,Jeune virtuose du Oûd, Omar Bashir fils du Munir Bashir, maître regretté du maqâm irakien, nous parle dans cet entretien, de son amour et son aventure avec le Oûd, ce sublime instrument qu'il considère comme le roi des instruments arabes et le plus difficile à manier. Il évoquera aussi son attirance pour le maqâm irakien et l'héritage de son père, sans oublier ses larges connaissances de la musique algérienne. La Nouvelle République : Vous avez donné au oûd et au maqâm irakien une nouvelle dimension, quel est le secret de cette inspiration avec le monde moderne ? Omar Bashir : J'aime exprimer ma modernité à travers la musique que je joue et à cet effet, je mélange la musique traditionnelle arabe et orientale avec la musique européenne, je joue le latino, le flamenco, le jazz, le folklore et le maqâm irakien, mais aussi la musique turque, hongroise et bien sur le maître de ma musique est l'oûd, d'autant que j'ai à mon compte 22 CD, chaque CD comprend un nouveau style de musique oûd. Parlons en de cet instrument, que représente-t-il exactement pour vous ? L'oûd, c'est ma vie, ma personnalité, c'est tout ce que j'ai dans ma vie d'autant que j'ai 40 ans d'expérience avec cet instrument et j'ai commencé à manier avec mon père dès l'âge de 5 ans. J'ai commencé à me perfectionner en solo, avec mon père Munir jusqu'à sa mort en 1997 et à 9 ans j'ai animé mon premier concert à Baghdad devant un public composé de 750 spectateurs. Et j'ajouterai que mes grands- parents sont de grands fabricants de oûds. Vous êtes le fils cadet de Munir Bashir, maître suprême à l'échelle du maqâm arabe, quel enseignement musical votre père vous a-t-il inculqué ? Mon père Munir m'a appris les bases du maqâm et grâce à lui, j'ai appris les 120 échelles des différents maqâm. Il m'a aussi appris les positions des doigts sur le manche. Il m'a également appris à bien écouter les échelles tonales. Il a commencé à me transmettre le secret de cet art ancestral quand je n'avais encore que 5 ans. En dehors de la musique arabe, vous intéressez-vous à la musique européenne d'autant que vous avez des origines hongroises ? En dehors de la musique arabe, j'ai appris le piano et j'ai appris aussi les bases de la musique classique et de la musique européenne et grâce à mon propre style j'ai pu franchir le monde. J'ai visité de nombreux pays et j'ai joué avec des stars de la musique mondiale et de la musique jazz, j'ai joué avec des musiciens américains, chinois, indiens, ...dans la musique il n'y a pas de frontières, mais la seule chose que j'ai constaté dans tout cela, c'est que la musique arabe est une musique très profonde et la source de toutes les musiques du monde. Vous avez des connaissances sur la musique algérienne ? Je connais la musique algérienne, je connais le chaoui, l'andalou, le assimi, le hawzi, le raï, le sahraoui, le chaâbi et j'admire beaucoup Dahmane El-Harrachi qui s'est distingué par ses paroles aigues, quand je l'écoute, sa musique me touche au plus profond du cœur. J'ai ses albums et je connais aussi son fils Kamel. Je connais bien l'Algérie, j'ai même participé en 2007 à l'ouverture de l'événement «Alger, capitale de la culture arabe». Des projets en vue ? Actuellement, je prépare un album «Oûd Dancing», et à travers sa musique, je montrerai qu'on peut danser sur les échelles tonales du û et j'ai fait un autre album «Oûd El-Madjnoun» dans lequel j'ai introduit le flamenco, jazz, latino.... Normalement, il y a un projet de fabrication d'un oûd spécial par Omar Bashir en Iraq comme celui de Munir Bashir et il sera le symbole de l'école Bashir, parlez-nous de ce nouveau projet ? Tout à fait, il y aura la fabrication d'un oûd en mon nom en Irak et cet instrument sera exposé au musée «Arizona» aux Etats-Unis comme il y aura une exposition de mes photos et mes vêtements à côté des stars américaines comme Madonna, Michael Jackson, Carlo Santana, Elvis Presley ...