Selon Omar Zaghouane, directeur général de l'Institut technique des grandes cultures (ITGC), la campagne de moissonnage-battage des céréales s'annonce bonne pour cette année. Cependant, il fait état de quelques difficultés sur le plan des conditions climatiques dans certaines wilayas des Hauts-Plateaux à l'est du pays. Il rappelle que durant les quatre dernières années, la moyenne de la production céréalière a tourné autour de 50 millions de quintaux et estime que cette saison, la production attendue ne s'en éloignera pas. Il annonce qu'une évaluation est cours, à partir d'enquêtes sur le terrain au niveau des différentes wilayas, en utilisant les images satellitaires dans les unités SIG (système d'information géographique) ainsi que les données de la FAO (Fonds des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) et du Centre international des céréales, pour connaître avec plus de précision quelles va être la quantité qui sera récoltée. Il fait remarquer que, pour le moment, les chiffres concernant la production nationale ne sont pas encore fixés. Pour M. Zaghouane, la campagne 2009 a été une production record, une année exceptionnelle avec 62 millions de quintaux. Il fait observer qu'entre 2000 et 2008, la production annuelle moyenne était autour de 31 millions de quintaux. A propos des rendements, le DG de l'ITGC fait remarquer que l'Algérie est un pays semi-aride et qu'il ne faut pas le comparer, par exemple, à la France, qui a d'autres conditions climatiques et qui peut atteindre même des rendements de 100 q/ha. Il fait savoir que, dans certaines wilayas où les conditions sont bonnes, comme Tiaret, le rendement est de 50 q/ha, Constantine 70 q/ha, Aïn Defla 80 q/ha, là où les agriculteurs sont en progrès techniquement et acceptent de faire le travail qui est nécessaire. La possibilité de le faire existe mais nous sommes liés, dit-il, aux conditions climatiques à la disponibilité de l'eau, ce qui n'est pas assurée partout. Au niveau du Sud, cela peut se faire puisqu'il y a de l'eau et des efforts sont faits dans ce sens pour la production céréalière, de maïs en irrigué, mais au niveau du nord, les capacités hydriques pour pouvoir irriguer les 3 ,5 millions d'hectares n'existent pas, souligne-t-il. Il rappelle que l'année passée a été un peu difficile, et cette année les difficultés ont concerné certaines wilayas. Le maximum est fait pour mobiliser les volumes d'eau en collaboration avec le ministère des Ressources en eau, mais pour le moment 30 q/ha de moyenne nationale, ce n'est pas encore possible, mais à moyen terme, dans trois-quatre ans, il estime que ce sera possible, entre 25 et 30 q/ha, en tout cas, dit-il, c'est l'objectif du ministère. Il estime que le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a mis en place tous les moyens (au plan technique, foncier) pour que l'agriculture puisse améliorer son travail et intégrer le programme national de production céréalière qui est un programme stratégique, car il s'agit de garantir la sécurité alimentaire. Il soulève le problème de la petite taille des exploitations agricoles algériennes. Il explique que pour pouvoir produire plus et mieux, il faut investir, les agriculteurs qui ont moins de 10 hectares ne peuvent pas le faire, investir, par exemple, dans un tracteur, une moissonneuse-batteuse. Dans ce sens, les Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) jouent un rôle prépondérant dans le développement des céréales et des légumes secs, dit-il, en mettant à la disposition des agriculteurs, sous forme de location ou autre, tous les équipements nécessaires mais aussi engrais, semences certifiées, les instituts leur apportent la technologie, et en plus, il y a, ajoute-t-il, le soutien de l'Etat pour financer tout cela et permettre à l'agriculteur de pouvoir produire mieux et plus. C'est un soutien qui n'existe dans aucun autre pays au monde, fait-il remarquer, notamment pour le prix d'achat de la production aux agriculteurs, qui est supérieur au prix sur le marché international, mais aussi dans le soutien à l'achat des intrants et des équipements par les agriculteurs. Pour les machines, l'Etat a mis en place un dispositif qui permet à l'agriculteur de livrer sa vielle machine et prend une machine neuve pour laquelle il ne paie que 30% du prix. Pour les semences, pour 2012/2013, un peu plus de 2 millions de quintaux de semences ont été mis à la disposition des agriculteurs, cela représente plus de 60% des besoins. Il rappelle qu'il s'agit de semences nationales, puisque depuis 1994, l'Algérie n'importe plus de semences de céréales, épargnant ainsi l'équivalent de 140 millions de dollars. Au sujet des récoltes, M. Zeghouan assure qu'il n'y aura aucun problème pour cette saison. «Sur le plan de la récolte, le problème ne se posera pas. Pour cette campagne, la CCLS met à la disposition des agriculteurs plus de 1200 moissonneuses-batteuses pratiquement neuves. Aujourd'hui, une partie de ces machines sont au sud, mais elles vont remonter, puisque la période de récolte sera bientôt terminée dans cette région.» M. Zeghouan poursuit : «Il y a 13 000 moissonneuses-batteuses au niveau national, le parc de la CCLS n'en représente que 10%. L'apport des machines privées est donc très important, dans la mesure où nous avons 3,5 millions d'hectares à récolter dans des délais très courts.» Pour les capacités de stockage, «toutes les dispositions sont prises au niveau des comités de wilaya, y compris le wali y participe. Les capacités des CCLS, en plus de celles des Eriad, du secteur privé, vont permettre de stocker l'ensemble de la production. La capacité de stockage se situe autour de 30 millions de quintaux et un programme de développement est mis en place au niveau des CCLS, visant à l'accroître de 10 millions de quintaux, pour porter la capacité de stockage totale à 40 millions de quintaux, sans compter les réquisitions éventuelles par les walis». Il y a ce que gardent les agriculteurs pour leur consommation propre. Cette année, tout le monde va vouloir récolter avant le mois de Ramadhan. Il a évoqué le programme d'extension des terres agricoles pour accroître la production et aller jusqu'à 5 millions d'hectares pour la céréaliculture. Il rappelle qu'il y a 2,5 millions d'hectares en jachère non cultivés.