On parle de continuité, on parle de changement, on parle de rupture, alors que les mêmes hommes dans le même système ne peuvent que reconduire les mêmes contradictions. Quel changement ou plutôt quelle rupture pouvons-nous attendre des hommes dans le même système, dans les mêmes systèmes référentiels ? N'importe qui à placer dans le même système produira les mêmes politiques. Non qu'ils ne veulent pas travailler au seul bénéfice du pays, mais ce qu'ils font est perçu par eux comme étant au seul service du pays. C'est dans l'opposition que l'on parle de rupture. Il y a à propos de ces concepts de profondes divergences de part et d'autre de la ligne de fracture entre le pouvoir et l'opposition. On ne s'est jamais réuni autour d'une table pour trancher entre ce qui peut relever de la rupture et ce qui peut relever de la continuité. Rupture de quoi et rupture avec qui et contre qui ? Continuité de quoi et continuité avec qui et contre qui ? Pour le moment, il faudrait bien admettre que chaque camp est sourd envers l'autre et que chacun de ceux-ci demeure emmuré dans ses convictions. C'est toujours l'autre qui a tort et c'est l'autre qui est responsable de ce que la paix ne soit pas totalement revenue, que l'économie ne soit pas toujours relancée, que se déroulent parfois des émeutes, qu'existent des frictions inter-communautaires. Ceux qui ont le pouvoir en main sont bien-sûr plus coupables que ceux qui n'ont pas le pouvoir en main. Les défis à relever et les enjeux à gagner sont ceux de la continuité pour le camp du pouvoir, continuité surtout des hommes autour des intérêts car sans intérêts il n'y a pas d'action. La rupture est évidemment exigée dans le camp de l'opposition. Comment mobiliser toutes les forces disponibles pour assurer la continuité ou à l'inverse pour assurer la rupture ? Nous pourrions dire que nous ne sommes pas encore tout à fait sortis de l'auberge.