La directrice générale du Ballet national, Mme Fatma-Zohra Namous Senouci a suggéré, samedi, à Tizi Ouzou, la re-création des Conservatoires de musique, de danse et des arts dramatiques, à l'échelle nationale, comme cela a été le cas à l'indépendance nationale. Elle a surtout insisté sur la reprise de la formation des jeunes artistes et/ou comédiens, au niveau local (communal) pour la sauvegarde des danses populaires et la promotion du patrimoine incorporel. «Dès l'indépendance nationale, les Conservatoires ont pris en charge toute la jeunesse qui avait soif de culture, danse, théâtre, musique et chant», a-t-elle indiqué. «Tout spectacle de danse, qu'il soit contemporain ou traditionnel, représente une figure de nos rites et habitudes profanes où se joue la répétition d'une mise en scène des corps qui nous transposent dans l'émotion», a-t-elle dit. La danse traditionnelle, a-t-elle poursuivi, a une valeur identitaire et chaque région possède ses propres danses lesquelles, expriment, au fond, la pérennité de la communauté et renforcent les liens sociaux. Mme Namous Senouci F-Zohra s'exprimait lors d'un colloque sous le thème «Les danses populaire : quel avenir ?», organisé en marge de la 8e édition du Festival culturel arabo-africain de danse folklorique qui se tient à Tizi Ouzou depuis mercredi dernier. Dans sa communication intitulée «le Ballet national œuvre pour la sauvegarde des danses populaires et la promotion du patrimoine incorporel, l'intervenante a rappelé que la communauté humaine, dès l'aube de sa création, pratique instinctivement la danse que l'on trouve dans les différents rituels religieux et les multiples manifestations sociales des différents groupes éthniques pratiquement dans toutes les cultures, qu'ils soient dominants ou dominés. «Le rapport entre le milieu culturel d'appartenance et le type de danse constitue la personnalité de base manifestant une résultante des formes et des contenus (caractères des mouvements brusques, costumes, couleurs, accessoires et, musiques)», a estimé l'intervenante considérant que «la danse est une expression de communication permanente qui joue le rôle de défense et de pérennité du groupe social». Mme Namous Senouci a également fait cas de la création d'un laboratoire de recherche au niveau du Ballet national, pour la sauvegarde du patrimoine national, riche et varié, à travers la constitution d'une banque de données. Le Ballet national compte, en outre, se lancer dans l'édition sur support, les œuvres chorégraphiques de son répertoire de danses populaires nationales. Evoquant les danses traditionnelles algériennes, l'intervenante a fait savoir que l'Algérie, occupe, tant par la richesse que par la variété de son patrimoine historique et artistique, une place de choix parmi les nations de vieille civilisation perpétuée grâce aux arts populaires qui révèlent un esprit créateur guidé par un instinct étonnant et des traditions sans âge. «Selon les régions, le folklore algérien revêt divers aspects», a-t-elle dit, faisant encore observer que chez nous, en Algérie, «les danses traditionnelles sont riches d'expressions nuancées d'une étonnante diversité de genres et de rythme, danseuses citadines chargées d'or et de bijoux, touareg voilés de leur litham, femmes kabyles aux robes bariolées, danseuses de Tindouf aux mains vivantes drapées de voiles bleus, évoluant aux rythmes des battements de mains». Abordant les missions de l'institution qu'elle dirige, Mme Namous Senouci F-Zohra a indiqué que le Ballet national est chargé de puiser dans le patrimoine populaire national ou sur des thèmes en relation avec le patrimoine culturel national, l'histoire du pays et les symboles nationaux, d'entreprendre toute recherche en vue d'inventorier, reconstituer, conserver et développer les composantes du patrimoine populaire national, telles les danses, les rites, les cérémonies, les costumes, les rythmes et les musiques, et de mettre en place une banque de données au profit des chercheurs, étudiants, artistes ainsi qu'au large public. Enfin, s'agissant des modalités d'accès à une formation au Ballet national, l'intervenante a mis l'accent sur la nécessité d'être rigoureux et discipliné pour tout artiste qui souhaite devenir danseur de ballet. «Le don et le talent sont importants, mais ils ne suffisent pas toujours», a-t-elle dit, signalant au passage que les portes du Ballet national sont ouvertes à tous les danseurs, de toutes les régions d'Algérie.