République. La colère et la déception sont les sentiments qu'éprouvent actuellement les travailleurs de la Fonction publique, notamment ceux de l'éducation qui ont été destinataires récemment d'une mouture de l'avant-projet du décret exécutif portant statut particulier des fonctionnaires de l'éducation nationale. Un document qualifié de coquille vide par les syndicats du secteur. Le débrayage du 15 janvier est une riposte des fonctionnaires pour exprimer leur mécontentement. Il intervient aussi suite à l'érosion du pouvoir d'achat des travailleurs et des citoyens de manière générale ainsi que de l'inflation incontrôlée qui rend insignifiantes les augmentations infimes des salaires décidées par les pouvoirs publics. « Nous ne sommes pas du tout satisfaits du statut particulier de l'enseignant. Sans aucune exagération, nous qualifions la nouvelle grille des salaires de supercherie. » C'est là l'avis de la majorité des syndicats autonomes qui considère la grève comme étant une façon aussi de dégager toute responsabilité d'autant plus que leurs propositions en la matière n'ont pas été prises en considération. « C'est la montagne qui a accouché d'une souris à partir du moment où les principales primes ont été diluées dans les nouveaux salaires. Le statut ne répond nullement aux attentes et aux aspirations des milliers de fonctionnaires », a tonné Meziane Mériane, chef de file du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (SNAPEST), lors d'une conférence de presse animée hier, à Alger. Les pouvoirs publics ont déçu plus d'un. Finalement, selon M. Mériane, le tapage médiatique n'était que de la poudre aux yeux. Développant le point de vue des membres du SNAPEST, dont le conseil national s'est réuni mardi dernier, M. Mériane fera remarquer que le ministère de l'Education n'a retenu aucune des suggestions du SNAPEST concernant cet avant-projet, remises à la tutelle le mois de juin 2007. Dans ce contexte, une correspondance sera transmise au département de M. Benbouzid l'invitant à revoir le contenu du projet. Le conférencier a estimé que cet avant-projet verrouille toute action syndicale. Il ne fait aucune référence au régime indemnitaire, il n'y a aucun mot concernant la classification des maladies professionnelles. Sur le volet social, le projet n'évoque pas le logement social pour les éducateurs qui était de par le passé un droit pour les enseignants. « Nous craignons pour les acquis arrachés par les enseignants après un long combat », a déclaré l'orateur. M. Mériane a rappelé en tout début de la conférence que la journée du 15 a été choisie en l'honneur de Osmane décédé en plein exercice et dont le syndicat prend part au mouvement de débrayage. De son côté, Boudjenah Abdelkrim, coordinateur du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE), a tenu une conférence de presse à l'issue de la session ordinaire du conseil national révélant que son organisation émet des réserves sur l'avant-projet du décret exécutif portant statut particulier des fonctionnaires de l'éducation nationale. Ce dernier, de l'avis de l'orateur, renferme de multiples contradictions qui créeront inévitablement de sérieux problèmes entre les travailleurs du secteur de l'éducation. « Nous avons l'impression que nous sommes de simples figurants. Le ministère nous a associés à la confection du projet de loi, nous avons fait des propositions dont la plupart n'ont pas été prises en considération. Nous devons unifier nos forces dans un cadre syndical pour faire face à cette négligence », a soutenu M. Boudjenah, dont le syndicat adhère au mouvement de protestation du 15 janvier. Pour ce qui est des augmentations dont bénéficieront les travailleurs de l'éducation, M. Boudjenah a expliqué qu'il n'est pas facile de se prononcer dans l'immédiat sur le sujet d'autant que le régime des indemnités est toujours en cours d'élaboration. Parmi les principales revendications du syndicat figure la révision de la nouvelle grille des salaires, car elle n'a pas traité certains problèmes contenus dans la précédente, telle la préférence des diplômés de certaines écoles supérieures au détriment d'autres écoles et instituts. Le conférencier a estimé que le point relatif aux sanctions des premier et deuxième degrés infligées aux enseignants allant jusqu'à la dégradation en cas d'absence des conseils est très sévère, appelant à son changement. L'article relatif à l'augmentation du point indiciaire de l'enseignant coordinateur du moyen et du secondaire constitue l'autre revendication du syndicat. Le SNTE a saisi par écrit le président de la République lui demandant d'intervenir pour prendre en charge les doléances des enseignants, notamment la révision de la grille des salaires qui ne répond nullement aux attentes de la corporation.