Vingt-huit personnes ont été tuées et plus d'une soixantaine d'autres blessées à la suite d'un affrontement opposant des manifestants et des ex-thouar à Benghazi, a indiqué une source hospitalière. Tout a commencé par une manifestation organisée par des habitants de Benghazi dénonçant le comportement et l'excès de zèle des éléments de la brigade des ex-thouars, dite «Bouclier de la Libye», envers les citoyens. Les manifestants ont encerclé la caserne, demandant aux autorités locales de désarmer les ex-rebelles. Refusant de déposer les armes, des manifestants ont tenté de les déloger par la force, mais ils furent accueillis par les tirs nourris des éléments de la brigade. «Nous ne voulons plus de cette milice, ils doivent laisser la place aux forces de sécurité régulière», a déclaré un manifestant aux journalistes. M. Tarhouni a défendu «la légitimité» de sa brigade, affirmant qu'elle dépendait officiellement du ministère de la Défense. Selon lui, il y a eu d'abord une manifestation pacifique de plusieurs heures devant le QG de sa brigade, une ancienne caserne de l'armée de Kadhafi. «La manifestation a été infiltrée par des hommes armés qui ont tiré sur nos locaux et ont jeté des Jelatina» (bombe artisanale), a-t-il expliqué. Ali al-Chikhi, porte-parole du chef d'état-major, a affirmé que «Bouclier de Libye» était «une force de réserve de l'armée libyenne» et que l'attaquer équivalait «à une agression contre une force légitime». Le colonel al-Chikhi a qualifié de «très dangereuse» l'attaque contre la brigade, appelant toutes les parties à la retenue. Selon le porte-parole de cette milice, Adel Tarhouni, la brigade déplore la mort d'un de ses éléments et 7 blessés. A en croire la déclaration du porte-parole, il y aurait 27 morts et 53 blessés dans le camp des manifestants. De son côté, le Premier ministre, Ali Zeidan, a annoncé que «Bouclier de Libye» a quitté sa caserne et que l'armée régulière en a pris possession et contrôle les armes lourdes qui s'y trouvent. Dans une déclaration à la télévision nationale, M. Zeidan a annoncé l'ouverture d'une enquête pour déterminer les responsabilités, tout en appelant les parties à la retenue. En octobre, des habitants de Benghazi s'étaient déjà rebellés contre les milices, délogeant certaines d'entre elles de leurs bases. Le nouveau pouvoir en Libye a échoué à désarmer et dissoudre les groupes d'ex-rebelles qui font la loi dans le pays et tente de légitimer certains d'entre eux, malgré l'opposition d'une grande partie de la population. Démission du commandant des forces armées libyennes Les incidents qui ont éclaté entre une partie des habitants de Benghazi et les ex-rebelles et qui ont fait, dans un premier bilan, 28 morts et 60 blessés ont contraint le commandant des chefs des armés à démissionner. Le chef des armées démissionnaire a été nommé par le président du Conseil nationale de transition (CNT) au début du mois de janvier 2012. Youssef El- Mankouch était un général à la retraite, originaire de Misrata, l'un des bastions de la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi. Il a participé très tôt au soulèvement, qui a conduit à la chute puis la mort de Kadhafi, le 20 octobre, et a occupé le poste de vice-ministre de la Défense. Il a choisi de quitter le service actif pour rejoindre les insurgés, dès le début de la révolution. Arrêté par les forces de Kadhafi, il a ensuite été libéré par les rebelles. Malgré sa participation à la rébellion, sa nomination à la tête des forces armées a été contestée par les ex-thouars.