Des attentats aux voitures piégées ont explosé hier à Reyhanli, une petite ville du sud de la Turquie, près de la frontière avec la Syrie faisant au moins 40 morts et 100 blessés dans un bilan provisoire. Le nombre des morts pourrait s'alourdir dans les prochaines heures en raison de l'état grave des blessés. Deux véhicules remplis d'explosifs ont explosé vers 13 heures, heure locale (midi en France) devant la mairie et la poste de Reyhanli, dans la province de Hatay, une localité située à huit kilomètres d'un important poste-frontière avec la Syrie. Les déflagrations étaient particulièrement puissantes et les secouristes recherchaient d'éventuelles victimes sous des décombres d'immeubles effondrés, selon les autorités d'Anatolie, qui mentionnaient plusieurs véhicules totalement détruits par les explosions. La mairie notamment a été gravement endommagée et les explosions ont provoqué une coupure d'électricité dans toute la région avoisinant Reyhanli, a rapporté la chaîne d'information NTV. Les attentats ont provoqué une grande panique chez les habitants et des groupes de jeunes ont commencé à prendre à partie les ressortissants syriens présents à Reyhanli, contraignant la police à tirer en l'air pour disperser la foule, a indiqué NTV. Des milliers de Syriens fuyant les combats dans leur pays séjournent à Reyhanli et dans le camp de réfugiés jouxtant la ville. Au total, 400 000 Syriens ont trouvé refuge en Turquie. Ankara soutient les rebelles syriens et a appelé le président Bachar al-Assad à quitter le pouvoir. Le ministre turc de l'Intérieur a annoncé une enquête pour «éclaircir» le lien entre ces attentats et le conflit qui sévit en Syrie depuis plus de deux ans. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a cependant souligné la «coïncidence» entre ces attaques et une «accélération» des efforts pour résoudre la crise syrienne, avec notamment une visite prévue de Recep Tayyip Erdogan à Washington le 16 mai. Pour le ministre, cet attentat est une «provocation» visant à saboter le processus de paix mené depuis plusieurs mois par Ankara avec les rebelles kurdes, selon la chaîne NTV. Ce n'est pas le cas de l'opposition turque qui accuse le pouvoir islamiste en place, l'accusant d'avoir entraîné le pays dans des conflits qui ne concernent nullement le peuple Syrien. «Après la Libye, les islamistes au pouvoir ont une nouvelle fois récidivé, et ce, en impliquant la Turquie dans le bourbier syrien», a indiqué l'opposition.