La troupe «Gaâda Diwane Béchar» a animé un concert samedi, à Alger, à la salle Ibn Zeydoun, présentant «Ma Hlow», son nouvel album, mêlant les sonorités traditionnelles à des rythmes ternaires, au contenu authentique et à la forme fusionnée aux conceptions modernes de la musique jazz. Dans une expression artistique diversifiée, la formation a livré ses nouvelles créations à ses fans venus en nombre découvrir les derniers titres qui viennent d'être mis sur le marché et apprécier encore des chansons extraites d'anciens albums. Dans des textes poétiques d'une profondeur allusive, les interprètes n'ont pas manqué d'évoquer, dans leur nouvel opus, la réalité sociale où les rapports sont définis au nom du seul intérêt personnel au détriment de la collectivité, à l'image de «Dib el ghaba», «Mahboula denya», «El guemna» ou encore «Trig delma». La grandeur de la femme est aussi évoquée dans «Selma», une chanson au lyrisme relevé, rappelant dans la douceur des mots et la teneur des mélodies le rôle qu'elle a pu entretenir dans la vie, tant sur le plan affectif que social, aux côtés de l'homme, son compagnon de toujours. Nostalgique des lieux, «Moussanni», véritable témoin des temps, vient réveiller le souvenir d'un quartier à Béchar dans lequel, sans doute, se sont inscrites des tranches de vie qui ont nourri l'histoire d'un parcours commun où le rêve romanesque aboutit à la magie de l'aventure. Dans la souplesse et la vivacité, sur des musiques d'invocation ou de transe, «Ma Hlow» enveloppe les chants du Sahara, dans les arabesques des mélodies maghrébines réussissant ainsi un authentique métissage des genres où différentes cultures se parlent. Dans une ampleur festive où les sonorités de la mandole et du goumbri adoptent un jeu dans des gammes pentatoniques, les rythmes composés s'ouvrent sur les styles afro-cubains et anglo-saxons. Le bendir, les congas ou le djembe, s'associant aux «Karkabous» et aux castagnettes ont constitué les ingrédients nécessaires au son lourd produit par une guitare basse en parfaite conformité, dans son jeu, avec la batterie et la rythmique. Représentant Béchar, Tiaret, Timimoun, la France et le Madagascar, «Gaâda Diwan de Béchar» a réussi une fusion intel- ligente, forte par la production d'un répertoire pluriculturel qui a su guider les spectateurs dans les sentiers intérieurs de l'humanisme universel. La variation des lumières qui ont accompagné le concert a été concluante, permettant des ambiances de qualité qui ont offert de belles atmosphères aux différentes chansons. Abdelatif Laoufi, Serge Lavalette, Amar Chaoui, Hervé Lebouche, Pierre Eric Rakotaoarivony, Aicha Lebga et Tayeb Laoufi, avec leurs voix rocailleuses et enivrantes, se sont surpassés pendant près de deux heures de temps, donnant du plaisir à un public enthousiasmé qui a longtemps applaudi ses idoles. Organisés en marge du 6e Festival international de la littérature et du livre de jeunesse (Feliv), les spectacles se poursuivent jusqu'au 22 juin prochain avec, au programme, des artistes algériens et étrangers.