Le médecin-chef du service de médecine légale du Centre hospitalo-universitaire Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou a suggéré, mercredi dernier, «l'écoute, l'accompagnement et le soutien moral» pour la prise en charge des femmes victimes de violence. «L'écoute, l'accompagnement ainsi que le soutien moral sont autant de motivations capables de susciter chez les victimes un sentiment de se réinvestir et à se projeter dans l'avenir», a-t-il dit. Il s'exprimait lors d'un colloque national sur les violences conjugales à l'égard des femmes, organisé par le département de droit de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, à l'auditorium Hasnaoua I. «Sur le plan de réparation et d'indemnisation, le parcours des victimes reste ténébreux, jonché d'obstacles et de difficultés aussi bien en matière d'accompagnement sanitaire, médicolégal, psychologique que judiciaire, administratif juridique et associatif», a-t-il relevé. Dans sa communication intitulée «La violence conjugale : étude statistique du service de médecine légale du CHU de Tizi Ouzou», ce spécialiste a estimé qu'un travail de sensibilisation de l'ensemble des acteurs de la société est nécessaire pour briser les murs du silence, lever le tabou, et installer une dynamique sociale et institutionnelle à même de favoriser l'insertion sociale des victimes, afin de prévenir la violence à l'égard des femmes, «jamais acceptable, jamais excusable et ni tolérable». Car, a-t-il poursuivi, ces violences subies par les femmes au sein du couple constituent une atteinte grave aux droits fondamentaux de la personne humaine. «Les femmes ont le droit de vivre à l'abri de cette violence quelles que soient les circonstances et lorsqu'elles sont victimes de brutalités elles voient certains de leurs droits bafoués», a rappelé le Pr Boulassel, citant le droit à l'intégrité physique et mentale, le droit à la liberté d'expression, et autres droits... S'appuyant sur un récapitulatif de l'activité de son service sur une période de cinq années (2006/ 2011), l'intervenant a relevé une «nette augmentation, d'année en année» de cas de femmes violentées volontairement examinées, au service notamment durant les années 2009 au nombre de 345 cas, 433 en 2010 et 547, en 2011. Les femmes mariées, a-t-il fait observer, représentent plus de la moitié soit 58%, des cas examinés au service pour violences conjugales. «43 % d'entre elles sont sans emploi et la tranche d'âge la plus touchée avoisine un taux de 26%, toutes victimes de violences volontaires présentant pour la plupart soit des ecchymoses ou égratignures ou des hématomes», a-t-il dit, révélant que les agressions contre les femmes mariées notamment, sont enregistrées au domicile de la victime dans 66% des cas, alors que les célibataires sont victimes de violence sur la voie publique dans 20% des cas. S'agissant des violences sexuelles à l'égard des femmes et des fillettes, l'intervenant a fait remarquer que sur les 42 cas examinés au service, plus de la moitié se sont déroulées à domicile (52%) et près du tiers (29%) dans un lieu public. «L'agent vulnérant le plus utilisé est l'arme naturelle avec 33,4%, les objets contendants dans 19% des cas». Le médecin-chef du service de médecine légale a, par ailleurs, recommandé le renforcement de la législation en matière de violences conjugales, la création des centres de transition ou d'hébergement, des centres de détresse et d'aide morale aux victimes, un service d'écoute téléphonique d'urgence avec des numéros verts et, l'organisation des ateliers et campagnes de sensibilisation avec le mouvement associatif. Enfin, le Pr Boulassel a rappelé que son service, offre une consultation médico-légale spécialisée en matière de violence envers les femmes battues. «le médecin légiste, spécialiste de la violence, accueille, écoute, examine, constate et décrit les blessures. Ces constations peuvent être faites à la demande de la victime ou d'une autorité requérante (officier de police judiciaire, des services de sécurité (police et/ou de la Gendarmerie nationale, magistrats, ...)