OUZOU - Les intervenants à la clôture jeudi du colloque national sur les violences conjugales à l'égard des femmes, abrité deux jours durant par l'université de Tizi-Ouzou, ont insisté sur la mise en place d'un protocole de prise en charge des femmes victimes de la violence sous toutes ses formes. "Ce protocole de prise en charge aura à définir les missions des différentes parties impliquées dans la prise en charge des femmes victimes de violence, en vue d'un accompagnent judicieux de celles-ci aux plans psychologique, juridique, social et économique", a souligné le Pr Brahim Boulassel, chef de service de médecine légale au CHU de Tizi-Ouzou. "Sur 16.000 cas de coups et blessures volontaires enregistrés au niveau de ce service, durant la période allant de 2006 à 2011, plus d'un tiers est représenté par des femmes ayant subi des actes de violence, dont 4% de cas d'incapacité totale temporaire de travail", a indiqué ce praticien en relevant que "la majorité des femmes violentées, malgré leur sollicitation d'un certificat médical de constat de coups et blessures, préfèrent, pour de multiples raisons, ne pas déposer plainte contre les auteurs des sévices". Le même constat est également corroboré par Melle Djouher Moussaoui, chargée de la formation au niveau de l'association Amusnaw qui, se basant sur les résultats d'une récente étude d'un échantillon de 70 femmes victimes de violence, réalisée par cette association au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, a fait remarquer qu'"en dépit des préjudices corporels et psychologiques, tel qu'attesté par des certificats médicaux, ayant affecté ces femmes, 52 d'entre elles n'ont pas osé, ou voulu, porter plainte". Pour sa part, l'avocate Rachida Ali Ahmed a estimé que "les lois algériennes reconnaissent le droit de chacun à l'intégrité physique et morale, ainsi que l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, mais cela ne suffit pas, car pour que ces principes deviennent réalité, la loi doit évoluer, en intégrant toutes les dimensions du phénomène de violence conjugale en prévoyant des sanctions adaptées pour les auteurs, tout en ayant à l'esprit les conséquences de cette violence sur les enfants". Plusieurs recommandations, préconisant notamment l'adoption d'une loi cadre pour rendre efficiente la lutte contre la violence conjugale, ont été émises lors de ce colloque, organisé par la faculté de Droit et des Sciences politiques de l'université de Tizi-Ouzou.