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Inefficace, sans une vision stratégique globale
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 06 - 2013

Encore un nouveau code d'investissement. S'inscrit-il dans une vision stratégique ? Le secrétaire général de l'UGTA, se substituant au gouvernement, annonce officiellement que la règle des 49-51% est irréversible. Ce syndicat appendice de l'Etat est-il d'abord véritablement représentatif du monde du travail face à l'ébullition sociale où il a été incapable de servir d'intermédiation sociale et mobiliser les travailleurs malgré les importantes subventions accordées par l'Etat laissant les forces de sécurité confrontés aux manifestants grévistes ? Or toute loi est adaptable en fonction de nouvelles situations devant privilégier uniquement la création de valeur ajoutée interne.
Il est maintenant admis par la majorité des observateurs impartiaux qu'en dehors des secteurs stratégiques, historiquement datés, cette règle constitue une source de blocage au développement de l'Algérie, contrairement à certains discours chauvinistes qui cachent des intérêts de rente. La mentalité bureaucratique depuis l'indépendance politique, produit de la logique rentière est de croire qu'une loi suffit pour résoudre les problèmes. 1. Or je rappelle que l'économie algérienne a connu différentes formes d'organisation des entreprises publiques. Avant 1965, la forme d'autogestion était privilégiée ; de 1965 à 1980, nous avons eu de grandes sociétés nationales et de 1980 à 1988, il y a eu la restructuration des grandes sociétés nationales. Comme conséquence de la crise de 1986 qui a vu le cours du pétrole s'effondrer, des réformes timides sont entamées en 1988 : l'Etat crée 8 Fonds de participation qui étaient chargés de gérer les portefeuilles de l'Etat. En 1996, l 'Etat crée 11 holdings en plus des cinq régionaux avec un Conseil national des privatisations ; en 2000, nous assistons à leur fusion en 5 mégaholdings et la suppression du Conseil national des privatisations ; en 2001, nouvelle organisation et l'on crée 28 Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP) en plus des grandes entreprises considérées comme stratégiques. En 2004, ces SGP sont regroupées en 11 et 4 régionaux. En 2007, une nouvelle organisation est proposée par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, articulée autour de quatre grands segments : des sociétés de développement économique qui relèvent de la gestion exclusive de l'Etat gestionnaire ; des sociétés de promotion et de développement en favorisant le partenariat avec le secteur privé international et national ; des sociétés de participation de l'Etat appelées à être privatisées à terme et, enfin, une société chargée de la liquidation des entreprises structurellement déficitaires. Cependant, en 2008, cette proposition d'organisation est abandonnée. Une commission, dont les résultats ne sont pas connus à ce jour, est créée pour déterminer la future organisation du secteur public économique. «Ces changements d'organisation périodiques démobilisent les cadres du secteur économique public, et même les investisseurs locaux et étrangers, montrant clairement la dominance de la démarche administrative et bureaucratique au détriment de la démarche opérationnelle économique. On assiste à un gaspillage des ressources financières et à un renforcement de la dynamique rentière et cela bloque tout transfert technologique et managérial. Ainsi l'Algérie ayant les meilleurs lois du monde mais rarement appliquées 2. L'essentiel, ce ne sont donc pas les lois mais de s'attaquer au fonctionnement du système afin de déterminer les blocages qui freinent l'épanouissement de l'entreprise créatrice de richesses, qu'elles soient publiques, privées locales ou internationales. Combien n'avons vu de codes d'investissement depuis des décennies et le constat est toujours amer :après 5O années d'indépendance politique , l'Algérie n'a pas d'économie. 98 % des exportations du pays sont issues des seuls hydrocarbures et important environ 70/75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées. Ceux-ci ont généré quelque 600 milliards de dollars de recettes en devises entre 2000 et 2012, selon les bilans de Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures. Cette manne a permis à l'Algérie d'éteindre sa dette extérieure et de diminuer artificiellement sa dette intérieure, et de disposer de réserves de change considérables, 200 milliards de dollars selon le FMI, en janvier 2013, 190 milliards, selon la Banque d'Algérie dont 86% placées en majorité en bons du Trésor américains et en obligations européennes à un taux fixe de 3%, (les intérêts rapportés en 2011 ayant été de 4,7 milliards de dollars, réserves auquel il faut ajouter les 173 tonnes d'or). Paradoxe, le PIB algérien reste modeste à 188,6 milliards de dollars en 2012 selon le FMI, dont plus de 40-45 % générés par les hydrocarbures et en réalité, tenant compte des effets indirects de la dépense publique via toujours les hydrocarbures, restant que moins de 20% pour les véritables producteurs de richesses et ce pour 37,9 millions d'habitants au 1er janvier 2013, selon l'estimation de l'Office national des statistiques (ONS). Comme on ne saurait minimiser la corruption qui freine la mise en œuvre d'affaires saines. Un rapport, rendu public le 29 mai 2013 par la Banque africaine de développement (BAD) sur la fuite des capitaux en Afrique, fait ressortir que le montant des capitaux transférés en dehors de l'Algérie de manière illicite, (dominée par les surfacturations) entre la période allant de 1980 à 2009, a atteint la somme astronomique de 173,711 milliards de dollars US. L'Algérie, suivant les données de ce rapport, vient en quatrième position des pays africains les plus touchés par cette hémorragie, derrière respectivement le Nigeria (252,357 milliards), la Libye (222,875 milliards) et l'Afrique du Sud avec 183,794 milliards de dollars. 3.-L'investissement hors hydrocarbures en Algérie, porteur de croissance et créateur d'emplois, est victime de nombreux freins dont les principaux restent l'omniprésence de la bureaucratie et la corruption qui freinent la mise en œuvre d'affaires, ainsi que l'extension de la sphère informelle qui contrôle plus de 40 % de la masse monétaire en circulation. Le terrorisme bureaucratique représente à lui seul plus de 50 % des freins à l'investissement» dont l'élimination implique «l'amélioration de la gouvernance et une plus grande visibilité et cohérence dans la démarche de la politique socio-économique». La léthargie du système financier pourrait représenter 30 % , le fait qu'il faut «plusieurs mois» pour le virement d'un chèque d'une région à une autre. A cela s'ajoute la marginalisation du secteur privé puisque les banques publiques continuent à accaparer 90 % des crédits octroyés. Pourtant ces banques publiques ont carrément été saignées par les entreprises publiques avec un assainissement qui a coûté au Trésor public «plus de 60 milliards de dollars entre 1991 et 2012», entraînant des recapitalisations répétées. En outre, l'absence d'un marché foncier «libre» et l'inadaptation du marché du travail à la demande constituent également des freins à l'investissement hors hydrocarbures. Ce dernier, représente environ 10 % des raisons de blocage. 4.-Aujourd'hui, afin de redonner espoir à la population, d'en finir avec tous les types de contraintes et «d'éviter une crise tant économique que politique que l'on atténue par la distribution de la rente pour acheter une paix sociale fictive, il faudra «entre 2013 et 2017 doubler le produit intérieur brut, soit plus de 39O milliards de dollars à prix constants avec une diminution des sections rentes». Globalement, l'Algérie doit tenir compte du processus de mondialisation, en s'y adaptant, notamment à travers «une volonté politique de libéralisation maîtrisée, devant tenir compte des transformations du monde, se fondant sur les grands espaces régionaux au sein de l'intégration du Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique, continent à enjeux multiples qui à l'horizon 2O3O tirera la croissance de l'économie mondiale en général. Aussi avec l'épuisement des ressources en hydrocarbures horizon 2O25, est-il urgent de penser d'ores et déjà à la transition énergétique qui devra s'insérer dans le cadre de la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures supposant un profond réaménagement des structures du pouvoir algérien assis sur la rente, l'intégration économique régionale dans le cadre euro-méditerranéen et euro-africain étant vitale.

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